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22 mars - un motel en Auvergne

Il faisait nuit et Thomas dormait sur le siège passager quand Newt coupa le contact. La nuit était bien avancée, il faisait noir et ils ne pouvaient pas voir grand-chose. L'endroit semblait calme et vide. Sur le parking du motel où il s'était arrêté, il y avait peu de voitures et pas de mouvements. Les gens devaient dormir. Il en reconnut une cependant. Une deux chevaux bleue clair des années quatre-vingt. C'était la voiture de Teresa. Il sourit doucement en constatant qu'elle ne l'avait pas encore abandonné. Elle ne s'en séparerait jamais. Il vérifia rapidement dans les rétroviseurs si personne ne les avait suivi, s'ils étaient véritablement seuls ici. Il n'y avait aucun mouvement, aucun bruit et pas de voiture entrant sur le parking. Ils semblaient avoir définitivement semés leurs suiveurs.

Newt soupira doucement de soulagement et se tourna lentement vers Thomas. Il dormait profondément, la tête contre l'épaule. Il allait sûrement avoir mal au cou. La bouche entrouverte, il ronflait légèrement. Newt n'osa pas le réveiller. Il dormait si bien. Après cette tempête d'émotions vives, il estimait que son compagnon méritait amplement ce repos. Lui même ne demandait rien de plus qu'un bon lit pour pouvoir rêver de temps plus heureux. Il aurait voulu se reposer et oublier la douleur dans sa poitrine.

Malheureusement, ils avaient des assassins à leurs trousses et cette nuit serait courte. Ils auraient d'autres occasions de se reposer mais elles ne se présenteraient pas tout de suite. Pour le moment, il devait faire ce que Teresa lui avait toujours dit. Depuis qu'elle savait qu'il trempait dans des affaires peu recommandables, elle avait prévu un plan de secours. Elle était prévoyante et elle l'aimait comme un frère, pour rien au monde elle ne l'aurait laissé tomber. Elle lui manquait.

Il tendit la main vers le visage de Thomas et repoussa une mèche brune de son front. Il s'appliqua à ne pas toucher sa peau et prit son temps pour se délecter de la douceur de ses cheveux. Il souriait tristement tout en observant son compagnon dormir. C'était peut-être la dernière fois qu'il aurait l'occasion de toucher ses cheveux. C'était bête comme geste, mais pour Newt ça signifiait beaucoup. Il aimait la douceur des cheveux de Thomas, les enrouler autour de ses doigts et perdre sa main dans la masse de mèches brunes. Autant de gestes tendres que Thomas lui refuserait désormais. Il soupira et se décida finalement à le réveiller. Il fit glisser sa main le long de la tête de Thomas et sa paume atterrit sur son épaule. Il la pressa délicatement et murmura pour le réveiller en douceur.

« Thomas. Réveilles toi. On est arrivé. »

Thomas ne broncha d'abord pas. Newt le serra avec un peu plus de force et il papillonna des yeux. Il retira sa main et observa le brun se redresser lentement. Il fit la grimace et posa une main sur son cou douloureux. Il s'étira lentement et frotta ses yeux pour en chasser la fatigue. Il s'adossa dans son siège ayant visiblement des difficultés à se réveiller.

« On est où ? grogna-t-il d'une voix rauque de sommeil.

— En Auvergne, au sud est de Clermont-Ferrand.

— On est si loin de Paris ?! »

Newt se contenta de hocher la tête. Thomas se frotta les yeux une nouvelle fois et baya. Il avait visiblement du mal à émerger. Quelques minutes après, il observa leur environnement sombre à travers la vitre. Un lampadaire de l'auberge éclairait le parking a un petit kilomètre de l'autoroute. L'établissement semblait potable, ni endommagé ni neuf. C'était une vieille bâtisse de pierre bien entretenue qui devait au moins avoir une centaine d'année adossée au flanc d'un volcan. Ils offraient le gîte et le couvert à un prix tout a fait raisonnable.

« C'est quoi ça ? demanda Thomas.»

Il était inquiet, méfiant. Newt approuva cette tension chez lui. Elle était le signe qu'il comprenait enfin la menace qui planait sur lui. Ses sourcils froncés et son air renfrogné le rassurèrent.

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