5/ Lettres

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Alors preciosa, la Colombie ? 

Sérieusement ? Ne tireras-tu jamais de leçons de tes erreurs ?

Tu te demandes sûrement comment je suis au courant, mais sache que même enfermé dans ce trou, j'ai toujours autant de pouvoir. Je suis tous tes faits et gestes.

Si tu penses que tu m'as échappé et que tu pourras continuer tranquillement ta vie si paisible, mets-toi dans la tête que je te retrouverai toujours, Lara.

Et que crois-tu faire à ne pas me répondre ? 

Je t'avais dit de ne pas m'oublier, mais j'étais sûre que tu essayerais. Qui crois-tu tromper ? Tu m'as dans la peau, et tu le sais tout aussi bien que moi. 

Mais ne t'inquiète pas preciosa, je suis bientôt de retour. 

Prépare-toi à mon retour. J'arrive. 

Siempre te quiero tanto. Rafael.

{Je t'aime toujours autant}


Je m'écroulai en larme. Il avait raison, je n'avais toujours pas réussi à l'oublier, et je n'y arriverai sûrement jamais. Je relus la lettre une bonne dizaine de fois avant de la remettre dans l'enveloppe et de la poser délicatement dans une de mes boites de chaussures, avec toutes les autres lettres que j'avais reçu de Rafael.

De temps en temps, quand il me manquait trop et que je sentais que mon cœur était sur le point de lâcher, je les relisais toutes. Ses mots mettaient du baume à mon cœur si fragile. Certaines fois il était en colère et maudissait tous ces "stupides idiots de prisonniers", parfois il écrivait tous les souvenirs qu'il avait de nous. D'autres fois, il s'excusait pour toutes les choses blessantes qu'il avait pu me dire par le passé. 

Même si je faisais tout pour l'oublier, même si j'essayais de me convaincre qu'il ne me manquait pas, je savais tout au fond de moi que c'était totalement faux. Il me manquait horriblement.

Et qu'entendait-il par "j'arrive" ? Que comptait-il faire ? Il ne comptait tout de même pas s'évader, n'est-ce pas ? 

Devais-je lui répondre ? Je ne lui avais pas répondu jusque là, parce que je voulais juste couper les liens. Et puis, comment réussirais-je à lui faire transmettre une lettre ?

Arrête Lara, si tu veux vraiment lui envoyer une lettre, tu y arriveras sans aucun problème.

En effet, ce n'était sûrement pas un postier qui me déposait une lettre presque tous les jours sur le rebord de ma fenêtre.

Rafael était très influent.

Et si je lui répondais, que lui répondre ? 

Non. Je ne devais pas lui répondre. Je n'allais tout simplement pas me lancer dans une correspondance avec un criminel prisonnier.

Pourtant, je me souvenais très bien que tout en bas de la première lettre, il avait marqué : Si jamais tu voudrais me répondre, ce dont je doute vraiment, vas à 20h devant la poste de ta ville. Un homme t'y attendra.

Oui, la poste. Cependant, l'homme était très certainement pas un facteur.

Lara, si tu étais à sa place, ne voudrais-tu pas qu'il t'envoie des lettres ? 

Il était vrai que le temps devait passer horriblement lentement, en prison.

Je regardai l'heure, dix-neuf heure, j'avais encore un peu de temps devant moi. Je pris donc un stylo et me mis à lui répondre.


Rafael,

Je ne t'ai pas encore oublié, tu me manques.

Mais il faut que tu comprennes que ça ne fonctionnera jamais entre nous, alors autant laisser tomber. Tourne la page, oublie-moi. Arrête de m'envoyer des lettres.

Cela ne sert à rien de continuer de se battre pour quelque chose qui est déjà perdu d'avance.

Lara. 


Je lâchai mon stylo, effondrée. Il fallait que tout ça s'arrête entre nous, avant que je ne me brise encore plus.

Je mis soigneusement la lettre dans une enveloppe et m'en allai pour rencontrer ce cher intermédiaire.

Je le trouvai, debout devant les marches, dans la nuit noir. Je m'avançai timidement vers lui, l'enveloppe à la main. Son regard se posa sur moi et il me dévisagea jusqu'à ce que je m'arrête à un bon mètre de lui.

- Je ne pensais pas que vous viendriez un jour, dit-il simplement.

- Vous...vous êtes là tous les jours ? osai-je lui demandai, d'une toute petite voix.

- Oui.

- À partir de maintenant, cela ne sert plus à rien que vous veniez, je ne...

- Je viendrai tous les soirs à vingt heures jusqu'à ce que Monsieur Carillo ne m'ordonne d'arrêter.

Sûrement un de ses hommes. Un des plus fidèles, même.

Je lui tendis l'enveloppe et il la prit avant de la mettre dans son sac.

- Juste...vous restez jusqu'à quelle heure les autres soirs ?

- Vingt-et-une heures. 

Il restait, debout, à ne rien faire, pendant une heure. Une heure entière.

- Ce sont les ordres de Monsieur, rajouta-t-il.

Rafael attendait donc désespérément tous les jours ma réponse. Je m'en voulus de lui avoir écrit cela, mais je n'avais pas le choix. Ce serait plus simple pour tous les deux, à présent. 

- Vous...vous le voyez souvent ? 

J'avais juste besoin de savoir. De me rassurer.

- De temps en temps.

- Va-t-il...bien ?

Il rit légèrement, comme si j'avais fait la meilleure blague au monde. Allait-il aussi mal que cela ?

- Oui mademoiselle, ne vous inquiétez pas pour lui. Il reste le grand Rafael Carillo.

Je hochai lentement la tête, légèrement rassurée.

- Bien, je vous laisse. 

Je tournai les talons et alors que je commençais à m'éloigner, je l'entendis rajouter : 

- Faites attention à vous.

Était-ce une menace ? Ou une mise en garde ? 


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Ne me tappez pas pour n'avoir toujours pas mis Rafael, mais disons qu'il a fait une mini apparition indirecte dans ce chapitre ? 😂

D'ailleurs, il y aura un chapitre posté tous les mercredi et tous les dimanches ❤️

Loveee 

Ámame TOME 2 - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant