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Assise sur un banc à l'extérieur, je patiente, le regard fixé sur l'entrée de l'école. J'attends que la fille de Madame Widney arrive pour me conduire à notre cours, mais cela fait plus de dix minutes que je l'attends. Je commence à me demander si elle va vraiment venir ou si elle me pose un lapin.

   Mon regard dérive vers la vaste forêt qui encadre l'école. Bien qu'elle ne soit pas réellement sombre, il y a quelque chose de mystérieux et inquiétant dans ses profondeurs. Voyant que la fille de Madame Widney ne semble pas prête d'arriver, je décide de ne plus attendre et me lève pour m'enfoncer dans la forêt.

   En franchissant les premiers arbres, je ressens immédiatement la fraîcheur apaisante de cette forêt majestueuse. Chaque pas que je fais me rappelle les promenades sur Terre, où j'adorais me balader dans les parcs, ou même simplement m'asseoir pour observer la vie autour de moi. J'affectionnais ces moments de tranquillité, entourée de la nature, loin de l'agitation de la civilisation. La présence des arbres et des animaux sauvages m'offrait un refuge, un lieu où je pouvais véritablement m'évader.

   Plus je m'enfonce dans la forêt, plus je me sens en harmonie avec cet environnement. Les rayons du soleil qui filtrent à travers le feuillage créent une lumière douce et réconfortante. Le vent léger fait danser les feuilles, produisant un murmure mélodieux, presque angélique. Tout ici respire le calme et l'harmonie, comme si cet endroit avait été conçu pour le repos et la méditation.

   Soudain, quelque chose passe furtivement devant moi, m'arrêtant net. C'est minuscule, rapide, et disparaît à gauche. Je tente de l'apercevoir, mais sans succès. Probablement un écureuil ou un petit animal du genre.

— Que fais-tu là ? Lance une voix derrière moi.

   Je sursaute et me tourne vers celui qui m'a interpellée. Un garçon de mon âge se tient devant moi. Il est pâle, presque maladif, comme s'il n'avait pas vu la lumière du jour depuis longtemps. Un instant, l'idée qu'il puisse être un vampire me traverse l'esprit. Est-ce que les vampires craignent vraiment le soleil ? Non, sinon Aisha ne serait pas sortie tout à l'heure. Peut-être a-t-elle un objet qui la protège ?

— Toi, qu'est-ce que tu fais ici ? Je retorque.

— C'est le terrain des loups-garous. Que je sache, tu n'en es pas un.

— Que je sache, tu devrais être en cours, toi non ? Intervient une voix féminine, teintée d'ironie.

   Je me tourne vers une nouvelle arrivante. Elle a l'air tout aussi sûre d'elle que le garçon.

— Je ne t'ai rien demandé, la sorcière. Grogne-t-il.

— Tant mieux, le chien. Aller à la niche. Siffle-t-elle.

   Le garçon grogne, mais avant qu'il ne puisse répliquer, elle lui projette une grosse goutte d'eau qui le trempe de la tête aux pieds. Il déguerpit sans demander son reste, et la fille se tourne vers moi.

— Ne traîne pas seule dans cette forêt, certains chiens comme lui pourraient en profiter. Tu dois être Thémis, je me trompe ? Demande-t-elle, je hoche la tête. Je suis Alix, ta coloc. Je ne m'attendais pas à te retrouver ici. J'imagine que j'étais en retard. Bref, ne dépasse pas la limite.

— Quelle limite ? Je demande, intriguée.

— Tiens, tu parles ? Étonnant. Soupire-t-elle. Cette limite.

   Elle s'arrête devant un point invisible et tend la main. Le contour de celle-ci se colore d'une multitude de teintes chatoyantes.

— C'est un champ de force qui protège l'école des créatures extérieures. Une fois en dehors, tu n'es plus sous la protection de l'école. C'est pourquoi il est strictement interdit de le franchir.

— Un peu comme dans Harry Potter à la fin.

— Qu'est-ce ?

— Un film de la Terre. Laisse tomber.

— Peu importe, nous sommes en retard pour le cours. Allons-y.

   Elle fait demi-tour, et je la suis, consciente que je serais incapable de retrouver le chemin toute seule après m'être enfoncée si loin. Comment a-t-elle fait pour me retrouver ?

— Est-ce que... Est-ce que tu étais là ?

— A ton pitoyable petit spectacle à ton arrivée ? Oui, c'était assez ennuyeux, d'ailleurs.

   Je hoche la tête sans savoir quoi dire, même si elle ne se retourne pas pour voir ma réaction.

— Tu devrais éviter de te promener ici. Ajoute-t-elle. Comme je te l'ai dit, beaucoup de loups-garous ne se contrôlent pas lors de la transformation. Le loup prend le dessus, et il est extrêmement difficile de reprendre le contrôle. Même si tu es accompagnée de quelqu'un qui maîtrise parfaitement ses pouvoirs, stopper un loup en pleine chasse ou en colère est presque impossible. Je t'aurais prévenue. Après, tu fais comme tu veux, c'est toi qui vois.

— S'ils ne se contrôlent pas, pourquoi ne restent-ils pas enfermés ? Je demande naïvement.

— Tu accepterais de rester enfermée ? Demande-t-elle froidement. Vous, les humains, vous croyez tout savoir, mais vous ne savez rien. Vous pensez pouvoir trouver des solutions à tout sans en comprendre les conséquences. Enfermer un loup qui ne se contrôle pas ne fait qu'empirer les choses. Il devient plus violent, plus incontrôlable. Pourquoi crois-tu que cette école existe ?

— Tu connais les humains ?

— Ma mère m'a emmenée sur Terre deux ou trois fois. Mais je n'y retournerais pour un sou.

— Pourquoi ?

— Ça ne te regarde pas. Mêle-toi de tes affaires.

   Nous sortons enfin de la forêt pour retrouver la vaste cour de l'école. Alix entre par la porte principale, et je la suis dans les escaliers jusqu'à ce que nous arrivions devant une porte qu'elle ouvre sans hésitation.

— Mesdemoiselles. Commence la prof en nous voyant entrer.

— Je devais récupérer la nouvelle. Elle s'était perdue. L'interrompt Alix en s'installant à une place libre.

— Artémis ? Demande la professeure en se tournant vers moi.

— Juste Thémis. Je corrige doucement.

— Je suis Madame Tourel, ta professeure de magie, plus précisément de magie des créatures surnaturelles. J'enseigne à toutes les créatures comment maîtriser leurs pouvoirs, leurs transformations, en somme, leurs capacités. Pour ma part, je suis un fantôme, ce qui me permet de demander aux élèves de pratiquer leurs dons sur moi sans crainte. Tu peux t'asseoir ici, si tu veux. Indique-t-elle en désignant une place au milieu des rangées.

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Académie OllphéistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant