Dernier contrat

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23 mars - La chaise Dieu

Contrairement à ce qu'il avait imaginé, Newt s'était endormi en un rien de temps. Il s'était installé sur un matelas gonflable prêté par Teresa au pied du lit de la chambre d'ami. Il avait posé son arme à portée de main, au cas où quelque chose devait se passer. Ainsi il avait juste à tendre le bras et à mettre un potentiel intrus en joue. Il s'était allongé, la tristesse au cœur et pourtant, il s'était endormi à l'instant où sa tête avait rencontré l'oreiller.

Le lendemain matin, il se réveilla en sursaut alors que le parquet de la chambre grinçait sous les pas de Thomas. Il se redressa brutalement et fit sursauter le brun. Ce dernier lui adressa un regard noir avant de se détourner et de continuer sa route. Newt était toujours sur les nerfs, et le moindre bruit attirait son attention. Il se rallongea en soupirant. Il ne resta cependant pas immobile très longtemps et se saisit de son arme. Il la cala dans la ceinture de son pyjama en espérant ne pas avoir besoin de s'en servir. Il se leva et rejoignit rapidement Thomas.

Il le retrouva, lui et leur hôtesse, attablé face au petit déjeuner. Thomas semblait grossièrement réveillé. Il avait les cheveux ébouriffés et les yeux encore difficilement ouvert. Il semblait cependant bien plus en forme que Teresa. La jeune femme avait encore la trace de l'oreiller sur la joue et paraissait particulièrement ronchonne. Elle se contentait de fixer le plateau de bois de sa table en attendant de décider si elle avait faim ou non. Newt la connaissait suffisamment bien pour savoir qu'il valait mieux ne pas lui adresser la parole lorsqu'elle était dans cet état. Il ne dit alors rien et s'installa simplement à table. Ils mangèrent en silence et le reste de la matinée se passa dans la même ambiance.

Ce n'est que quand Teresa s'affala dans le canapé avec son bol de café à la fin de son petit déjeuner qu'elle s'était finalement décidée à prendre que le silence éclata. Elle alluma la télé sur la chaîne d'informations en continu et but son café dans un bruit sonore et peu élégant. Personne ne lui fit remarquer quoi que ce soit cependant. Thomas resta debout près des étagères sur lesquelles reposaient de nombreuses petites figurines de verre représentant divers animaux. Il les examinait depuis de longues minutes déjà, propre et habillé. Il avait encore l'air un peu fatigué et Newt sut qu'il écoutait les informations d'une oreille distraite. Lui ne quitta pas le canapé sur lequel il s'était installé avec un magasine. Il l'avait ouvert à une page au hasard et n'avait lu que la première phrase. Il avait ensuite divagué à la recherche d'un autre endroit sûr où emmener Thomas. Ils n'allaient pas rester longtemps chez Teresa, il fallait qu'ils trouvent refuge ailleurs. Alors il passait en revu les différentes options qu'il connaissait – et qui n'était pas très nombreuses. Il tournait sa bague de fiançailles autour de son doigt tout en se mordillant la lèvre inférieure.

Ce sont quelques mots de la présentatrice qui le tirèrent brutalement de sa réflexion. Il reprit brutalement conscience, croisa vaguement le regard de Thomas et il sut que le brun avait entendu la même chose que lui, qu'il n'avait pas rêvé. Il se tourna vivement vers la télévision. Teresa à ses côtés ne sembla même pas se rendre compte de ce qu'il se passait. Elle continuait de siroter son café dans un bruit désagréable d'aspiration alors que le cœur de ses invités s'emballaient brusquement. Newt se précipita sur la télécommande et augmenta le volume. Du coin de l'œil, il vit Thomas commencer à se gratter le poignet dans un tic nerveux, l'expression angoissée. Il se concentra à nouveau sur les images que la chaîne diffusait. On pouvait voir, malgré la mauvaise qualité d'une caméra de vidéo surveillance, les toilettes d'une aire d'autoroute. On y reconnaissant sans grande difficulté Newt et Thomas. Puis Gally entrait en scène et Newt déglutit difficilement.

« En effet, depuis hier, le vice président de la société Edison, fils de l'actuel président et héritier de ce poste, semble avoir disparu. Il était attendu hier après-midi pour la signature d'un contrat important qui aurait, semble-t-il, décidé de l'avenir de la société. Or, Thomas Edison ne s'y est pas présenté et Édouard Edison, son père, a repoussé la signature du contrat. Nous avons tenté d'interroger Monsieur Edison père mais notre interview a été refusée. Nous pouvons cependant dire qu'il semblait inquiet et bouleversé. Un état assez peu habituel de la part de cet éminent homme d'affaire, toujours droit et jovial. Son fils ne serait à priori pas non plus rentré chez lui la veille d'après d'autres sources. Il ne paraissait pas non plus différent et rien ne semblait prédire cette menace dont il a été victime. Nous possédons encore bien peu de détails mais... »