La louve et le rebelle

Chapitre 26 - Louve

« C'est une mauvaise idée... » je râle en tenant ma robe contre moi, m'agaçant que le vent s'évertue à essayer de la soulever. « Je suis sûre qu'on va juste encore plus cracher sur mon dos. »

À côté de moi, Lilia ne semble même plus m'écouter. Étant donné que ça doit être la troisième ou quatrième fois que je dis ce genre de choses, je ne peux pas dire que ça m'étonne.

Nous nous dirigeons toutes les deux là où la meute a l'habitude de prendre tous les repas en semaine. J'aurais préféré rester sagement chez moi et me débrouiller pour me faire quelque chose à manger, mais Lilia m'a convaincue de me montrer un peu plus conciliante vis-à-vis de Rebel et de sa meute.

Alors me voilà.

Elle et moi avons une longue conversation, ce matin. Une discussion plutôt houleuse, étant donné qu'elle a débarqué au chalet avant même que je n'aie le temps de prendre mon petit déjeuner. Du coup, j'ai été d'une humeur massacrante toute la journée.

Mais ça en valait la peine, dans un sens. Mon amie – parce que je considère que nous sommes devenues suffisamment proche pour que je me permette de l'appeler ainsi – m'a expliqué que Rebel semblait aller mal.

Je ne le savais pas, mais Lilia travaille beaucoup avec mon âme-sœur. Elle m'a dit qu'elle était comme un bras droit, pour lui. Elle était davantage avec moi ces derniers temps, mais elle a tout de même eu l'occasion de remarquer que Rebel était déconcentré. Il serait apparemment constamment épuisé et frustré parce que la relation que j'entretiens avec lui n'est pas normale.

J'ai protesté et expliqué à Lilia qu'aucune relation ne pouvait être qualifiée de normale – ça ne veut rien dire, ça – mais elle n'a rien voulu entendre. Elle a simplement décrété que je devais faire un peu plus d'effort, encore, et m'a demandé de me joindre la meute le soir pour profiter du dîner avec l'ensemble des loups. Dans un moment de faiblesse, j'ai dit oui.

« Depuis quand est-ce que tu te soucies de ce que les autres disent de toi, hein ? »

Je me tourne vers mon amie et pince les lèvres, m'abstenant de tout commentaire.

C'est vrai, ça. Depuis quand est-ce que le regard des autres m'importe ? Était-ce avant, ou bien après que je ne décide subitement que ma place était au sein d'une meute de loups qui me détestent plus les uns que les autres ?

Je suis presque sûre d'être un poids pour Rebel...

Suite à une insistance de ma part – je voulais savoir pourquoi est-ce que le lien qui nous unit m'indiquait qu'il cogitait – il m'a confié dans la semaine qu'il avait eu une altercation avec sa sœur me concernant. J'ai été partagée entre une rapide compassion et un immense sentiment de satisfaction. Sa sœur est quand même est vraie peste, ne l'oublions pas.

Quoiqu'il ne soit, je ne suis pas aimée et je le sais. Personne n'a cherché à apprendre à me connaître, et je ne m'en suis pas particulièrement plainte. Et moi, leur ai-je seulement laissé une chance de me montrer qui ils sont ?

C'est pour ça, que j'ai dit oui à Lilia.

Je baisse les yeux quand nous approchons de la tente, étrangement anxieuse. Je n'ai pas spécialement envie que le silence se fasse à mon arrivée et que tout le monde me dévisage comme si j'étais une otarie.

« Louve, ça va aller. » soupire Lilia avec un petit sourire, semblant partagée entre la compassion, l'amusement et la perte de patience. « Je t'assure que personne ne fera attention à toi. »

« Mais oui, c'est ça... » je marmonne en m'aventurant la première dans la tente, décidant de prendre le taureau par les cornes.

Et là, c'est la surprise. Mon amie avait raison.