Ámame TOME 2 - Terminée

26/ Se brûler les ailes

PDV Rafael : 

Alors qu'à travers le rétroviseur - tout en gardant un œil attentif sur la route devant moi - je regardais ma petite blonde dormir profondément, mon téléphone sonna, me sortant de ma rêverie.

Je décrochai rapidement, pour ne pas que la sonnerie répétitive sorte Lara de son doux sommeil. Je lui enviais de pouvoir dormir aussi calmement, sans qu'aucun cauchemar ne vienne la hanter. D'aussi loin que je me rappelle, mon sommeil avait toujours été peuplé de cauchemars. C'était pour cela que je passais mes nuits avec las putas. Pour ne pas avoir à dormir. 

- Rafael ! Je suis content de t'avoir à l'autre bout du fil ! Avec tout ce qu'ils montrent à la télé, j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose ! s'exclama mon interlocuteur avant même que je n'aie eu le temps de dire un mot. 

Toute son hypocrisie suinta dans ses paroles, et m'énerva encore plus que je ne l'étais déjà. 

- Que veux-tu Marco ? 

- Je viens juste aux nouvelles. Alors, comment ça...

- Dis-moi la vérité. Immédiatement, lui ordonnai-je de ma voix la plus autoritaire possible. 

Evidemment, sa réponse ne tarda pas à venir. 

- Le Cartel de Sinaloa est sur le point de te déclarer la guerre, Rafael. Pas mal de tes hommes réfléchissent à s'allier à eux. Contre toi. Pense-y. 

Sur-ce, il raccrocha, mais j'eus avant cela le temps d'entendre son léger rire moqueur. Il était évident que cette situation lui plaisait fort. Marco et moi ne nous étions jamais bien entendus et ce depuis que j'étais à la tête du cartel. Etant le fils de mon prédécesseur, et par la même occasion mon cousin, il aurait dû devenir le chef de notre cartel. Cependant, je m'étais livré dans une guerre sans merci pour obtenir cette place. J'avais tout risqué, et même ma vie, pour devenir le chef. Ma lutte avait payé et je l'avais finalement détrôné. A présent, il me vouait une haine inavouable et attendait désespérément que je chute de mon trône pour pouvoir me voler ma place. 

Suite à son annonce, j'appelai immédiatement mon bras droit, Abel Flores. 

- Rafael ! Comme ça fait plaisir de t'entendre ! 

Mon cartel n'était visiblement constitué que d'hypocrite. 

- Réunis tous mes hommes. Absolument tous, rajoutai-je devant son silence. 

- Entendu patron. 

- Je les veux tous dans une heure dans l'entrepôt. 

- Une heure ? Ce n'est pas assez pour que je puisse...

- Une heure. Pas une seconde de plus.

Je mis ensuite fin à notre appel sans lui donner de raison et changeai de cap. Direction notre entrepôt abandonné qui se trouvait approximativement à quarante-cinq minutes de Ciudad Juarez. 

PDV Lara : 

Des virages abrupts et une montée en vitesse me tirèrent de mon sommeil. J'ouvris difficilement les yeux et observai mon conducteur qui me paraissait encore plus énervé que quand je m'étais endormie. 

Moi qui pensais cela impossible, je m'étais visiblement lourdement trompée. 

- Rafael ? Qu'est-ce qu'il se passe ? 

- On va à une réunion avec mes hommes, tu es obligée de venir avec moi. 

Et bien, je m'étais trompée une fois de plus en pensant qu'il ne me répondrait jamais et me dirait une fois de plus de me taire. 

- Une réunion pour quoi ? 

- Surprise. 

Je le reconnaissais mieux là. 

- Quand on y sera, je veux que tu te mettes au fond de la salle et que tu ne te fasses pas remarquer, compris ? 

- Pourquoi ? ne pus-je m'empêcher de lui poser la question. 

- Tu devrais t'en douter Lara, se contenta-t-il de me répondre en me lançant un regard sévère à travers le rétroviseur. 

- Ok ok, ça risque d'être dangereux. Reçu cinq sur cinq. 

Je le vis lever les yeux au ciel avant de se reconcentrer sur la route. Néanmoins, je remarquai qu'il semblait légèrement moins tendu que quelques minutes auparavant. Peut-être serait-ce l'occasion pour moi d'avoir une vraie conversation avec lui.

- Rafael, commençai-je, on n'a toujours pas parler de tout ce qu'il s'est passé en prison, de...

- Je ne veux pas en parler, me coupa-t-il brusquement. 

- Je veux juste te dire que je suis désolée pour Alex, je ne voulais pas l'embrasser. C'est juste que...

- Tu crois que j'en ai quelque chose à faire ? Embrasse qui tu veux, je fais la même chose de mon coté. 

Ne pas lui montrer que ça te touche. Ne pas lui montrer que ça te touche. Ne pas lui montrer que...

- Co...comment ça ? 

Ma petite voix due sûrement lui faire pitié car je le vis tourner la tête vers moi et soupirer légèrement. 

- Arrête de bégayer estupida. 

- Tu as vu des femmes pendant que tu étais en prison ? le questionnai-je, la voix moins hésitante cette fois-ci. 

- Même si ça ne te regarde pas, je vais répondre à ta question pour que tu arrêtes ton interrogatoire. Non, je n'ai vu aucune femme pendant que j'étais en prison. 

Aucune émotion ne transparaissait à travers sa voix et je ne savais pas ce qu'il en pensait. Avait-il encore des sentiments pour moi, comme j'en avais pour lui ? Ou n'avais-je été qu'une femme de passage à ses yeux. 

- Rafael, je...je suis aussi désolée pour tout ce qu'il s'est passé. Je ne voulais pas t'emprisonner mais...je n'avais pas le choix. 

- On a toujours le choix. 

Ce fut la seule chose qu'il me répondit avant de se murer dans le silence et je compris qu'il m'en voulait. Que quoi qu'il ait pu dire auparavant, il m'en voulait toujours. Et je ne pouvais que le comprendre, ne lui en avais-je pas voulu quand j'avais cru qu'il m'avait faite emprisonnée ? 

Vu qu'il ne voulait pas aborder ce sujet, je me tus à mon tour tout en me demandant quand nous pourrions en parler sans qu'un froid s'installe entre nous. Sûrement jamais. 

Et alors que je pensais qu'il ne reprendrait plus la parole jusqu'à ce qu'on soit arrivé à destination, il lâcha dans un souffle : 

- On a toujours le choix, mais toi tu fais toujours les mauvais.

Certes, m'éprendre du Diable était le premier d'une longue liste. A force de trop jouer avec le feu, on finissait par se brûler les ailes. 

Aujourd'hui, les miennes étaient en train de s'enflammer. Combien de temps me restait-il avant qu'elles ne se consument entièrement ? 

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J'espère que ce chapitre vous a plu !