28/ Haine intérieur

13.1K 691 105
                                    

PDV Lara : 

Dans la cohue qui anima le hangar, je perdis des yeux Rafael et me retrouvai seule au milieu de tous ces inconnus. Je ne savais plus quoi faire, mes membres étaient paralysés, mes pieds fixés au sol. 

Des bras qui encerclèrent ma taille me firent sursauter et pousser un cri de terreur. 

- Lara, c'est moi. Calme-toi, ok ? 

Lorsque je reconnus la voix de Rafael je me détendis immédiatement et me retournai vers mon protecteur.

- On...on fait quoi maintenant ? 

Son regard se fit plus dur sans que je puisse en comprendre la raison.

-  Mets-toi dans la tête qu'il n'y a pas de "on". Toi tu vas te cacher au sous-sol et moi je vais m'en prendre à tous ceux qui ont osé s'en prendre à mon cartel. Entiendes ? 

{C'est compris ?}

Je hochai faiblement la tête, les yeux fixés au sol tandis que je l'entendais lâcher un soupire de soulagement ou de satisfaction je ne saurais le dire. 

- Bien, suis-moi. 

Il me tira ensuite par le bras et nous progressâmes à sens contraire de la foule armée, et même si mon ventre m'élançait toujours malgré les plusieurs heures de voitures, je fis semblant de rien et m'efforçai à ne pas laisser transparaître ma douleur. Nos ennemis n'avaient toujours pas pénétré à l'intérieur de l'entrepôt mais cela ne tarderait pas, on entendait déjà le bruit de leurs pas répétitif devant nos portes. 

Pendant ce temps, Rafael donnait des directives à ses hommes que nous croisions alors que moi je le suivais sans dire un mot. 

Il n'y a pas de "on". 

Et il n'avait pas tort. Si un jour nous avions formé ce "on" uni contre le monde entier, à présent nous n'étions plus que deux étrangers. Nous ne nous battions plus ensemble. Nous étions l'un contre l'autre. 

Un combat infini nous liait. Lui contre moi avec pour seul but de ne pas retomber dans les plaisirs de l'amour et de la tentation. Certainement avais-je été trop naïve de penser qu'une histoire entre lui et moi serait possible. Ce n'était pas le cas. Cela n'avait jamais été le cas. 

Il avait tout d'abord tout fait pour me faire succomber. Tout cela n'avait été qu'un jeu pour lui alors que je commençais à éprouver toutes sortes de sentiments que je n'aurais jamais dû éprouver pour un tueur sans pitié et sans cœur. 

Et quand il avait trouvé l'existence de ce cœur au fond de lui, je l'ai trahi. Je l'ai trahi de la pire manière qu'il soit en le mettant en prison et en lui prouvant que tous ses principes avaient toujours été vrais. Seul l'amour peut nous détruire, en offrant notre amour à un être aimé on lui mettait un pistolet armé entre les mains, en lui donnant la possibilité de nous abattre à tout moment. Et c'est ce que j'avais fait, j'avais été une énième personne à le trahir. 

Je m'en étais voulu si ardemment en lisant toutes ses lettres. Mais tous ces regrets ont disparu pour de bons quand j'ai moi aussi été mise en prison. Les rôles ont une fois de plus été inversés, je le haïssais tellement qu'il était impossible pour moi à ce moment de raisonner intelligemment. Il s'était vengé et m'avait envoyé en prison, voilà ce que je pensais être vrai à l'époque. 

Et aujourd'hui où j'étais prête à l'aimer comme il méritait d'être aimé, Rafael me fuyait. Ceci était une boucle sans fin. Il m'aimait, je le haïssais. Je l'aimais, il me haïssait. 

Un jour je le suivais, il me fuyait. Et quand lui me suivait, je le fuyais. Ce cercle infernal n'avait que trois fins possible, et j'en étais consciente. 

Il ne restait plus qu'à savoir laquelle. 


PDV Rafael : 

Lorsque nous parvînmes enfin devant la porte qui menait au sous-sol, je l'ouvris précipitamment et intimai à Lara d'y pénétrer. 

- Je...je vais...là dedans ? 

- Oui, me contentai-je de lui répondre tout en regardant distraitement autour de moi. 

Lorsque mon regard revint sur la petite blonde, elle n'avait toujours pas effectué le moindre mouvement. En soupirant, je lui expliquai donc : 

- Tu n'as qu'à descendre les escaliers et tu te trouveras dans un large sous-sol. Vas toujours tout droit et ne regarde jamais derrière toi. Je te retrouverai à la sortie. 

Quand je la vis hocher la tête et descendre les premières marches, je tournai rapidement les talons, rassuré de la savoir en sécurité. Je hélai ensuite quelques hommes à moi et le entraînai à ma suite. Nous nous postâmes alors tous devant la large porte d'où débouleraient d'une minute à l'autre tout une armée d'ennemis prêt à nous tuer. Et à me tuer, moi le chef de l'un des plus grands cartels. 

A ma place, beaucoup se seraient caché dans leur bureau pendant que leurs hommes se faisaient tuer un par un - j'en avais vu beaucoup faire ainsi avant de moi-même prendre la tête du cartel de Juarez - mais ce n'était pas mon genre. Un chef digne de ce nom devait guider les personnes qui le soutenaient dans toutes les situations. Et aujourd'hui, c'était à moi de me placer devant eux, pour les protéger et leur donner la force de combattre. Ils comptaient tous sur moi, je n'avais plus le droit de les décevoir. Alors, même si j'étais blessé, je n'en faisais pas fis et je ne me concentrai que sur mon objectif : protéger mon cartel. 

Quarante-huit secondes après que j'aie rejoint mes troupes, la grande porte s'abattit et nous nous mirent à tirer sur tous ceux qui osèrent la franchir. 

Toute ma haine ressortit à cet instant-ci pour ne plus rien laisser d'humain en moi. Lorsque je tuais, je perdais le peu d'humanité qu'il me restait et me concentrais sur mon unique but : donner la mort. 

Toute ma haine envers ces hommes inconnus qui voulaient tuer les miens ressortie. Toute ma haine envers ceux qui avaient assassiné ma mère ressortie. Envers ceux qui avaient voulu me voler ma sœur. Et envers ceux qui m'avaient volé mon unique frère. 

C'était pour lui que j'avais fait tout cela. C'était pour lui que je me battais aujourd'hui. 

Il avait toujours été mon modèle. Son grand cœur aurait fait de lui un meilleur chef que moi, Rafael Carillo. Mais la vie en était ainsi. Il était parti avant moi et aucun retour en arrière ne pourrait changer les choses. 

C'est donc en faisant remonter cette haine en mon for intérieur que j'abattis tous ceux qui osèrent se mettre en travers de mon chemin. 

Je leur ôtai à chacun la vie en imaginant qu'un parmi eux était le meurtrier de ma mère et de mon frère. Cependant comme toujours, cela ne me procura aucun plaisir.

Cela ne fit que noircir un peu plus mon cœur qui l'était déjà bien trop.


_________________

Heyy ! J'espère que ce chapitre vous a plu et vous a permis d'en apprendre un peu plus sur Rafael. ❤ 

De même, je vous avais dit qu'un compte Instagram sur Lara avait été créé par une lectrice, mais une autre lectrice a également créé un compte Instagram sur Rafael cette fois-ci ! Passez y faire un tour, je suis sûre que ça leur ferait plaisir ! ⚠

lara.off._

raf.carillo




Ámame TOME 2 - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant