La louve et le rebelle

Prologue - Rebel

Merde, je suis en retard...

Je mets les lunettes de soleil et vérifie ma coiffure dans le rétroviseur. Puis je sors de la voiture en vitesse, verrouillant cette dernière tout en m'éloignant.

Aglaë va encore m'en vouloir si je ne viens pas voir son fils nager - alors que je n'en ai strictement rien à cirer.

Je préférerais que sa mère lui apprenne à se transformer et à se battre, mais il semblerait qu'elle trouve plus important de lui faire faire des activités d'humain.

Je pousse la porte de la piscine municipale d'un geste nonchalant, adressant un regard tellement meurtrier à la fille qui gère l'accueil qu'elle n'ose pas m'adresser la parole.

Je ne prends donc pas la peine de sortir mon invitation et passe au-dessus de l'engin censé me faire entrer légalement, sous le regard interdit de la fille.

Idiote.

Priant pour qu'Aglaë n'ait pas remarqué mon absence, j'arrive rapidement dans la pièce contenant le grand bain. Celui où se déroulent les compétitions, donc.

Il y a un monde pas possible dans la salle, à tel point que le mélange d'odeurs corporelles allié au fort parfum du chlore me fait plisser le nez.

Je repère pourtant sans mal l'aura de ma sœur - je rêve ou elle est en train de flirter avec le maître-nageur ?

Irrécupérable, celle-là.

Je ne peux m'empêcher de sourire en observant sa cible, moqueur.

Pas étonnant qu'il soit emballé.
Longs cheveux bruns, peau tannée, yeux clairs et jolies formes, le tout surmonté d'un charisme envoûtant et de beaucoup de confiance en soi. Personne ne résiste aux charmes de ma sœur aînée.

Elle a vraiment un faible pour les humains. Mais bon, je ne vais pas me plaindre.

La dernière fois qu'elle s'est entichée d'un loup, elle a découvert qu'elle était enceinte le jour même où on a su que le concerné était en vérité un espion des Crawford. Un vrai fiasco.

Alors que j'étais occupé à regarder Nathaël nager - qui se débrouille plutôt bien, pour un gosse de quatre ans - un homme crie soudainement dans son micro et fais trembler mes tympans.

Je laisse échapper un léger grognement, que personne n'entend, puis me tourne vers le podium qui marque la fin de la compétition précédente.

"La première place du Grand Prix de ce mois-ci revient bien évidemment à notre championne régionale..." fait-il, occupé à donner sa médaille à une jeune fille blonde qui baisse alors légèrement la tête pour la recevoir. "Louve Crawford !"

Mes yeux se posent sur la concernée, dont le regard croise brièvement le mien pile au moment où elle relève la tête pour saluer la foule.

Merde !

Mon loup s'agite instantanément, et je m'efforce difficilement de rester calme.

Il veut déployer son odorat au maximum pour s'imprégner de son odeur, il veut que tout le monde se taise pour qu'il entende sa voix, que tout le monde s'écarte pour qu'il la touche.

Je sens presque mon cœur faire un bond dans ma poitrine quand elle sourit à la foule, dévoilant son visage en replaçant ses mèches rebelles.

D'un geste lent, je retire mes lunettes de soleil sans cesser de l'observer.

Aglaë est pas mal. Elle, elle est tout simplement splendide - au point que je peine à lui trouver un défaut physique.

Ses cheveux blond vénitien, délicieusement ondulés, sont coupés aux épaules et encadrent avec grâce un visage des plus harmonieux. Ses traits sont fins et tellement réguliers, ses yeux bleu océan ont l'air si joueurs. Elle arbore de quelques taches de rousseur sur le nez, et je me sens partir quand ses jolies lèvres roses s'étirent dans un sourire ravageur.

Son corps semble avoir été sculpté par les Dieux eux-mêmes. C'est un mélange parfait de muscles, de féminité et de minceur. La taille fine, les jambes musclées, les épaules dessinées juste comme il faut, une belle poitrine - le tout surplombé d'une peau lisse et bronzée.

"Mienne." je murmure.