Chapitre 27 - Rebel

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« Je serais toi, je serais vexé. » je murmure d'une voix encore somnolente, inspectant le petit serpent dodu auquel je parle. « Tu n'es pas l'air de beaucoup lui manquer, mon vieux. »

Je suis encore en train d'émerger, quittant à peine le rêve complètement loufoque dans lequel j'étais plongé.

Louve s'est levée avant moi, ce qui est sûrement lié au fait que la surprise de Lys ait lieu aujourd'hui, et n'a visiblement pas songé à me réveiller. À moins qu'elle n'en ait eu l'intention quand elle a quitté le chalet en claquant la porte. Si c'était le cas, ça a fonctionné.

Mais je m'en fiche.

Elle a dormi avec moi – enfin – alors que je crois que rien ne m'atteindra aujourd'hui. Aglaë peut me casser les bonbecs autant qu'elle veut – quoi qu'elle se fasse discrète depuis mon engueulade – et Babacar peut même venir nous chercher les noises. Rien ne m'atteindra aujourd'hui.

« Faut pas que j'oublie de lui souhaiter son anniversaire... » je grogne en me redressant, me désintéressant bien vite du doudou de ma protégée. « Elle va vraiment m'en vouloir, ce coup-ci. »

J'ai à peine le temps de me frotter les yeux que déjà, le lien de meute m'interpelle et la voix d'Antos résonne dans ma tête.

Rebel, entends-je mon Bêta s'adresser à moi, et je croise déceler un brin d'inquiétude dans la précipitation de son message. Je suis chez toi dans cinq minutes, je t'amène les Furlupine.

J'ai un moment d'arrêt, fronçant les sourcils d'incompréhension.

Les quoi ? Qu'est-ce que les Furlupine font chez moi ? Qu'est-ce qu'ils font ici, et en plus à cette heure, alors qu'ils n'ont même pas été foutus de répondre à mon courrier ? Ils ne peuvent pas faire comme tous les loups et fonctionner par correspondance ?

Je réalise tout à coup la situation. Un membre d'une meute avec laquelle j'espère établir une alliance s'est déplacée d'elle-même pour établir un contact et je suis encore dans mon lit, en bas de jogging, les cheveux en bataille.

Euh... oups ?

Je me lève d'un bond. Je saute dans un jean et attrape un tee-shirt dans mon armoire à la volée, l'enfilant tout en descendant les escaliers. Ça m'étonnerait qu'Antos ait la mauvaise idée de les faire sonner chez moi – je trouve que ce serait terriblement intrusif – mais il faut au moins que je m'assure que l'entrée est praticable.

Mais, devinez quoi ?

Quand j'arrive au rez-de-chaussée, je réalise avec un bonheur immense que tout a été rangé. C'est assez évident, d'ailleurs. Le salon a retrouvé son calme d'antan et il n'y a plus la moindre petite décoration qui traîne sur le canapé.

Louve a été efficace ce matin et au fond, je m'attendais à ce que ce soit le cas. Ruben s'est assuré que Lys l'accompagnait jusque chez l'une de nos meutes alliées, et ils ont dû partir tôt ce matin parce qu'il y a de la route. Ma promise a dû prévoir de se mettre au travail dès lors qu'ils avaient quitté les environs, si bien que je suis à peu près certain qu'elle s'est déjà rendue sur les lieux avec Lilia.

« Dites-moi que je rêve... » je grince en apercevant plusieurs silhouettes derrière le verre de ma porte d'entrée, attrapant une veste à la volée.

J'ouvre la porte sans cérémonie, m'attendant à trouver Antos avec un messager des Furlupine. C'est toutefois un couple de loups qu'il accompagne, et ces derniers cessent de parler lorsqu'ils m'aperçoivent. Quand l'homme se tourne vers moi, je me fige.

Je dois me faire fureur pour hocher la tête, et le fais avec une hésitation que je ne me connaissais pas. Fuyant le regard interrogateur d'Antos, je me contente de m'approcher en réfléchissant à toute allure.

La louve et le rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant