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22 mars - Paris

Janson tournait en rond dans son appartement. Il était préoccupé. Ses yeux ne lâchaient pas le tapis de son salon. Un tapis qu'il avait acheté lors de l'un de ses voyages en Inde. Ce petit bijou valait une fortune. Il était fabriqué à la main de fils aux couleurs chatoyantes. Les motifs étaient précis et réguliers. Il était si doux sous ses pieds nus.

Mais bientôt, on le lui enlèverait. Comme les tableaux d'art contemporain qui étaient autrefois accrochés aux murs et dont la présence ne subsistait plus qu'à travers les carrés et rectangles plus clairs sur la peinture blanche. Il ne gagnait plus rien et son entreprise faisait faillite. Il fallait bien qu'il reste à flot alors il commençait à vendre ses biens les plus précieux. Il détestait cette idée. Elle lui brisait le cœur. Si les choses n'allaient pas mieux, le tapis serait le prochain à disparaître. Et il adorait vraiment ce tapis.

Pour le garder, il fallait que Thomas Edison disparaisse. Et vite. Il fallait que ses concurrents, Edison&cie, soient éliminés le plus rapidement possible. Ainsi son entreprise, son petit bébé, pourrait à nouveau vivre. Il fallait qu'elle vive. Il avait travaillé si dur pour en arriver là. Il avait sacrifié tant de chose : son temps, son argent, parfois même sa santé. Son entreprise ne pouvait pas couler aussi simplement, c'était impensable. Son travail, c'était toute sa vie. Il n'avait ni femme ni enfant. Il n'avait que son entreprise, elle était la chose la plus importante de sa vie, sa plus grande réussite. Si elle tombait, il tombait avec elle et cette idée était totalement exclue.

Son téléphone sonna sur la table basse et il tourna ses yeux rouges vers l'écran. La vibration le tira de ses pensée et finalement il se précipita sur l'appareil. Le nom de Gally était inscrit dessus. Il avait envoyé son secrétaire veiller au bon déroulement de la mission qu'il avait donné à ce tueur à gages. Il espérait de tout cœur qu'il lui apporte enfin une bonne nouvelle. Il n'en pouvait plus de voir son compte bancaire en chute libre. Il décrocha de ses mains rendues tremblantes par sa consommation de drogue. Planer l'apaisait, le détendait. Il décrocha enfin et porta le téléphone à son oreille.

« Alors ? »

C'était un simple mot un peu sec. Il cachait son appréhension et sa peur de perdre tout ce qu'il avait de plus cher. Il espérait grandement que Gally lui apporte la nouvelle de la mort de Thomas Edison. Il avait soif de vengeance. Édouard Edison n'avait qu'à bien se tenir. Il avait très envie de le voir se morfondre sur les restes de son fils tout comme lui se morfondait sur les restes de son entreprise. Ce ne serait que justice.

« ... C'est son fiancé monsieur. »

Gally semblait avoir hésité à parler. Puis ses mots étaient sortis difficilement de sa bouche, comme s'il ne parvenait pas bien à articuler. Janson fronça les sourcils. Son cerveau déjà embrumé et flou ne comprit pas le sens de ses mots. La phrase de Gally lui échappait.

« Quoi ?

— Le tueur. Reprit Gally. »

Sa voix était douloureuse et ses mots ressemblaient fortement à de la bouillie. Janson du se concentrer pour comprendre simplement ces deux mots. Il était loin de la réalité, sur son petit nuage cotonneux à l'odeur de drogue. Ce calmant doux et apaisant le contrôlait totalement depuis quelques mois. Il ne savait plus comment vivre sans. Elle lui masquait les petits détails de la vie et lui insufflait des idées insensées. Comme celle d'abattre Thomas Edison. A cause d'elle, son cerveau était rendu lent et il ne parvint pas à comprendre où voulait en venir Gally.

« Eh bien quoi ?

— C'est son fiancé. »

Gally semblait sincèrement avoir des problèmes d'articulation. Ou bien la qualité de la communication était très mauvaise.

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