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22 mars - autoroute A10

« Quel genre de choses ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Et pourquoi on quitte Paris au juste ? C'est quoi l'embrouille Newt ? J'ai une réunion à quinze heures, je bosse moi ! Donc fais demi-tour s'il te plaît ! »

Mais Newt ne l'écouta pas. Il s'arrêta au péage de l'autoroute et paya sous les yeux écarquillés de Thomas. Lorsqu'il se retourna face à son amant, il croisa ses yeux d'ambres le fusillant du regard. Son fiancé semblait vraiment en colère. Il détourna les yeux avec précaution et redémarra sans écouter son amant un seul instant. Il s'engagea sur l'autoroute alors qu'il pouvait sentir la colère et la confusion de Thomas imprégner l'ambiance de la voiture. L'atmosphère s'alourdit brusquement et Newt sentit ses mains devenir moites sur le volant.

« Sérieusement Newt, qu'est-ce que tu fous ?! s'impatienta Thomas. »

Il sentait que le brun avait autre chose à dire mais il s'empressa de le couper.

« Écoutes Tommy, je suis vraiment désolé mais il est hors de question qu'on retourne à Paris. T'es en danger là bas. »

Il avait fait de son mieux pour affermir sa voix et faire paraître sa décision sans appel. Le silence lui répondit et il se réinstalla dans son siège, mal à l'aise. Il sentait le regard pesant de Thomas sur lui et il tourna la tête vers le brun afin de connaître son expression. Son fiancé l'observait avec colère et incompréhension. Il semblait particulièrement agacé et frustré.

« Mais qu'est-ce que tu me racontes ? C'est quoi cette histoire ? Il s'est jamais rien passé de mauvais pour nous à Paris alors maintenant, s'il te plaît Newt, fais demi-tour !

— Non, je ne ferai pas demi-tour. Répliqua Newt en s'efforçant de garder son calme. Il faut que tu comprenne que je fais ça pour te protéger d'accord ? J'ai toujours tout fait pour te protéger alors ait confiance en moi s'il te plaît Tommy. »

Les sourcils de Thomas se froncèrent d'avantage alors qu'une expression pleine d'incompréhension et de réflexion voyait le jour sur son visage. Newt agrippait le volant de toutes ses forces, appréhendant fortement la suite des évènements. Il s'inquiétait plus pour Thomas que pour lui même.

« Mais de quoi tu parles ? s'écria Thomas. »

Newt déglutit difficilement. Ils y étaient. C'était le moment où il devait tout lui dire. Mais sa gorge s'assécha brusquement et il ne trouva pas ses mots. Ce qu'il s'apprêtait à lui dire n'était pas facile et il avait presque aussi peur de prononcer ces mots empreints de fatalité que Thomas devrait avoir peur de les entendre. Personne n'aimerait qu'on lui annonce sa mort prochaine. Et personne n'aimerait annoncer la mort de l'être aimé à ce même être. Et pourtant Newt devait le faire.

« A Paris. Commença Newt. Il y a des gens qui n'apprécient pas du tout le succès de ton père. Son entreprise à fait couler une boîte. Un de ses concurrents. Et ce type à la rage. Il veut se venger. Et pour ça... Il espère bien te mettre six pieds sous terre. »

Voilà c'était dit. Pourtant Newt ne se sentit pas soulagé ni même allégé. Il avait ce poids sur les épaules, le stress était encore bien présent en lui. Il lui restait encore tant de chose à avouer et il sentit que sa conscience ne serait libre qu'après avoir confié la totalité de ses secrets. Il y avait également le silence pesant de Thomas qui ajoutait à son stress. Son amant restait statique, le fixant toujours mais sans émotions cette fois. Il semblait chercher encore le sens des mots de Newt. Puis, quand il sembla comprendre, ses sourcils se froncèrent à nouveau.

« De quoi ?! T'es en train de dire que des gens veulent me tuer ? Demanda-t-il, hagard. »

Newt se tourna vers lui, l'expression inquiète. Il prit une petite seconde pour détailler ses traits plissés par cette annonce hors normes. Thomas semblait si confus face à cette confession inattendu, Newt en eut le cœur serré. Pour rien au monde il n'avait voulu faire peur à son amant. Mais il se résolut à hocher lentement la tête tout en reposant ses yeux sur la route devant eux. Il vit du coin de l'œil que Thomas écarquillait les yeux. Il y eut un nouveau moment de silence. Puis le brun éclata de rire. Newt sursauta face à cette réaction bruyante et inattendue. Il se tourna de nouveau vers Thomas, les sourcils haussés. Dans aucun des scénarios qu'il avait imaginé son fiancé éclatait de rire. Il n'y avait vraiment rien de drôle. Et d'ailleurs, il sentait que le rire du brun n'avait rien à voir avec de la joie. Il semblait forcé.

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