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Nous sommes devant l'orphelinat. Depuis ici, on peut déjà entendre les cris des enfants. J'ai prévenu les trois surnaturels qu'ils allaient voir beaucoup d'enfants et d'adolescents.

   J'ouvre la porte, et nous entrons. Rien n'a changé. La décoration, le bruit, et la joie de vivre sont toujours là. L'atmosphère est chaleureuse, et je me sens bien, comme toujours.

   Alors que je fais un pas de plus, je m'arrête net lorsqu'un enfant passe en courant devant moi à toute vitesse. Heureusement que j'ai l'habitude, sinon nous nous serions heurtés de plein fouet.

   Une petite fille crie mon prénom et enroule ses bras fluets autour de mes jambes.

— Léa ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Je lui demande en m'accroupissant.

— J'étais avec des gens méchants et moches. Je suis trop contente que tu sois revenue ! On pourra aller manger une glace ? Comme avant, dis ? Elle joint ses mains, bombe sa lèvre inférieure, et me regarde avec des yeux de chaton.

— Oui, promis.

   Pauvre petite... Elle n'a vraiment pas eu de chance avec sa nouvelle famille. Ça me rappelle moi. Je la soulève sous les bras et la prends dans mes bras. Quand je suis partie d'ici, elle venait à peine de rejoindre sa nouvelle famille.

— Dis-moi, ma puce, Madame Fridman est dans son bureau ?

— Non, elle est avec Arman. Il va se faire punir, il a essayé de s'enfuir. Comme toi !

   Sauf que moi, je n'avais pas seulement essayé, j'avais réussi. La fugue la plus courte de l'histoire, si vous voulez mon avis. J'étais revenue grâce à Ash.

   En entendant la réponse à ma question descendre les escaliers, je repose Léa, en lui promettant de revenir la chercher pour la glace. Elle me retient et me murmure à l'oreille me demandant si l'un des garçons est mon amoureux. Pourquoi tout le monde me demande ça ?!

   Je ris nerveusement et lui suggère d'aller jouer. Madame Fridman s'approche, et nous nous étreignons chaleureusement.

— Tu ne m'as pas informée de ta visite.

— Je sais, je suis désolée, mais ce que j'ai à dire ne se demande pas par téléphone. Je ne voulais pas non plus que vous ayez le temps de préparer des réponses.

— J'imagine que tes amis vont assister à la discussion.

— Oui.

— Montons.

   Nous traversons le salon, évitant quelques enfants qui courent dans tous les sens, et arrivons à son bureau. Avec son aide, je place deux autres chaises, et nous nous installons tous les quatre face à elle, séparés par le bureau.

— Ce sont des camarades de classe ?

— Oui, voici Diego et Aiden, ce sont des jumeaux. Et voici Alix, la fille de Madame Widney.

— Je suis heureuse de voir que tu t'entends bien avec eux. Que tu as des amis, et peut-être même un petit ami parmi eux ?

— Rah, pourquoi tout le monde me pose cette question ?!

   C'est exaspérant ! Même si j'étais en couple avec l'un d'eux, ça ne regarderait personne. Et je l'aurais présenté comme tel. Mes trois amis laissent échapper un léger rire.

— C'est parce qu'ils sont mignons. Je suis sûre que l'un des deux en pince pour toi. Je parie sur ce jeune homme. Dit-elle en désignant Diego, qui cesse de rire.

— Nous ne sommes pas ici pour parler de mes amourettes, ni de savoir s'ils sont mignons ou non. J'aimerais poser une seule question et connaître la vérité, s'il y en a une différente de celle que je connais.

— Pose-moi donc ta question.

— Vous m'avez dit que j'avais été trouvée au bord de l'autoroute. Rien qu'en entendant cela, son visage devient sérieux. Ce que je veux savoir, c'est : ai-je vraiment été abandonnée sur l'autoroute, ou y a-t-il une autre vérité derrière ce que vous m'avez dit ?

