Chapitre 4 - Louve

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Lorsque je descends dans le majestueux salon de ma maison de substitution, je remarque que mon garde du corps est occupé à tourner en rond devant le canapé. Les yeux fixés sur son téléphone, il ne remarque même pas mon arrivée.

« Bon, tu vas me dire que je fais là ou tu vas continuer de t'embrouiller par message avec ta copine ? » je demande sans lui jeter un regard, m'asseyant sur le sofa avant de croiser les jambes. « J'ai d'autres choses à faire et ta compagnie m'insupporte, alors ce serait bien de faire vite. »

Apparemment habitué à mon insolence, le concerné ne bronche pas et se contente d'envoyer un dernier message avant de ranger son cellulaire dans la poche arrière de son pantalon.

« D'accord, on va commencer par bien mettre les choses au point... » fait-il en faisant craquer les articulations de ses doigts, ce qui a le don de m'horripiler. « Moi et mes collègues avons décidé de te dire pourquoi nous sommes enfermés là, pour la simple et bonne raison que ça te sera bénéfique. En sachant à quoi t'attendre, tu sauras te débrouiller seule si les choses tournent mal au cours d'une attaque, et que je ne suis plus capable de te protéger. »

Je plisse les yeux, étrangement inquiète par ces propos et attendant impatiemment la suite.

D'habitude, je ne suis pas curieuse. Les affaires louches de mes parents et le sort de mes deux frères aînés, qui avaient jugés intéressant de plonger le nez dans les affaires de leur père, j'ai toujours préféré ne me mêler seulement de ce qui me regarde.

Mais ça me concerne un peu, là...

Alors pourquoi est-ce que je n'arrive pas à me faire à l'idée que je suis peut-être en danger ? Pourquoi est-ce que je réagis comme ça ? N'est-ce pas bizarre que ça ne me touche pas ?

Ça ne me ressemble pas. J'ai toujours été quelqu'un de réfléchi.

« Mais ton père nous a interdit de te révéler quoi que ce soit... » soupire mon garde du corps en se frottant la nuque, visiblement embarrassé de devoir désobéir aux ordres de son supérieur. « Je ne sais pas pourquoi, c'est idiot. Quoiqu'il en soit, je veux que tu jures de ne rien lui dire. »

Voilà quelque chose que je n'ai jamais saisi.

Je suis quelqu'un de bien, alors c'est inutile de me faire jurer quelque chose que je n'aurais pas fait dans tous les cas. En revanche, si j'étais mesquine, j'aurais tout à fait pu jurer et mentir. Donc au final, je ne vois pas bien l'intérêt de donner ma parole – ça n'a absolument aucun sens.

« Oui, oui... » dis-je en balayant sa remarque du revers de la main. « Je ne dirai rien à mon père. Je le jure. Tu ne voudrais pas cracher le morceau, au lieu de tourner autour du pot ? »

Il déglutit.

« C'est assez délicat. »

Je fixe mon garde du corps avec patience, attendant qu'il parle de lui-même. Inutile de chercher à le presser, ça ne va que l'angoisser davantage.

« Tu as l'âme sœur d'un loup-garou. » lâche-t-il enfin, avant de s'asseoir sur un fauteuil pour être juste en face de moi.

Je cligne des yeux.

Je suis l'âme-sœur d'un loup-garou...

En voilà une, d'histoire. D'autant plus que je ne sais absolument pas ce que ça signifie.

Pour des raisons sombres, mes parents ont toujours détesté les loups-garous – quand bien même ils fassent maintenant pleinement partie de la société. L'un de mes frères m'a dit, il y a plusieurs années, que ma mère avait un passé sombre avec eux. Je ne sais même pas si c'est vrai.

La louve et le rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant