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Juste avant de quitter la forêt, Diego me dépose doucement au sol pour que je termine le chemin à pied. À l'orée de la forêt, de nombreuses personnes se tournent vers nous, parmi lesquelles se trouvent Typhon et ses fils. Théau me lance un sourire malicieux, triomphant, mais je ne lui accorde qu'une brève attention, trop absorbée par ce qui vient de se passer.

   Je scrute la foule, cherchant la directrice du regard. Soudain, une main saisit la mienne et m'entraîne. Tiens, Diego l'a trouvée avant moi. En nous voyant arriver, elle dit :

— Aller vous pointer, nous discuterons plus tard.

— Ça ne peut pas attendre. Réplique Aiden avec fermeté.

   La directrice fronce les sourcils, puis nous intime de la suivre. Avant que je puisse avancer, Théau me retient, faisant glisser la main de Diego de la mienne, laissant une sensation de froid dans ma paume.

— Thémis ! Ça va ?

—Oui.

— Tu es pâle.

— Je t'expliquerais plus tard.

— Ce sont ces deux chiens ? Ils t'ont fait quoi ?!

— Rien, ils n'ont rien fait. Je dois y aller. À toute.

   Je le quitte rapidement et rejoins les trois personnes qui m'attendent. Nous nous dirigeons sans tarder vers le bureau de Madame Widney. Elle s'installe derrière son bureau, tandis que les gars m'invitent à m'asseoir. Je refuse poliment, préférant rester debout entre les deux sièges étroits qu'ils occupent. Je balance légèrement d'un pied à l'autre, nerveuse.

— Racontez-moi. Ordonne la directrice d'une voix ferme.

   Elle a l'air de déjà savoir ce dont nous voulons lui parler. Son ton et ses mots plus tôt laissent entendre qu'elle est au courant de quelque chose. Elle sait.

— Nous étions dans la forêt à la recherche du troisième ruban. Commence Aiden. Avec Diego, on a senti quelque chose d'étrange. On a tenté d'affiner notre ouïe, mais la seule chose qu'on entendait distinctement, c'était le cœur de Thémis, s'affolant de plus en plus vite, surtout quand une biche blessée est apparue.

   Ola, je sens qu'il va déformer la vérité si je ne prends pas la parole.

— La biche s'est effondrée au sol. Les deux loups se tournent vers moi, surpris. J'ai une idée. Vous pouvez pénétrer dans les pensées, n'est-ce pas ? Vous pouvez explorer les souvenirs ? Non ?

   Leurs réactions soudaines, un étouffement de salive, m'inquiètent quant à leur capacité à gérer plus de liquide.

— Je pourrais. Dit-elle. Mais pour être honnête, je risque de m'égarer dans d'autres souvenirs, parfois très personnels.

— Personnels ? Personnel de quel genre ?

— Comme avec les petits copains que tu as pu avoir et ce que tu as pu faire avec eux. Grogne Diego.

   Je sens la chaleur monter à mes joues, les rendant cramoisies.

— Tu vois pourquoi je suis réticente. Reprend la directrice. Et ce n'est pas tout. Si j'accède à tes derniers souvenirs, je pourrais ne pas réussir à m'arrêter si tu commences à penser à d'autres souvenirs. Parce que, soyons honnêtes, Artémis, ce sera douloureux et cela risque de te faire penser à beaucoup de choses.

— Tu n'es pas obligée, souviens-toi de ce que je t'ai dit. Me rappelle discrètement Diego, à voix basse.

   Mince, il est vrai qu'il m'a conseillé de mentir... Si elle assiste à ça, il est cuit. Mais il ne m'a pas dit ça pour lui, c'était pour me protéger.

Académie OllphéistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant