Je suis en vie.
C'est la première chose que je constate quand, non sans un immense soulagement, j'émerge. Éblouie malgré mes paupières closes et les membres terriblement engourdis, je grimace et me tortille. La cheville que je me suis tordue dans la forêt heurte alors vivement un morceau de bois sorti de nulle part, me faisant sursauter.
Ce n'est pas... mon lit ?
J'ouvre immédiatement des yeux et me redresse en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, plus inquiète que je ne l'admettrais jamais.
La pièce dans laquelle je me trouve – et dans laquelle je semble avoir passé la nuit – ressemble à une petite cabane qu'une sorcière construirait dans la forêt. Non, vraiment. Je suis sérieuse, tout y est – mon lit est entouré de barrières boisées comme si j'étais un nourrisson qui pouvait tomber à tout moment, il y a une table remplie de produits inidentifiables du côté de la seule fenêtre et l'odeur musquée qui flotte dans l'air me donne la nausée.
Heureusement, je remarque qu'on s'est tout de même bien occupé de moi – la moindre des choses après m'avoir kidnappé sans mon accord. Ma cheville a été bandée, je n'ai pas attrapé froid grâce à l'épaisse couverture avec laquelle on m'a bordée et personne ne semble avoir touché à mes affaires.
Parce que oui, je viens de réaliser ce qui s'était passé la nuit dernière.
Mon père n'est jamais venu m'aider comme je l'avais espéré. C'est Rebel Trucmuche qui a surgi de nulle part et m'a rattrapé avant que je ne m'écroule dans la forêt – et quel souvenir désagréable, bon sang. Je suis sûre que cet ahuri a attendu que je sois bien fatiguée pour me ramasser à la petite cuillère.
Je le déteste, de toute façon.
« Cette odeur est vraiment très envahissante... » je grince à voix basse, retroussant le nez avec répulsion tout en grimpant sur une des barrières pour descendre du lit. « Ce sont ces herbes qui sentent comme ça ? »
« Effectivement, certaines de mes herbes médicinales ont une odeur bien particulière ! » s'exclame une voix féminine alors que l'unique porte de la pièce s'ouvre brusquement. « Mais ne t'inquiète pas. Ceci n'est pas ta chambre définitive. »
Surprise, je lâche malgré moi mes appuis et mon pied glisse immédiatement de la barrière. J'en tombe, grimaçant quand mon dos heurte lourdement le bois du sol.
Mais quelle idiote, celle-là !
Agacée, je me redresse et dévisage la dame d'une cinquantaine d'années qui m'a fait si peur.
« Est-ce que tu t'es fait mal, ma douce ? » fait-elle en s'approchant pour poser une main sur mon épaule, semblant imperméable à mon regard le plus meurtrier. « Ta cheville te fais souffrir ? »
Je me suis énervée à son arrivée parce qu'elle m'a surprise mais là – là, elle abuse.
« Est-ce que c'est une plaisanterie ? » je réponds alors d'un ton glacial, repoussant son contact du revers de la main. « D'où est-ce que vous sortez, vous ? D'où est-ce que vous me touchez ? D'où est-ce que vous m'appelez ma douce ? J'ai l'air d'une gamine de cinq ans ? Ça vous plairait si je vous appelais ma vieille ? »
Son visage se décompose et elle s'écarte, silencieuse.
Enfin, elle a compris !
Mourant d'envie d'en rajouter une couche – mais me retenant tant bien que mal parce que je trouve qu'elle a déjà eu son compte – je l'observe tandis qu'elle s'éloigne de moi.
Elle a un peu l'air d'une sorcière, mais sans la verrue sur le nez. Ses vêtements ne ressemblent à rien – pardon mais c'est vrai – ses cheveux toucheraient certainement le sol s'ils n'étaient pas lourdement tressés et le fait qu'elle prépare un drôle de mélange avec ces plantes dont elle m'a parlé la rend flippante.
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La louve et le rebelle
WerewolfLouve est une jeune fille particulière. Aussi prétentieuse qu'intelligente, aussi belle que manipulatrice, elle a plus d'un tour dans son sac et gère toutes les situations avec sang-froid. Elle est toutefois prise de court quand son père la fait e...