— J'ai redouté ce moment pendant longtemps. Soupire-t-elle en sortant une photo de son tiroir. Elle la regarde sans nous la montrer. Je savais que te laisser partir avec cette femme, et que tu entres dans cette école, finirait par ouvrir tes yeux d'une manière ou d'une autre. Cette photo a été prise il y a 25 ans.

   Elle me tend la photo en silence. Je la prends et la regarde. Les trois à mes côtés se penchent pour la voir aussi. Je suis sur la photo, entourée de plusieurs personnes souriantes. L'homme que je rêve parfois et que j'appelle "mon frère" me tient par les épaules en grimaçant, tandis qu'un autre homme, plus âgé et lui ressemblant, s'apprête à le gronder. Madame Fridman figure sur le bord de la photo, observant la scène d'un œil amusé. D'autres personnes sont présentes, observant également avec un air de déjà-vu.

— Thémis, tu as bien 18 ans, non ? Alors, si cette photo date de 25 ans, qui est cette personne sur la photo ? Demande Aiden.

— C'est moi. Je porte la même bague en ce moment même, et je doute que cette personne soit un simple sosie. En plus, souvenez-vous, mon soi-disant oncle a dit que j'avais 4 612 ans.

— Ton oncle ? Tu l'as rencontré ?! C'est lui qui t'a fait ça ? Demande-t-elle en désignant mon cou et ma joue avec inquiétude.

—  Alors, je ne suis pas orpheline ?

—  Non, Artémis, tu n'es pas orpheline. Pour comprendre, il faut que je te dise que je ne m'appelle pas Eléonore Fridman, mais Ayana. Je suis une sorcière, proche de ta famille. Ma famille sert la tienne depuis des siècles. Tu m'as vu grandir. La chevalière que tu portes est celle de ta famille.

Vous m'avez vu grandir.

— Comment t'expliquer... Tu es une déesse, et ton père est Zeus. Ton frère s'appelle Apollon, et ta mère, Léto, est décédée lorsque, une fois de plus, ton oncle Hadès a tenté de te récupérer.

— La récupérer ? Mais pourquoi faire ? S'intéresse Diego.

— Pour faire d'Artémis sa femme.

— Jamais ! S'exclame Diego, frappant du poing sur la table, ses yeux brillant de la présence de son loup.

— Diego, ce n'est pas le moment. Intervient Aiden. Laisse-la nous expliquer.

— Hadès te veut depuis des siècles. Tu as constamment refusé ses avances, et tu lui as toujours tenu tête. Zeus, Léto, et Apollon t'ont toujours protégée au péril de leurs vies. La mort de ta mère a été douloureuse pour tout le monde, surtout pour toi. Ton frère et ton père ont décidé de t'envoyer ici, sur Terre. Ils savaient qu'Hadès ne te chercherait pas ici, et ils avaient raison. Tu as accepté pour les protéger ; la mort de ta mère t'a poussée à fuir. Grâce à ma magie et à celle des autres sorcières, nous t'avons ramenée sous la forme d'un bébé, et ainsi effacé tes souvenirs.

—  Mais... je ne comprends pas... Si je suis une déesse et que j'ai 4 612 ans, pourquoi ai-je du mal à maîtriser ma foudre ?

— Quand tu es arrivée à ton école, tu ne savais pas la contrôler, n'est-ce pas ? Je hoche la tête. Mais tu as vite appris, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Ce jour-là, quand tu as mis cet homme dans le coma, j'ai eu peur que ton oncle le sente. Trois regards pesants se posent sur moi. Peu de temps après, Madame Widney est venue, et je t'ai laissée partir avec elle. Je me suis dit que si tu disparaissais de la Terre, Hadès n'aurait aucune chance de te trouver. Mais j'avais oublié que tu allais utiliser ta foudre là-bas aussi. J'imagine qu'Hadès t'a retrouvée, et c'est pourquoi tu es ici aujourd'hui. C'est lui qui t'a dit qui tu étais.

— Pas vraiment.

   Je commence alors à lui raconter toute l'histoire.

≈≈≈

Académie OllphéistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant