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Je ne reconnais pas cet homme, pourtant il ressemble étrangement à mon père... Une chose est certaine : si quelqu'un s'approche, je mourrai sans jamais avoir pu dire à Diego ce que je ressens vraiment.

   Ses yeux ne reflètent que de la cruauté. Il resserre sa poigne autour de ma gorge, m'accordant à peine un mince filet d'air avant de me relâcher légèrement. Même en déversant toute l'énergie de la foudre dans son bras, il ne faiblit pas.

— Vous ne me tuerez pas. Votre chef, Hadès, a besoin de moi vivante.

— C'est vrai, j'ai besoin de toi en vie. Mais morte, tu serais tout aussi utile, bien que cela complique certains de mes plans.

   Attendez... Quoi ?! Il est mon oncle ?!!

   Avant même que je puisse comprendre ce qui se passe, Hadès me relâche brutalement. Il est projeté contre une rangée d'arbres qui s'effondrent sous l'impact. Je me sens tomber, mais des bras puissants me rattrapent avant que je ne touche le sol. Cette fois, j'entends distinctement mes alliés crier. Des grognements de loups se font entendre, résonnant avec une force terrifiante.

— Attendez. Ordonne la directrice. Nous ne savons pas s'ils sont de notre côté.

   Je lève les yeux vers celui qui me soutient toujours.

— Apollon. Je souffle, soulagée de le voir présent.

   Je scrute l'homme qui se tient près de nous, face à Hadès. Ses cheveux sont plus clairs, il n'a pas de barbe, et il est vêtu de blanc. C'est lui... c'est mon père. Lorsqu'il nous regarde, son expression s'adoucit.

— Ma petite fille...

— Nous sommes enfin réunis. Déclare mon frère, son torse se gonflant de bonheur.

   Un ricanement malsain retentit à l'endroit où Hadès se tenait il y a une seconde. Le mur d'eau s'effondre, révélant Alix, essoufflée.

— Réunis, mais seulement pour quelques instants. Proclame Hadès avec une froideur glaciale.

   Je sens plusieurs présences se joindre à nous. Diego se frotte contre moi, se positionnant légèrement en avant, son frère à ses côtés. Je me retourne et vois que tout le monde est là. Tous prêts à combattre. Élèves, professeurs, et des adultes que je ne reconnais pas, mais le plus important, c'est que nous avons maintenant une chance. Une chance de combattre ensemble contre les sentinelles. Je devine que mon père, mon frère et moi allons-nous occuper de Hadès.

   Je caresse distraitement le crâne du loup collé à ma jambe, ce que mon frère remarque immédiatement en s'écartant légèrement.

— Quand cette guerre sera finie, nous devrons avoir une discussion.

— Euh... Ok ?

— Ce n'est pas le moment de bavarder. Nous réprimande notre père. Nous avons d'autres priorités.

— Oui, père s'est mis à parler comme les gens de cette époque. Me chuchote mon jumeau. Tu lui manquais tellement qu'il se rapprochait de toi à sa manière.

   Je sens mon cœur se gonfler de joie. Ni l'un ni l'autre ne m'a oubliée ou abandonnée. Zeus tend son bras, et un majestueux aigle vient s'y poser. Ils semblent communiquer en silence.

   D'autres animaux nous rejoignent, attirés par mon frère. Madame Widney se positionne à mes côtés, observant nos ennemis.

— Artémis, c'est à toi de nous guider.

   Pardon ? Quoi ? Moi, donner les ordres ? Que veut-elle que je dise ? Je suis loin d'être une leader. Je lâche tout de même :

— Nous allons nous battre contre nos envahisseurs.

   C'était complètement pourri, m'enfin passons.

   Je pense à tous ceux qui risquent de mourir à cause de moi. Si ces envahisseurs sont ici, c'est à cause de moi...

— Gardez vos meilleurs atouts pour plus tard. S'élève la voix de mon père. Ne les dévoilez pas tout de suite ; Hadès a certainement réservé nos meilleures sentinelles, les plus redoutables, pour la fin.

   Il est impressionnant. Lui, c'est un leader, pas moi.

— Ma chérie, tu dois te rappeler. Si tu veux te battre à ta pleine puissance, il faut que tu récupères tes souvenirs.

— Mais comment ? Comment récupérer mes souvenirs ?

— Je peux t'aider. Intervient Ayana. Avec l'aide de Madame Widney.

— Parfait. Répond Zeus. Ma chérie, nous te protégerons pendant que tu retrouveras tes forces et tes souvenirs. Le collier que tu portes appartenait à ta mère. Si elle te l'a donné à sa mort, c'est qu'il doit avoir un pouvoir. D'une manière ou d'une autre, cela devrait t'aider. Apollon, loups. Dit-il en jetant un coup d'œil à Diego et Aiden. Nous devons empêcher quiconque d'atteindre Artémis, Ayana, et Madame Widney pendant qu'elles travaillent.

— Je peux m'occuper de ça. Intervient Alix. Je peux ériger un mur d'eau autour d'elles, ce qui les protégera de toute intrusion. Quand mon mur s'effondrera, vous pourrez continuer à les défendre sans avoir trop dépensé vos forces. Comme vous l'avez dit, nous devons préserver nos meilleures ressources pour la fin, et vous en faites partie, Zeus et Apollon.

— Vous m'avez l'air puissante, jeune fille. Peut-être pas suffisamment pour protéger ma fille.

— Elle l'est. J'ai une totale confiance en elle. J'interviens. Je sais qu'elle y arrivera.

— Très bien. Cessons donc de discuter. Mon frère ne tardera pas à nous attaquer de manière virulente, puisqu'il nous a laissé du répit.

— Père, et si elle ne retrouve pas la mémoire ? Si elles échouent ?

— Elles y arriveront. Avec la volonté, nous pouvons accomplir ce que nous souhaitons.

   Je me retrouve ainsi en position assise au centre d'un cercle d'eau, face à deux sorcières, le dos tourné à Alix.

— Comme je te l'ai déjà dit, normalement, tu ne devrais pas retrouver tes souvenirs sans les sorcières qui te les ont enlevés. Mais je pense que si l'une d'elles, moi, est présente et aide Madame Widney à accéder à tes souvenirs, tu devrais les retrouver. Cela risque d'être extrêmement douloureux. Il est possible que tu ne te rendes même pas compte que tu es dans un souvenir et que tu penses revivre le moment présent.

— Est-ce dangereux pour vous deux ?

— Non. Tu seras la seule à être affectée.

— Je serai capable de consulter les mêmes souvenirs que toi. C'est ainsi que fonctionne mon pouvoir. Je te demande de m'en donner l'autorisation. Je m'efforcerai de ne pas envahir ton intimité et d'en voir le moins possible.

— Vous avez mon autorisation.

    Elles s'approchent et posent leurs mains sur ma tête, la directrice sur mes tempes et Ayana derrière. Les yeux de celle qui est face à moi deviennent d'un blanc pur.

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Académie OllphéistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant