Dernier contrat

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28 mars - Monaco, villa des Edison.

Thomas avait ouvert le clavier du piano du salon. Il le fixait, le regard vide. Minho et Newt se disputaient dans la cuisine. Le blond doutait toujours de son ami, plus que jamais à vrai dire. Il ne lui pardonnerait pas si facilement après cette nuit traumatisante qu'ils avaient vécu Thomas et lui. Ni Teresa ni Thomas n'étaient capables de dire pourquoi ils se disputaient vraiment. Il leur semblait qu'un millier de sujets avaient été abordé depuis le commencement de cette dispute. Ils avaient sans doute besoin de se disputer, de remettre les choses au clair. Mais ils avaient visiblement dévié. 

Teresa aurait préféré qu'ils se taisent. Elle avait besoin de se reposer, pas d'entendre leurs cris. Seulement, elle sentait que si elle se levait pour les faire taire, elle se retrouverait mêlée à cette argumentation hargneuse et elle n'en avait absolument pas envie. Thomas n'était certainement pas en état de s'interposer. Il était encore choqué, bien que beaucoup plus présent dans la réalité. 

Teresa l'observa lever les mains et les poser doucement sur le clavier. Il semblait perdu, comme s'il se laissait guider par une chose invisible. Son index appuya machinalement sur le sol médium et la note résonna doucement dans la pièce. Il attendit qu'elle s'estompe pour recommencer, mezzo piano cette fois. La note résonna dans la pièce un peu plus fort, un peu plus longtemps. La jeune femme se demanda ce qu'il faisait. Elle le regarda appuyer deux autres fois sur la touche, une nuance au dessus de la précédente. Elle s'apprêta à lui demander quand cette fois, sa main gauche s'activa, formant des arpèges. Sa main droite joua délicatement un air, le tout à la nuance piano. C'était un air calme, mélancolique. Il semblait traduire l'état d'âme du pianiste. 

Mais Thomas s'arrêta brusquement en plein milieu et renifla fortement. Teresa qui s'était intéressée seulement à ses doigts jusque là se rendit compte qu'il pleurait. Elle se redressa dans le canapé et se leva, les sourcils froncés. Elle était inquiète alors que sous ses yeux, Thomas essuyait ses larmes du plat de la main. Elle le rejoignit en des pas légers et s'assit à côté de lui sur le tabouret du piano. Elle l'observa simplement pendant un instant reprendre contenance. Ils restèrent quelques minutes assis en silence. Teresa regardait le clavier devant elle tandis que Thomas s'efforçait de ravaler ses larmes. Puis la jeune femme appuya sur une touche au hasard. Son doigté imprécis, débutant et indélicat fit résonner bien trop fort et bien trop agressivement la note. Elle grimaça. C'était horrible. Rien à voir avec la douceur du morceau de Thomas. 

Elle en tenta une autre, puis une autre encore et ainsi de suite. Les notes étaient toutes agressives à ses oreilles, la faute à son niveau de débutant. Elle constitua une mélodie au hasard avec ces quelques notes. Définitivement le son était horrible. Mais au moins, Thomas près d'elle avait séché ses larmes. Il souriait même doucement, moqueur. 

" Caresse les touches. murmura-t-il. Plutôt que d'appuyer comme une brute. "

Teresa ricana à sa remarque et appliqua son conseil. Elle s'efforça de les caresser mais ce n'était pas évident, il fallait tout de même appuyer pour former un son et le savant mélange de délicatesse et de force restait aléatoire chez elle. Le son variait d'une note à l'autre et la mélodie n'en était que plus bancale. Thomas se moquait d'elle gentiment, les yeux encore rouges d'avoir pleuré et l'expression triste. Finalement elle s'arrêta. Le si beau piano de Thomas ne méritait pas qu'elle le massacre ainsi. 

" Tu fais du piano depuis combien de temps ? demanda-t-elle. "

Le brun haussa les épaules nonchalamment. 

 " J'en sais rien. C'est ma mère qui fait du piano et les quelques fois où je me suis montré assez curieux, elle en a profité pour m'apprendre deux ou trois trucs. "