La louve et le rebelle

Chapitre 28 - Louve

« Non mais vous y croyez, vous ? » je râle toute seule, quittant la salle de réception décorée par mes soins pour me diriger vers les cuisines. « L'autre me rajoute trois gars qu'on ne connaît pas et fout mon plan de table en l'air deux heures avant la fête. »

Rebel me fatigue. Je pense qu'il ne le fait pas exprès et qu'il est juste idiot – ce qui fait, hélas, que je n'ai pas le droit de lui en vouloir – mais il me fatigue quand même.

J'avais préparé un plan de table. Oui, je sais, ça fait mariage. Le souci, c'est que plusieurs loups de ma meute ne s'entendent pas et que Rebel lui-même m'a demandé de faire en sorte que ceux qui n'ont pas d'atomes crochues ne se croisent pas plus que nécessaire. Alors Lilia et moi avons élaboré un plan de table, et Dieu sait à quel point s'était difficile.

Ainsi, le fait que nous devions rajouter les trois loups de la meute Furlupine – quel nom pourri, franchement – est une vraie catastrophe. Je suis dérangée par leur présence au point d'être à deux doigts de les installer quelque part tous les trois tous seuls. Ou à la table des enfants, à la limite. 

« Louve ? » s'étonne la sœur de Rebel en me voyant entrer dans les cuisines, se tournant vers moi tout en essuyant ses mains contre son tablier. « Qu'est-ce que tu fabriques encore ici ? »

Je hausse un sourcil.

Quoi, je n'ai pas le droit d'aller où je veux ?

Il n'y a pourtant pas la moindre once d'agressivité, ni même de reproche, dans les propos d'Aglaë. Vêtue d'un tablier sombre, ses cheveux épais attachés en une tresse délicate, elle s'occupe des derniers mets du repas de ce soir. 

Rania était censée l'aider, mais je lui ai gentiment fait remarquer qu'elle me tapait sur le système ce matin – nous n'étions encore qu'au montage des tentes que déjà, elle parlait fort et faisait n'importe quoi. Insupportable, cette nana. En réponse, la rousse m'a piquée une crise avant de partir sans rien dire et depuis, nous ne l'avons plus vue. J'en suis secrètement très heureuse.

Quoi qu'il en soit, Aglaë a assurée comme une chef alors qu'elle a pratiquement cuisiné toute seule pour tous les invités. Cette femme me met de plus en plus mal à l'aise.

Vous êtes témoin – bien qu'elle ne m'ait pas énormément parlé depuis mon arrivée ici, elle s'est montrée extrêmement désagréable lors de notre première rencontre et j'attends toujours ses excuses. Mais aujourd'hui, elle a été...

Hum, disons qu'elle s'est comportée de façon décente. Je déteste le dire, mais c'est le cas. Elle s'est montrée conciliante, a accepté de faire tout ce que je lui ai demandé et – plus improbable encore – elle n'a fait aucune réflexion alors que Nathaël m'a sauté dans les bras quand lui et Alyrah sont passés nous voir dans l'après-midi. Bon, il est vrai que j'ai surpris la vieille louve lui jeter un regard noir à ce moment-là pour l'en dissuader – mais quand même, ça reste étonnant. Même Lilia a eu l'air surprise.

Personnellement, je reste méfiante.

« Tu dois aller te préparer, ma belle. » fait la sœur de mon âme-sœur d'un ton mielleux – à moins que ce ne soit moi qui voie le mal partout ? – avant d'enfourner le dernier plat pour ce soir. « Ça commence dans moins de deux heures et il faut qu'on soit tous arrivé avant. »

Je jette un regard à la montre qui se trouve autour de mon poignet, grimaçant en posant les yeux sur l'appareil. Je ne sais pas ce qui m'agace le plus. Le fait qu'il ne me reste exactement qu'une heure et quarante-quatre minutes pour me préparer, finaliser l'organisation et accueillir tous les invités – ou bien le fait que la montre soit beaucoup trop grande pour mon poignet fin.