Leaving New-York - 4

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- Vous avez raison Angus. J'ai quitté ma communauté sur Ithil. Je n'étais plus en accord avec eux concernant un sujet... disons... sensible.

J'avais déjà réfléchi au fait que Shaka soit différent du reste de son peuple. A la fin de notre première rencontre, j'étais certain qu'il avait mis fin à notre conversation car il avait lu dans mes pensées que je l'avais percé à jour. Sans me vanter, il ne pensait pas avoir à faire à quelqu'un de si perspicace.

- Tu parles de la Terre ? Ce sujet sensible est la survie de l'humanité.

- Voilà pourquoi je devais éloigner ce trublion qui vous sert d'ami. Vous êtes prompt à comprendre ce qui se joue pour votre planète. Certains ne sont pas ... comment dire... apte à y faire face. Vous êtes d'une autre trempe, celle des gardiens.

Shaka se sert habilement de la flatterie quand il a besoin que son interlocuteur ait toute son attention.

- Il y a donc deux camps parmi les elfes. Toi, qui veut nous aider et tous les autres qui souhaitent... qui veulent quoi au juste?

- Vous ne devinez pas. Ils veulent vous laisser vous autodétruire par la dégradation de votre environnement naturel ce qui engendrera des guerres, ce qui détruira un peu plus votre planète et ainsi de suite jusqu'à la destruction totale de la Terre et par conséquent de l'Homme. Je crois que vous appelez ça un cercle vicieux.

Effectivement, si personne n'intervient c'est ce qui finira par se passer. Peu de gens ont la perception de la Terre comme d'un habitat. Nous vivons tous dans notre microcosme quotidien sans avoir conscience que nous impactons le monde entier. J'avais commencé un manifeste pour la protection de la planète. Je ne suis pas allé au bout de ce projet, décourager par la difficulté de la charge. C'est impossible de faire prendre conscience à des milliards de personnes qu'il doivent aller tous dans le même sens, que ce sera dur et contraignant mais vital. D'autant plus difficile de convaincre quiconque lorsque l'on n'est pas soi-même un exemple. Je n'ai jamais osé calculer le bilan carbone de notre aventure à travers la planète à la recherche des cités de connaissances mais il devrait faire dresser les cheveux à un écologiste chevronné.

- La fin du monde. Je ne vois pas ce que Sophie, ou moi, pourrions changer à cet état de fait. En quoi sa mort, ou sa survie, change la donne ?

- C'est étrange. Je pensais que vous alliez tout de suite me demander comment nous allions faire pour la sauver alors qu'elle est déjà morte, et finalement vous tournez autour du pot.

- C'est parce que je sais que tu vas finir par me le dire. Ça se ressent que tu en meurs d'envie.

- Vous ne savez pas lire dans les pensées mais vous faites confiance à votre instinct et à votre sens de l'observation. C'est fascinant. Malheureusement pour vous, je ne peux pas tout révéler mais sachez que j'ai vu un avenir moins sombre pour la Terre lorsque Sophie ne meurt pas.

Lorsque qu'elle ne meurt pas ? Qu'est-ce que ça signifie ? Je sens qu'il va rester flou dans ses réponses, en levant le voile sur cette intrigue au fur et à mesure qu'il le juge nécessaire. Je vais devoir me contenter des miettes qu'il me donne. Par contre, je note qu'il vient de répondre à une de mes interrogations. Il sait voir le futur ou les différents futurs possibles. Il maîtrise donc ce qu'il fait, du moins il me le fait croire. J'ai malgré tout du mal à croire que la mort ou la vie d'une seule personne puisse sauver toute l'humanité. De toute façon, je n'ai plus rien à perdre et tout à y gagner s'il dit vrai. L'humanité ce n'est pas mon problème. Tout ce qui compte à mes yeux c'est que Sophie et moi soyons de nouveau réunis.

- Je suppose que vous avez toujours le livre des gardiens par-devers vous ?

Nous y voilà. Arrive enfin ce moment où je vais devoir prendre la décision d'utiliser ou non ce que je me suis promis de garder sans prendre la responsabilité de l'utiliser à des fins personnels. L'elfe attend de moi quelque chose que je me suis toujours refusé, pour moi ou pour autrui. Il va me demander de me servir du livre égoïstement pour faire revivre ma femme, ce qui serait, d'après lui, nécessaire pour éviter l'extinction de la race humaine. Après en avoir accepté la garde, je me doutais qu'un jour viendrait où j'aurais à m'en servir. Ce bouquin m'octroie un bonus que le reste de l'humanité n'a pas et je ne m'en suis jamais senti digne. C'est Shaka qui m'a fait cet honneur d'en devenir le gardien mais je l'ai vécu comme une malédiction.

Le Geek Ultime (2. Intertwined Destinies)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant