39/ El amor está prohibido

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Savoir qu'il était posté dans un coin de la pièce à m'observer me déstabilisa pendant tout le reste de ma séance, je ne cessais d'être maladroite et alternais entre trébucher de mon tapis de course et faire tomber un poids à quelques centimètres de mes pieds. Je devais être rouge tomate, mais je ne me laissai cependant pas démonter et continuai avec de rudes efforts de finir ma séance.

Mais je n'étais pas idiote. A chaque fois où Carlos s'éclipsait pour aller voir Rafael, les exercices étaient d'autant plus durs à son retour. J'étais sûre et certaine que ce dernier n'était pas innocent dans mon calvaire. Pourtant, j'endurai sans un mot tous les exercices, poussant jusqu'au-delà mes limites.

Lorsque mon entraineur Carlos déclara enfin que la séance était finie, je m'effondrai au sol, en nage, sous le regard rieur des quelques soldats autour de moi. Je n'en avais que faire, j'étais bien trop épuisée pour accorder une quelconque importance à mon apparence à cet instant. Je finis enfin par me redresser, bus de grandes gorgées d'eau et me dirigeai vers les vestiaires pour prendre une rapide douche. Ils avaient réellement tout prévu ici.

Et alors que j'entrais dans les vestiaires femmes, censés être vides étant donné que j'étais la seule femme ici à m'entraîner, quelle ne fut pas ma surprise quand j'aperçus une silhouette imposante au milieu de la pièce. Je m'apprêtai à faire demi-tour, je n'aurai qu'à me laver dans ma chambre, quand une main s'agrippa à mon poignet pour me retenir. Bien qu'il n'ait été de dos quand j'étais entrée, je l'avais bien évidemment reconnu.

- Pas trop fatiguée ? me lança Rafael avec un sourire au coin des lèvres.

Je me retins de lui envoyer mon poing dans son beau visage, bien sur que j'étais épuisée et il le savait très bien.

- Tu n'es pas dans les bons vestiaires, me contentai-je de lui répondre en fixant un pont derrière lui.

- Je suis chez moi, je fais ce que je veux guapa.

Cette fois-ci, je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel. Je n'allais pas avoir une conversation aussi banale avec lui alors que cela faisait trois jours que je m'ennuyais à mourir et n'avais rien pour tuer mon ennui.

- Suis-moi.

Il partit alors vers le fond de la pièce sans se soucier de ce que je le suive ou non et s'arrêta devant une porte. Je priai tous les Dieux pour que ce soit une douche et qu'il me fiche enfin la paix, mais cela n'en fut rien. Il ouvrit la porte qui déboucha sur une cour décorée de quelques parterres de fleurs et d'un banc. Je regardai étonnée le lieu, surprise qu'il y ait un tel lieu dans un repère de mafieux. Je lui lançai un regard curieux auquel il me fit un clin d'œil. Il me surprit pour la seconde fois en s'asseyant sur le banc face à une fontaine, et je fis de même après quelques minutes d'hésitations. Cependant, un détail me revint en mémoire.

Je me relevai et trempai mes mains dans l'eau de la fontaine avant de m'en asperger le visage et les bras. Cela me fit un bien fou, me rafraichissant immédiatement. Je retournai ensuite m'assoir sur le banc, sans oser lancer un regard vers l'homme assis à mes côtés.

- Alors ton entraînement ? me dit-il enfin.

Je tournai le visage vers lui, curieuse de savoir s'il se moquait de moi. Pourtant, je vis un vrai intérêt dans son regard.

- Cela se passait plutôt pas mal jusqu'à ce que tu décides de me compliquer les choses.

- Justement, le but n'est pas de réussir facilement, mais de dépasser ses limites.

- Si tu as décidé de me regarder mourir, c'est décidément la meilleure solution.

Je sentis alors son corps se contracter à mes côtés, sans comprendre pourquoi il s'était ainsi braqué. Le temps passa sans qu'aucun de nous deux ne reprenne la parole, temps pendant lequel je me repassais mes propos en boucle. Qu'avais-je dit de mal ?

- Tu sais, reprit-il enfin la parole, j'y ai déjà réfléchi plusieurs fois.

- A quoi ?

Alors même que ces mots étaient sortis de ma bouche, j'avais déjà compris de quoi il parlait. Me laisser mourir.
Il s'entêta dans son silence, et je décidai donc de le relancer.

- Pourquoi ne l'as-tu pas fait ?

Je ne saurais dire à quelle réponse je m'attendais, mais sûrement pas à ce qui s'ensuivit.

- Je suis trop faible. Je devrais, mais je n'y arrive pas.

Son regard chercha le mien, comme si en même temps il cherchait à ce que je le rassure. Mais comment pourrais-je le rassurer après ce qu'il venait de m'avouer. Il avait déjà pensé à me tuer. Il voulait le faire.

Je me levai précipitamment du banc, souhaitant mettre le plus de distance possible entre nous deux. La cour sembla rétrécir, comme si à présent je manquais d'air et d'espace.

- Pou...pourquoi ?

- Preciosa.

Son regard se fit sévère, sûrement voulait-il me dire une nouvelle fois de ne pas bégayer en sa présence. Pour ma part, j'attendais une réponse. Je l'observai tandis qu'il se levait à son tour et se rapprochait de moi de sa démarche féline. Je l'avertis du regard, lui signalant de ne pas faire un pas de plus.

- Je n'ai pas d'armes sur moi, querida.

{chérie}

Menteur. Il avait toujours des armes sur lui.

- Et dans tous les cas, continua-t-il en se rapprochant encore, réduisant la distance que j'avais imposée entre nous, je ne te tuerai pas.

- Tu y as pensé. Tu y penses, me repris-je en le fixant d'un regard noir.

- Oui querida. Oui j'y pense tous les jours et tous les soirs. Que veux-tu que je te dise de plus ?

Les mots me manquèrent. Comment osait-il dire une chose pareille. Un torrent de colère se déferla dans mon corps et cette fois-ci ce fut moi qui me rapprochait de lui. Nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre et je le fixais avec toute la haine que je ressentais à son égard. Il reprit la parole avant que je n'aie eu le temps de lui déverser toute ma haine.

- Te amo querida, lo sabes. Pero en este mundo, el amor está prohibido.

{Je t'aime chérie, tu le sais. Mais dans ce monde, l'amour est interdit}

Toute ma colère s'envola aussi rapidement qu'elle était venue. Rares étaient les fois où Rafael se livrait autant à moi, surtout ces temps-ci. Pourtant au ton de sa voix, je devinai que ce n'était pas contre moi. Il faisait face au pire dilemme de sa vie. Je remettais en question tout ce qu'on lui avait toujours enseigner. Tout ce que lui avait appris son père.

- Sueño con una vida en la que pueda amarte. Amarte como te mereces preciosa.

{Je rêve d'une vie où je pourrais t'aimer. T'aimer comme tu le mérites}

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Voici enfin un nouveau chapitre ! Comme d'habitude, j'attends impatiemment vos avis !

La suite dimanche ❤️

Ámame TOME 2 - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant