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J'ai eu chaud. Juste une seconde de plus, et je n'aurais pas réussi à rattraper ces animaux. Je m'approche d'eux, mais ils s'éloignent aussitôt. Je les suis, déterminée à ne pas les perdre de vue.

   Nous passons devant des habitants qui ne semblent pas les remarquer. Est-ce que je suis en train d'imaginer tout ça ? Est-ce Apollon ? Ou Hadès qui se joue de moi ? Je presse le pas, refusant de les perdre. À ce rythme, nous allons bientôt quitter la ville. Ils tournent à l'angle d'une rue et disparaissent.

  Je m'arrête net. Dans les films, ce genre de scène ne finit jamais bien. C'est toujours un piège, ou bien des retrouvailles écourtées par la mort. Je soupire, consciente que j'ai probablement trop regardé de films. Pourtant, je reprends ma marche, guidée par une force intérieure.

  En passant la tête dans la ruelle, je découvre un homme de dos, caressant les trois animaux.

— Apollon. Je murmure dans un souffle, suffisamment pour qu'il se retourne.

— Artémis. Souffle-t-il soulagé.

   Il abandonne ses animaux pour venir me prendre dans ses bras, murmurant à mon oreille :

— Vous m'avez tellement manqué, ma sœur. J'ai cru avoir échoué, que vous n'aviez pas vu mes fidèles.

   Nous nous écartons légèrement l'un de l'autre, prenant le temps de nous redécouvrir. Sa chevelure grise est identique à la mienne, et ses yeux d'un bleu si clair qu'ils semblent presque translucides, attestent de notre lien de sang. Il est plus grand que moi d'une dizaine de centimètres et bien plus musclé. Habillé de blanc, il a troqué le chiton que je lui avais toujours vue dans mes rêves contre un pantalon et un t-shirt de la même teinte. Je remarque la chevalière ornée d'un trident à son doigt, identique à la mienne, que je fais distraitement tourner autour de mon doigt.

— Je vous trouve changé.

— On peut se tutoyer, non ? Nous sommes frère et sœur après tout.

— Artémis, si père nous entendait nous tutoyer ...

— Où est-il ?

— Il n'a pu venir.

— Alors nous pouvons. Je réponds en souriant malgré moi.

— Toujours aussi têtue. Dit-il en souriant à son tour.

   Je souris aussi, mais mes mains trahissent mon malaise en se tordant nerveusement. Que dire à un frère que je ne connais pas encore, ou plutôt que je ne connais plus ?

— Pourquoi es-tu si nerveuse ? Demande-t-il, perçant à jour mes pensées.

— Je... Je ne te connais plus. Je n'ai pas retrouvé la mémoire. Je sais que tu es mon frère, que nous avons un père et une mère. Que nous portions autrefois des draps blancs...

— Ce ne sont pas des draps. Rit-il doucement. Ce sont des-

— Chiton, je sais.

—  Dis-moi ce que tu sais, je n'ai que peu de temps.

— J'ai eu quelques bribes de souvenirs. J'ai vu un hologramme que j'avais créé, où tu apparaissais, menaçant à cause d'une farce de réveil à l'eau froide et de la farine. Et je sais qu'Hadès, notre oncle, me veut pour accroître sa puissance et conquérir le paradis, en plus de l'enfer.

— Artémis, tu dois être extrêmement prudente. Ne fais confiance à personne, pas même à ceux qui t'accompagnent. Ils pourraient être des traîtres par la suite.

Académie OllphéistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant