~ Assise dans un fauteuil, les jambes repliées sous moi, je fixe la télévision d'un regard absent. Un film ennuyeux défile à l'écran, mais je ne parviens pas à m'en détacher. Une voix lointaine se met à murmurer, semblant venir de très loin, s'insinuant dans mon esprit.— Artémis... Artémis... Souviens-toi... Récupère tes souvenirs... Souviens-toi de qui tu es vraiment.
Mes souvenirs ? Quels souvenirs ? Qui suis-je ? Où suis-je ? Et qui est cette femme qui insiste inlassablement pour que je me souvienne ? Mais me souvenir de quoi ?
La chaîne de télévision change subitement, remplaçant le film par l'image d'une enfant. Cette enfant, c'est moi. Est-ce vraiment un souvenir ? Est-ce de cela que parlait la femme ?
Je me lève, abandonnant mon confort, et m'approche de l'écran comme attirée par une force invisible.
— Touche.
Je tends la main, effleurant l'écran du bout des doigts. À ma surprise, la surface réagit, ondulant comme de l'eau sous mon toucher. J'appuie davantage, et ma main traverse l'écran, m'aspirant à l'intérieur.
Je me retrouve dans une chambre où se tient la petite fille. Elle se reflète dans un miroir, répétant des mouvements avec concentration. Je tente de reculer pour mieux la voir, mais mon corps ne m'obéit pas. Suis-je dans le corps de cette enfant ?
Elle se met à courir en dehors de la chambre pour foncer dans un petit garçon.
— Faites attention, Artémis.
— Apollon, venez jouer avec moi dans les jardins !
Un sourire éclaire son visage, et tous deux se précipitent dehors. En franchissant les portes massives, le décor change brutalement, baigné de lumière blanche. Je m'avance dans une vaste salle blanche où deux personnes sont assises, un homme et une femme, qui semblent m'attendre avec des papiers à la main.
— Venez, Artémis. Votre frère a déjà signé.
Je m'approche de la table où l'homme dépose une feuille et une plume.
— Est-ce ce dont nous avons parlé il y a trois jours ?
Ces mots sortent de ma bouche sans que je ne puisse les retenir. L'homme hoche la tête, et je saisis la plume pour signer en bas de la feuille, sans même vérifier ce que j'accepte. Suis-je en train de leur faire confiance aveuglément ?
— Je vais commencer l'entraînement immédiatement.
Je leur tourne le dos et commence à sortir de la pièce.
— Elle n'a que huit ans. Souffle la femme à l'homme.
— En âge humain. Rétorque l'homme d'une voix ferme.
En traversant l'encadrement de la porte, je me retrouve face à deux adversaires. Une épée est entre mes mains, et je me bats avec habileté, mais quelque chose cloche. Pourquoi ne puis-je pas contrôler mes mouvements ? Pourquoi ces personnes sont-elles mes ennemis ?
La voix retentit à nouveau, plus insistante, m'appelant sans cesse. Pourquoi m'appelle-t-elle ? Et pourquoi ce combat ne me blesse-t-il pas davantage ? Pourquoi je fais attention à ne pas les blesser ? Pourquoi je ne contrôle pas mon corps ?
Je retire finalement mon équipement et quitte le champ de bataille, atterrissant dans une chambre spacieuse. Là, collée contre une porte, je sens des baisers descendre le long de ma clavicule jusqu'à mon oreille, accompagnés d'un murmure : Sandro.
Les scènes se succèdent rapidement, me transportant à travers divers moments de ma vie : l'enfance, l'adolescence, la guerre, et enfin l'âge adulte. Je revois Zeus et Apollon, tourmentés de m'envoyer sur Terre, impuissants à me protéger dans notre palace ou plutôt notre temple majestueux. Peu à peu, je recouvre la totalité de ma mémoire. ~
Soudain, je suis violemment expulsée de ce voyage dans mes souvenirs et reprends conscience dans le présent. À mon réveil, je découvre Madame Widney effondrée au sol, exténuée, aux côtés de sa fille également épuisée. Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé, mais elles ne sont plus en état de se battre. Ayana, Christian, Damon et Océane les protègent, elles et moi, des sentinelles qui nous entourent.
Je me lève et m'approche des deux femmes, posant une main sur l'épaule de la plus jeune.
— Merci, à présent, c'est à moi de vous aider.
Avec ma seconde main, je touche l'épaule de l'aînée et leur transfère une partie de mon énergie, les aidant à se rétablir. La douleur que ce transfert provoque en moi est intense, mais je m'efforce de ne pas y prêter attention.
Autour de nous, Diego et son frère se battent côte à côte, apparemment indemnes. Non loin d'eux, une meute de loups combat vaillamment, tandis que des sorciers projettent des sorts variés, protégés par des vampires et des démons. Toutes ces créatures, malgré leurs différences, s'unissent pour se défendre les unes les autres. Mon frère Apollon se bat contre Aïsha, tandis que mon père affronte Hadès. Pourquoi Apollon combat-il Aïsha ?
— Aïsha nous a trahis. Dit une voix derrière moi. C'est Christian. Elle est avec l'ennemi depuis le début. C'est elle qui a ouvert la barrière magique la dernière fois.
— Comment ? Je serre les dents.
— Ils ont envoûté Morane. Aïsha l'a conduite à la limite de la barrière, et elles l'ont traversée plusieurs fois pour qu'Hadès ait le temps de la briser.
Une rage immense monte en moi, alimentée par la trahison d'Aïsha et par les souvenirs qui refont surface. Je laisse enfin les deux sorcières et fonce vers la traîtresse. Elle périra la première. Comment se fait-il qu'Apollon ne l'ait pas encore éliminée ?
Je cours à toute allure, et Aïsha, trop occupée à narguer mon frère, ne me voit pas arriver. Elle reçoit de plein fouet un coup de poing chargé de foudre, qui la projette à travers le champ de bataille, interrompant plusieurs combats.
— Qu'attendais-tu pour en finir avec elle ? Dis-je, ma voix tremblante de colère.
— Elle est ton amie.
— Était. C'est une traîtresse.
— Tu te souviens de tout.
— Oui.
Un sourire immense se dessine sur son visage angélique. Je jette un coup d'œil à Aïsha, à moitié carbonisée, une sorte de vapeur s'élevant de son corps. Au moins, j'en ai fini avec elle.
— Je vais soutenir père. Trouve un moyen de découvrir ce que mère a caché dans le collier.
Il s'éclipse presque aussitôt. Je fixe le pendentif qui pend entre mes doigts, sa chaleur familière m'apaisant. Du coin de l'œil, je vois un loup s'interposer entre moi et une sentinelle prête à frapper. Diego. Il s'avance, tandis qu'un autre loup repousse un nouvel assaillant. Aiden.
— Ça va vous deux ?
Ils acquiescent d'un mouvement rapide de la tête. Je pose mes mains sur leurs crânes, transférant un peu de mon énergie pour les revigorer. Avec eux, c'est plus facile. En tant que déesse de la nature sauvage, les loups ne drainent qu'une infime partie de ma force. Avec les deux Widney, c'était différent, un simple contact m'a laissée avec une douleur lancinante.
Soudain, les deux loups se retirent brusquement, sans doute surpris par le regain de vitalité que je leur ai transmis. Ils doivent se douter que c'est mon œuvre.
— Laissez-moi faire, ça ne m'affecte pas.
Ou presque... Ils secouent la tête, refusant obstinément mon aide.
— Arrrrtemiiiissss ! Crie une voix féminine, stridente et impossible à ne pas reconnaître.
Qu'est-ce qu'elle fait ici ?! Elle devrait être sur Terre !
≈≈≈
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Académie Ollphéist
ParanormalUn jour comme un autre, la jeune Artémis se retrouve dotée d'un pouvoir extraordinaire. Lors de la première utilisation de ce don, elle libère une telle puissance que celle-ci est ressentie jusque dans l'autre monde. Quelques jours après, sa vie com...