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Je me tiens dans l'encadrement de la porte de ma chambre actuelle, plongée dans un mélange de nostalgie et de curiosité. Ayana, plus connue sous le nom de Madame Fridman, m'a affirmé que j'avais probablement emporté avec moi des objets de ma vie passée, une vie qui s'étend sur plusieurs siècles et qui se poursuit encore aujourd'hui. Elle est convaincue que j'ai dissimulé ces reliques quelque part ici, malgré l'interdiction stricte d'emporter quoi que ce soit dans ce lieu. Selon elle, j'ai toujours eu un penchant pour cacher des choses avant de subir ma transformation en bébé. Elle imagine que j'ai peut-être enfermé ces objets dans ma chambre actuelle, les dissimulant soigneusement. Bien qu'elle n'ait jamais rien trouvé, sa conviction reste inébranlable.

   Je ne sais pas si c'est un hasard ou une chance, mais Léa, ma petite protégée, a insisté pour déménager dans ma chambre après son retour de sa famille d'accueil. Curieusement, elle n'a presque rien touché à la décoration, à l'exception des jouets éparpillés sur le sol.

— J'ai gardé ta chambre intacte ! S'exclame-t-elle en sautant sur le lit, visiblement excitée. Je me suis dit que si tu revenais, on pourrait dormir ensemble ! Dis, on dort ensemble ce soir ? On regarde les étoiles ? Et demain, on ira au parc manger une glace ? Oh, et on fera des blagues à tes amis ! Je suis sûre que la fille sera aussi énervée que toi la première fois que je t'ai embêtée !

   Elle débite ses paroles à une vitesse folle, provoquant des rires autour d'elle.

— Léa, laissons Thémis et ses amis tranquilles. Viens, on va déguster une glace avec les autres. Intervient une voix douce.

— Ouiiiiiii ! Hurle-t-elle tout en courant vers l'escalier.

   Une fois de plus, des rires éclatent dans la pièce.

— J'essaie d'imaginer une mini-toi courir partout. Rêve Aiden, un sourire en coin.

— Je ne courais pas partout, je passais la plupart du temps à bouquiner. Je rétorque, faussement vexée.

— Ça, ce n'est pas vrai. Interviens une voix masculine du fond du couloir.

— Personne ne t'a rien demandé, Clément. Je ronchonne.

   Clément est arrivé ici à l'âge de cinq ans, et nous avons à peu près le même âge, ou presque.

— Elle courait presque toute nue dans tout l'orphelinat, poursuivie par les plus grands parce qu'elle leur avait joué un tour. Raconte-t-il en riant.

— Ce sont des détails sans importance. Je réplique en croisant les bras.

— Au contraire, ce sont des détails très importants ! Plaisante Diego. Alors, comme ça, madame se promenait à moitié nue ?

— C'est faux ! Je n'étais pas à moitié nue... enfin, ça n'est arrivé que six fois, après le bain. Et puis, nous ne sommes pas là pour parler de ça.

   Un flash-back s'impose à mon esprit, comme une vidéo d'enfance. C'est bref, mais suffisant pour faire bondir mon cœur.

   Je vois une petite fille, vêtue uniquement d'une culotte, courant dans un couloir, poursuivie par un garçon qui crie :

— — Approchez ici, que je vous attrape ! Vous me le paierez, petite sœur !

   La fillette rit, ce qui la ralentit légèrement. Elle pousse une porte massive et traverse une salle somptueuse, se cachant derrière les jambes d'un homme. Il semble avoir la trentaine, accompagné d'une femme du même âge. La petite s'exclame, hilare :

Académie OllphéistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant