23/ Soit toi, soit eux

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Cela faisait à présent de longues minutes que nous roulions à travers les ruelles, sans n'avoir visiblement aucun but réel. J'osai donc poser la question qui me taraudait l'esprit.

- On...on fait quoi, là ?

- On occupe la police en attendant l'appel de Diego.

Sur le moment, mon plan m'avait parue excellent, mais maintenant que j'y réfléchissais, il le paraissait bien moins.

- Merde, jura-t-il entre ses dents en donnant un énième coup de volant qui me plaqua une nouvelle fois contre la portière.

Nez à nez avec un homme de police.

Je ne pus empêcher un cri de surprise de sortir de mes lèvres tandis que la voiture de police collait la nôtre.

Je tournai la tête à droite, de l'autre côté pour remarquer qu'une deuxième voiture de police nous collait. Nous étions accolés des deux côtés et je sentais que Rafael perdait de plus en plus le contrôle de la voiture.

- Arrêtez votre véhicule et aucun mal ne vous sera fait, retentit une voix à travers le haut parleur d'une des voitures.

Je regardai fixement Rafael en attente d'une quelconque idée de sa part pour nous sortir de cette situation mais mise à part serrer fortement le volant jusqu'à ce que ses jointures en deviennent blanches, il semblait décider à ne rien faire.

- Rafael ? On fait quoi maintenant ?

Aucune réponse de sa part.

- Rafael ? re-tentai-je. Qu'est-ce qu'on...

- Laisse moi réfléchir ! cria-t-il brusquement.

Quelques secondes s'écoulèrent durant lesquelles Rafael ne ralentit nullement le rythme de la voiture et où les policiers firent passer une deuxième alerte. Un dernier avertissement avant de passer à l'assaut.

- Prends le fusil dans le coffre, ordonna-t-il finalement.

Je plantai mon regard dans le sien à travers le rétroviseur et durant quelques secondes, je parus y lire des remords avant que tout sentiment ne disparaisse? pour laisser place à sa froideur habituelle.

- Prends le fusil dans le coffre, Lara.

Je déglutis difficilement avant de m'exécuter. Je me penchai vers le coffre pour en sortir ce qu'il m'avait demandée et cette simple action déclencha une douleur inouïe dans mon bas ventre, comme si je me faisais taillader les entrailles. Je refoulai les larmes et la souffrance puis pris l'arme dans mes mains avant de refaire face à Rafael. Son toucher dur et froid me fit frissonner. Je ne m'habituerai décidément jamais à avoir une arme entre mes mains.

- Et maintenant ?

Je savais ce qu'il allait me demander, j'en étais plus que jamais consciente. J'espérais juste qu'il ait changé d'avis.

- Et maintenant tu tires sur eux.

Je déglutis difficilement une fois de plus avant de river mon regard sur les deux voitures. Je n'étais pas prête à le refaire.

Le fait d'avoir tiré sur des hommes me hantait toujours dans mes cauchemars les plus profonds. Comment pouvait-il me demander de le refaire ? Je l'avais déjà fait à deux reprises. Une première fois sous la contrainte et une deuxième de mon plein gré pour le sauver. Mais une troisième ? C'était bien trop pour moi, je n'étais pas habituée à tout ceci, je n'étais pas faite pour cette vie.

- Lara, ajouta-t-il, hésitant. Tu sais qu'on n'a pas d'autres choix, si on en avait je ne t'aurais pas demandé de faire ça, tu comprends ?

Je hochai lentement la tête, en essayant d'effacer toutes pensées de mon esprit. J'essayai de me convaincre que c'était pour notre survie que je le faisais.

"C'est soit toi, soit eux."

À présent je comprenais ses paroles. Tuer où être tué, c'était la seule règle ici.

J'allais pour ouvrir la vitre, mais juste avant que je ne le fasse, il reprit la parole :

- Vise juste les pneus.

Je lâchai un soupir, soulagée et me demandant même ce que j'aurais fait sinon. Aurais-je tiré ? Serais-je devenue une criminelle à part entière ?

Ensuite, il ouvrit lui-même ma vitre et c'est ainsi que je me retrouvai à crever les pneus de la voiture à notre gauche puis celle de droite qui bientôt disparurent dans notre rétroviseur. Malheureusement pour nous, il en restait d'autres.

- Tu vois, ce n'était pas si compliqué.

- Merci, murmurai-je si bas qu'il ne m'entendit sûrement pas.

Nous continuâmes alors à rouler en silence jusqu'à ce que Rafael reçoive enfin un coup de fil de Diego qui lui annonça qu'il avait la voiture. À partir de là, Rafael se rendit immédiatement à la sortie de la ville, et moi je pensai qu'on était sauvé.

Je n'aurais sûrement pas dû penser cela aussi vite.

***

Nous étions à présent sur le point d'arriver à l'endroit de rendez-vous. Nous voyions la voiture qu'avait dû emprunter Diego au loin, à l'arrêt mais le moteur tournant toujours.

Je regardai Rafael dans le rétroviseur, lui demandant silencieusement ce que nous allions à présent devoir faire.

- Tu vois la voiture ? me questionna-t-il.

Je hochai la tête, ma boule au ventre s'agrandissant de plus en plus dans mon ventre.

- Dès que je te le dis, tu sors et tu cours vers elle. Je te couvrirai.

Cette sensation que tout ne se passerait sûrement pas comme on l'espérait se fit ressentir de plus en plus. La panique était là, bien présente dans tout mon être.

- Rafael...je suis blessée, et si je...

- Tu y arriveras, me coupa-t-il. Tu n'auras que quelques mètres à faire. Je ne peux pas m'approcher plus il ne faut pas qu'ils voient la plaque.

J'acquiesçai une fois de plus, essayant de me convaincre que ce qu'il disait était vrai. Que j'en serai capable.

Le seul problème était que rien que d'avoir dû faire un seul mouvement pour récupérer avait brûlé tout mon abdomen. Qu'en serait-il de devoir courir ?

Cependant je ne pouvais plus abandonner maintenant, il était décidément trop tard pour faire demi-tour.

Je n'avais plus qu'une seule solution : courir pour ma vie.


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Heyy voici enfin le chapitres 23 ✨

J'espère qu'il vous a plu, et je tenais à vous remercier pour les 400K sur Odiame et les plus de 1K d'abonnés ! ❤️

J'espère aussi que vous passez de bonnes vacances, pour ceux qui sont en vacances ☀️

À bientôt❣️

Ámame TOME 2 - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant