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Assise sur mon lit, je scrute ma chambre. Elle me rappelle étrangement celle de l'orphelinat, mais avec une différence notable : cette fois, je ne serai pas seule. Alix est dans la salle de bains, ce qui me laisse le champ libre pour examiner notre piaule. Deux lits, dont l'un est en bordel, un bureau jonché de papiers, et deux placards composent l'essentiel de la pièce.

   La première chose que je fais, c'est chercher une prise pour charger mon téléphone portable. Rien, pas l'ombre d'une prise. Visiblement, ici, ils n'ont pas l'habitude des téléphones portables. À vrai dire, je doute même qu'ils sachent ce que c'est. Il me reste 44 % de batterie, il va falloir que je la préserve précieusement. Malgré tout, je prends le temps de répondre à Katy, qui m'a bombardée de messages.

Katy
Coucou, comment s'est passé ton vol ?

Katy
Tu me manque déjà !

Katy
Tu ne veux pas revenir ?

Katy
Pourquoi tu ne me répond pas ?

Katy
Thémis

Katy
Thém

Katy
Ououuu

Katie
A

Katie
B

Katie
C

Katie
D

Katy
E

Katie
F

Katy
G

Katie
H

Katy
I

Katy
J

Moi
Oui, ça s'est bien passé. Désolée, je n'ai pas pu te répondre plus tôt, c'était assez chargé ici. Je ne pourrai pas trop te parler, le téléphone est interdit.

   Je soupire face à ce mensonge. Mentir n'a jamais été mon fort, mais je n'ai pas le choix. Je dois absolument économiser ma batterie, au cas où Madame Fridman essaierait de me joindre.

— Tu comptes te préparer demain ? Interrompt Alix, sarcastique, me tirant de mes pensées.

— Je n'ai rien à me mettre. Je rétorque, à moitié vexée.

   Elle soupire bruyamment et retourne dans la salle de bains. Je n'ai jamais possédé de robe de soirée, de bal, ni même une simple robe. Je n'aime pas ça, et si cela peut m'éviter de sortir ce soir, tant mieux ça m'arrange.

   Soudain, trois coups frappés à la porte me font sursauter. J'ouvre et découvre Aïsha, radieuse, avec des housses de vêtements sur le bras. Elle me bouscule gentiment en entrant, un large sourire aux lèvres. Après avoir refermé la porte, elle annonce avec enthousiasme :

— Aller, séance d'essayage !

   Alix sort de la salle de bains et elles échangent des salutations rapides. Aïsha me pousse sans ménagement dans la salle d'eau et distribue les sacs comme une organisatrice de défilé de mode. Je capitule. Inutile de résister, elle ne me lâchera pas tant que je n'aurai pas essayé chaque robe, donc autant jouer le jeu.

   La première robe que j'enfile est une petite merveille noire, s'arrêtant juste au-dessus de mes genoux. Deux bandes blanches sur le bas viennent casser l'uniformité du noir. Grâce à de fines bretelles, la robe tient parfaitement sans glisser le long de mon corps. Je n'ai pas besoin de soutien-gorge, et un léger décolleté ajoute une touche de charme indéniable. Je sors de la salle de bains, soumettant la robe au jugement de mes deux critiques.

Académie OllphéistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant