35/ Une relation amicale

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PDV Lara :

Nous nous trouvions plus loin de Ciudad Juarez, déjà plusieurs heures que nous roulions à cause des embouteillages et la nuit avait déjà commencée à tomber.

Je me trouvais aux côtés de Rafael dans la voiture, tandis que ses hommes nous suivaient. De l'extérieur, la scène devait ressembler à un convoi, et c'est ce que c'était. Un convoi de mafieux. Cependant, savoir qu'ils étaient tous sous le contrôle de l'homme assis à mes côtés me rassurait.

- Rafael ? Je commence à avoir un peu faim.

Ce dernier ne me répondit pas, je soupirai donc et me remis à fixer le paysage défiler sous mes yeux. Nous avions fait tellement de chemin ensemble et pourtant rien n'avait véritablement changé entre nous depuis que nous nous étions rencontrés. Il était toujours cet homme froid et inatteignable. En étant si proche de moi il me paraissait à la fois tellement loin.

Je retentai donc ma chance.

- Rafael ?

- Appelle Carlos sur mon téléphone.

- Carlos ?

- Il parle plus qu'il ne mord. C'est un joueur, mais il ne tentera rien contre toi. Appelle-le maintenant.

Je fouillai alors son sac pour en sortir son téléphone et écrivis le code qu'il me dicta. Je cherchai ensuite son nom dans les contacts. Contrairement à ce que j'aurais pu penser, très peu de numéros étaient enregistrés dans ses contacts, moi qui m'attendais à y trouver de nombreux contacts féminins.

Il ne les enregistre pas, ça ne veut pas dire que, ...me chuchota ma conscience.

Je stoppai mes réflexions, ne voulant pas m'aventurer trop loin sur ce chemin.

- Si chefe ? répondit dans la seconde Carlos.

- C'est Lara.

Rafael me fit signe de mettre en haut parleur.

- Quelle bonne surprise ça alors, si tu voulais tant me parler tu...

- Préviens les hommes qu'on s'arrête à la prochaine sortie. On va s'arrêter pour la nuit, on repartira demain.

Et avant même que son interlocuteur n'ait eu le temps de répondre, Rafael lâcha d'une main le volant pour raccrocher lui-même. Je mis donc son téléphone en veille et le remis à sa place dans le sac.

- On va dormir où ? le questionnai-je.

Une fois de plus, comme j'aurais dû m'y attendre, Rafael se mura dans son silence.

Au bout d'une trentaine de minutes encore, nous nous arrêtâmes enfin devant un hôtel où nous allions vraisemblablement passer la nuit. Je sortis de la voiture à la suite de Rafael et nous fûmes bientôt rejoint de ses hommes. Cet hôtel allait vraiment pouvoir tous nous loger, alors que nous étions plus d'une quinzaine ?

- Combien avez-vous de chambres disponibles ? j'entendis au loin demander Carlos à la dame d'accueil.

Je n'entendis pas la réponse, mais il ne tarda pas à revenir vers nous, un grand sourire sur le visage.

- Bonne nouvelle on aura tous une chambre, mauvaise nouvelle ils n'en ont pas assez pour qu'on fasse chambre à part. Deux par chambres. Je n'aime pas trop partager mais je partagerai volontiers ma chambre avec toi Lara, ajouta-t-il à mon attention en me faisant un clin d'œil.

Je n'avais jamais pris la peine de le regarder, mais je remarquai à ce moment qu'il était loin d'être repoussant. La vingtaine passée, les cheveux foncés et le regard joueur, ce n'était sûrement pas un méchant.

- Lara est avec moi, intervint froidement Rafael avant de s'éloigner d'un pas vif.

Je me retins de justesse de soupirer, la soirée s'annonçait enjouée, et je me rendis compte que j'aurais presque préféré la présence de Carlos. Lui au moins ne m'ignorait pas.

- Ce n'est que partie remise, dit d'ailleurs ce dernier en éclatant de rire.

Bon, son cerveau fonctionnait visiblement à l'envers.

Avant que Rafael ne trouve quelque chose à me reprocher je m'empressai de me diriger vers les ascenseurs. A peine mis-je un pied dedans que celui-ci commença sa montée, dans un silence des plus pesants.

Arrivés au 4ème étage, Rafael chercha notre chambre des yeux et une fois chose faite nous y pénétrâmes. La pièce n'était pas très grande, mais pour une nuit cela suffirait. Je remarquai également qu'un seul lit double trônait au milieu de la pièce, mais après tout nous avions déjà dormi ensemble par le passé.

Pas depuis que tu l'as fait arrêter.

Je partis m'enfermer dans la salle de bain tandis qu'il continuait de se murer dans son silence et me rafraichis le visage. Je me donnai du courage en me regardant dans le miroir et retournai dans la chambre, cette situation n'allait pas pouvoir durer.

- Bon, tu m'expliques maintenant ?

Il leva lentement les yeux vers moi, les décrochant de son téléphone qu'il fixait depuis que nous étions arrivés, assis sur le lit.

- Expliquer quoi ?

- Pourquoi tu agis comme si j'étais invisible peut-être ?

Il se leva, les yeux fixés sur moi et vint se placer à quelques centimètres de mon visage.

- Et comment préfères-tu que j'agisse ?

Son visage se rapprocha encore plus, et je commençai à perdre mes moyens.

- De...de manière...amicale, balbutiai-je.

- Amicale ? répéta-t-il, ses lèvres maintenant si près que si je bougeais juste un peu nous nous embrasserions.

Je ne répondis pas, continuant de le détailler et me demandant ce qu'il attendait de moi. Ce qu'il pouvait penser à cet instant.

- Regarde-moi dans les yeux Lara.

Je le fis, et ce que j'y lus me retourna l'estomac. Ses pupilles étaient dilatées, et ses yeux reflétaient du désir à l'état pur. Je faillis avoir un hoquet de surpris.

- Voilà pourquoi on ne peut pas être amis, preciosa.

Son visage recula, et il s'éloigna de moi pour retourner à sa place sur le lit. Je pus enfin respirer librement, et mon cœur reprit une cadence normale.

Je m'avançai alors vers lui, me postant juste en face du lit.

- Alors pourquoi continues-tu de résister ? finis-je par lâcher.

Et il était vrai que je ne comprenais pas son comportement. Pourquoi continuer de me repousser s'il était tant attirer par moi ?

- Je ne peux pas, Lara.

Son regard fixé dans le mien je compris qu'il ne parlait pas d'un simple baiser. Il ne pouvait pas me donner ce que j'attendais de lui. Je l'avais toujours su, mais l'entendre me le dire me brisait le cœur. Plus qu'il ne l'était déjà.

- Alors pourquoi ? ma voix se cassait, mais je continuai, n'y accordant aucune attention. Pourquoi continuer de me faire espérer ? Pourquoi ne me rejettes-tu pas tout simplement ?

Les larmes menaçaient de couler, je dus donc rassembler toutes mes forces pour les retenir. Et cela n'alla qu'en s'empirant quand il me répondit.

- Tu me casses les oreilles, tais-toi, dit-il froidement en se concentrant de nouveau sur son téléphone.

Interloquée, je restai quelques secondes sans bouger à le fixer. Quand je repris enfin le contrôle de mon corps, j'allai récupérer mon petit sac d'un pas vif et sortis de la chambre sans un mot.

Je ne passerai pas une minute de plus en sa compagnie des plus détestables.

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En espérant que ça vous plaise toujours✨
(prochain chapitre vendredi 18h)

Ámame TOME 2 - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant