Dernier contrat

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22 mars - Paris, 16e arrondissement

Newt souffla un coup. C'était son dernier. Son dernier contrat. Après ça il s'enlèverait du marché des tueurs à gages. Il n'en serait plus un et vivrait tranquillement près de Thomas. Il n'y aurait plus de mensonges, la vie serait belle et sereine.

En attendant, il marchait dans les rues de la capitale française. Il avait rendez-vous dans le seizième arrondissement, pas très loin de chez eux. Il connaissait plutôt bien l'endroit, il y vivait depuis quatre ans avec Thomas. Et ce n'était pas la première fois qu'il arpentait ces rues avec une arme dans sa poche, dans un but différent de ses habitudes. Cette fois là, il n'allait pas acheter du pain. Il allait rencontrer son nouvel employeur. Il n'était même plus surpris d'avoir à faire avec des personnes riches et influentes. Ces dernières, avides de pouvoir et de richesse, n'hésitait pas à payer le prix fort pour qu'on leur déblaye la route vers leurs objectifs. Sans concurrents, c'était plus simple. En sortir les mains propres, c'était l'idéal. 

Souvent, c'était assez facile. Il était discret, se faufilait facilement dans les recoins et se déplaçait dans l'ombre. Il passait inaperçu et ses tirs adroits lui faisaient rarement rater sa cible. Pourtant ce jour là, il avait un mauvais pressentiment. Il sentait que les choses seraient difficiles, que quelque chose se dresserait sur son chemin sans qu'il ne parvienne à savoir quoi. Il touchait nerveusement l'arme dans sa poche et jouait avec la recharge de balle dans son autre poche. Il avait le sentiment que ses ennuis et ses problèmes ne seraient pas fini de si tôt. Il avait même l'impression que tout ne faisait que commencer. Il s'efforça cependant de se détendre, inspirant goulument l'air pollué et jouant doucement avec sa bague de fiançailles. Il pensa à Thomas, ça l'apaisa.

Cependant, son mauvais présentiment ne l'avait pas quitter et c'est avec un sentiment d'angoisse sourde qu'il appuya sur l'interphone de l'immeuble chic tout droit sorti du dix-neuvième siècle. Personne ne lui répondit. On se contenta de lui ouvrir la grande porte en bois peinte en vert de gris. Il grimpa les escalier en marbre, ses pas résonnant étrangement dans la cage d'escalier vide. L'écho était macabre et son angoisse n'en fut qu'amplifiée. Il n'avait jamais été si oppressé pour un de ses rendez-vous. Ça n'avait jamais rien de terrible. On lui disait qui il devait tué et il se chargeait du reste. Il décidait de la date, du lieu et de l'arme qu'il utilisait. Il risquait sa peau dans les ombres de la nuit, collait une balle entre les yeux de sa victime et le tour était joué. Ensuite il rentrait chez lui, embrassait un Thomas somnolent sur la tempe tout en se glissant sous leurs draps. Il était l'un des meilleurs, il n'avait jamais raté sa cible. Cependant, cette fois là était différente. Cette fois là, il en avait marre, il ne voulait plus tuer. Cette fois là, il avait un mauvais pressentiment.

Lorsqu'il arriva au deuxième étage comme on le lui avait indiqué, il s'arrêta face à une large porte en bois taillé habilement. Il n'eut pas le temps de souffler et de composer correctement son masque avant de frapper qu'on lui ouvrit la porte. Il masqua rapidement sa surprise et fit le vide en lui. Il arborait à présent un visage neutre et dévisagea sans expression un homme joufflu au ventre rond. Il avait le teint rouge et ses cheveux grisonnants laissaient place à la calvitie. Sans un mot, il s'écarta pour laisser passer Newt. Le blond entra, retenant sa respiration par anticipation.

D'un pas prudent, il se dirigea vers le salon de la riche demeure, prêt à dégainer son arme au moindre mouvement suspect. Son cœur battait fort. Il n'avait jamais était si angoissé en pénétrant dans la maison d'un client. L'homme rougeaud le suivait de près et le conduisait vers un salon enfumé. Newt fronça le nez. Ça puait l'herbe. Il détestait cette odeur qui lui brûlait les narines et engourdissait son cerveau. Il grimaça et resserra son poing autour de son arme, sur la défensive. Ce cadre étrange et son mauvais présentiment ne lui inspirait rien qui vaille. Il ne le montra cependant pas.