Butterflies and hurricanes - 3

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- Allô

- Oh ! Monsieur Lelion. Je pensais que votre bouquin marchait mais je suppose que si vous m'appelez c'est que vous cherchez du travail ?

Je n'ai trouvé personne d'autres à appeler que mon ancien patron. Je suis tombé bien bas. Je n'ai décidément plus personne autour de moi avec qui parler. Il me fallait quelqu'un qui me connaisse mais qui ne soit pas un de mes proches pour pouvoir me retrouver, être de nouveau Angus Lelion, celui que j'avais été avant de devenir cet ersatz de super-héros aux pouvoirs extraordinaires mais sans réelles possibilités de changer le monde. Je n'avais trouvé que lui dans mon répertoire qui soit susceptible de me parler, étant persuader qu'il n'avait aucun contact avec mon double. Ça me fait du bien d'être appelé par mon nom. Ce nom qui ne m'appartient plus vraiment.

- Euh non merci. Ça va.

A vrai dire, ça ne va pas vraiment mais je ne peux pas lui raconter ce qu'est réellement devenue ma vie. Il croit que je suis le célèbre écrivain. Pendant que mon alter-égo profite de sa notoriété naissante, je vis de petits boulots payés au black aux quatre coins du monde. J'avais gardé le faux passeport que Tak nous avait fourni pour rejoindre l'Islande, et de Vladivostok à Buenos Aires en passant par Abidjan je travaille sous le nom de Trevor Philips.

- Angus va ... Euh... Je vais faire adapter mon livre au cinéma.

- Est-ce alors pour me présenter des excuses ?

La dernière fois que je l'ai vu, je l'avais proprement remis à sa place avant de quitter définitivement mon job de conseiller service. Je n'avais pas été tendre avec lui, il est normal qu'il se dise que je l'appelle pour ça.

- Je suis désolé de vous avoir insulté....J'ai... J'ai besoin de parler.

- ... A moi ?

J'ai juste une envie irrépressible d'être moi-même.

- De parler à quelqu'un.

- Vos histoires m'ont toujours passionnées, d'ailleurs j'ai adoré votre livre. Vous avez toujours eu beaucoup d'imagination pour esquiver le travail. Ça vous a finalement servi et je trouve que vous avez su exploiter ce don de manière intéressante. Votre réorientation est réussie. Je ne vous en veux pas de la façon dont vous m'avez décris. Mes amis ont trouvé mon personnage très drôle. Les gens ne disent généralement pas ça de moi. Que je suis très drôle. C'est même souvent l'inverse, allez savoir pourquoi. Grâce à vous, je suis devenu une célébrité dans mon cercle privé. Je suis celui qui a viré l'écrivain Angus Lelion. Certains me disent que sans cette exclusion, vous n'auriez jamais commencé à écrire. J'avoue que je ne les contredits pas même si je sais que c'est peu probable que je sois le déclencheur de votre talent. Vous vous êtes excusé, je vous bien vous accorder de mon temps.

Peut-être l'ai-je mal jugé ? Je l'ai toujours vu comme un tortionnaire aigri. Il faut dire que je n'ai jamais été un employé modèle, je ne peux pas lui en vouloir d'avoir été aussi dur avec moi. Finalement, je crois bien que j'aurai agit pareil à sa place. Je n'étais pas du tout investi par ce que je faisais pour cette société et bien souvent je m'arrangeais pour sécher le travail. Bref, j'étais un boulet. Je devrais lui être reconnaissant pour m'avoir gardé plusieurs années en poste.

Avant d'appuyer sur le bouton d'appel de mon téléphone je n'avais pas vraiment réfléchi à ce que j'allais lui dire. J'avais pensé qu'il me raccrocherait au nez. Il a l'air de vouloir engager la conversation. Je dois faire attention et ne pas le laisser supposer que je puisse être quelqu'un d'autre que celui que je suis sensé être.

- Je suis... perdu. Je voudrais un conseil. Vous êtes un homme de pouvoir dans votre magasin ?

- En général, oui, mais avec vous, je n'ai jamais eu le dessus.

Le Geek Ultime (2. Intertwined Destinies)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant