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22 mars - Paris, 16e arrondissement

Newt tentait de garder la tête haute. Il s'efforçait de rester le dos droit et de garder un rythme régulier et sûr malgré ses jambes flageolantes. Il avait mis ses mains dans ses poches pour avoir une posture plus décontractée. Le sang battait furieusement dans ses tempes et il se sentait pâlir à mesure qu'il s'éloignait du repère enfumé de son employeur. Il devait rester le dos bien droit et ne pas se laisser aller maintenant à la peur qui lui tordait le ventre. Il avait de la bile dans la bouche et, le souffle court, il luttait contre ses nausées. Il savait qu'il était observé depuis les fenêtres de l'immeuble. Il s'empressa alors de tourner dans une rue plus petite mais toujours encombrées de voitures et de gens. A partir de là, il ne se retint plus. Les larmes dévalèrent ses joues et il pressa le pas pour se réfugier dans un endroit plus tranquille. Il tourna finalement dans une ruelle étroite entre deux immeubles et ses jambes tremblantes ne supportèrent plus son poids. Il s'écroula sur l'asphalte et son estomac non plus ne tint plus. Il vida son contenu sur le sol.

Secoué de tremblements et de sanglots, Newt s'essuya machinalement la bouche du revers de sa manche. Il se redressa et s'adossa à un mur en cherchant le calme. Il parlait tout seul, s'excusant auprès de Thomas sans que son fiancé n'ait connaissance de sa situation. Il murmurait des excuses sans relâche, coupé par les hoquets que provoquaient ses sanglots. Il faisait tourner nerveusement sa bague de fiançailles autour de son doigt. Il devait se reprendre, il savait se contenir mieux que cela. Cependant il était encore trop sous le choc et des pensées envahissantes élurent domicile sous son crâne.

Tout n'était que sa faute.

Il serait un bien piètre mari. Il secoua brusquement la tête en se rendant soudain compte de ce qui était en jeux. Leur mariage n'aurait jamais lieux, Thomas serait mort avant. Parce qu'il avait signé pour le tuer. Ses larmes redoublèrent lorsque cette pensée se faufila dans son esprit. Le cœur broyé de chagrin et la poitrine compressée par la culpabilité, il cacha sa tête dans ses bras alors que ses larmes ne cessaient pas. Il aurait dû tout lui dire. Il aurait dû être quelqu'un de bien. Il aurait dû quitter ce métier beaucoup plus tôt, dès qu'il avait rencontré Thomas. Comment pouvait il prétendre vouloir prendre soin de lui alors qu'il semait la mort sur son passage ? Tout était de sa faute.

Newt secoua la tête. Il était pathétique, il tentait de gagner du temps en se morfondant. Il n'y avait pas de solution, il n'en voyait pas. Il avait le choix entre tuer Thomas ou se faire tuer. Et bien qu'il souhaite plus que tout que son fiancée reste en vie, il avait aussi affreusement peur de la mort. Mais il ne pourrait pas le tuer, il le savait. C'était au delà de ses forces. Il valait mieux que cela, il l'avait déjà prouvé. Il fallait qu'il se reprenne et qu'il se tire de cette situation. Il ne devrait pas perdre ainsi son sang froid, où était passé son expérience de la mort ? Il devait se reprendre. Il sécha furieusement ses larmes avant de lancer un regard assassin en direction du repère de son employeur. Il reprit ses réflexes de tueur professionnel alors que la rage de vaincre l'envahissait. Personne ne toucherait à Thomas.

Il commença à faire les cent pas. Il devait mettre en place une stratégie plus efficace que celle de se morfondre dans une ruelle. Il joua avec sa bague dans un réflexe nerveux et repoussa ses émotions de peur et d'angoisse. Il ne devait pas se laisser dominer par ses émotions. Thomas avait besoin que son cerveau soit clair. Il avait accepté le contrat, maintenant il n'avait plus le choix. Il fallait qu'il tue Thomas. Mais ni lui ni son fiancé ne passerait dans le royaume des morts. Mais dans ce cas, l'idéal serait qu'ils deviennent invisible. 

Newt s'arrêta au milieu de la ruelle, sa réflexion l'avait mené à une solution. Elle ne lui plaisait pas beaucoup plus que l'idée de tuer Thomas mais ainsi, ils avaient tous les deux une maigre chance de s'en sortir. Il reconsidéra longuement cette solution. Finalement elle n'était pas moins dangereuse que celle qu'il avait en se livrant face à Janson. Et il ne voulait surtout pas mettre la vie de Thomas en danger. Il détestait cette idée. Il retourna son esprit encore et encore, examinant l'idée sous tous les angles tout en continuant à faire les cent pas. Il s'interrogea, se mit dans la peau de son ennemi et dans celle de Thomas, espérant ainsi anticiper la réaction des un et des autres. Il savait que Janson était déterminé, il possédait une rage de vaincre et le désir morbide de tuer Thomas logeait directement dans son cœur. Rien ne le détournerait de son but et c'est bien cela qui faisait longuement hésiter Newt. Mais après avoir retourné le problème dans tous les sens, il en vint à la conclusion qu'il ne trouverait pas de meilleure solution que celle-ci. Sa décision était prise.

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