Chapitre 42 - Louve

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J'émerge dans un sursaut, et esquisse un léger mouvement de recul quand la tête de Nathaël – en gros plan – est la première chose que je vois.

« Tu sens cette odeur ? » me demande-t-il avec bien trop d'énergie, et je me frotte les yeux en grommelant pour toute réponse.

Je plisse le nez, essayant de percevoir un quelconque parfum inhabituel – mais évidemment, je ne sens rien du tout si ce n'est l'odeur de pourriture qui trône dans cette maudite pièce où nous sommes enfermés.

« Parce que tu sens quelque chose, toi ? »

Il soupire et gonfle les joues, me regardant comme si j'étais la dernière des idiotes. Je hausse un sourcil et penche la tête en signe d'avertissement, assez vexée qu'un enfant puisse me regarder de cette manière. Ah là là, les jeunes.

« Bah, Tonton Rebel. » déclare-t-il avec assurance, et j'ouvre des yeux ronds à la mention de mon âme-sœur. « Tu pourrais reconnaître ton chéri, quand même. »

Je dois bien me répéter trois fois les mots de Nathaël dans ma tête pour être certaine de ne pas me méprendre. Il vient de dire qu'il sent Rebel, n'est-ce pas ? Est-ce qu'il raconte n'importe quoi, ou son oncle est-il vraiment dans les environs ?

Ce serait génial.

« Il y a quelqu'un d'autre... » continue Nathaël en fronçant les sourcils, semblant réellement décontenancé. « J'ai l'impression que je le connais, mais je me souviens plus. »

« Attends, attends. » je l'arrête, bien moins intéressée par ce mystérieux inconnu que par l'éventuelle présence de mon âme-sœur. « Tu veux dire que... Tu sais qui se trouve derrière cette porte ? »

Il arrête de réfléchir et se tourne vers moi, nonchalant.

« Bah, oui. » fait-il, et ce comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. « Pas toi ? »

Je ferme les yeux et souffle par le nez, exaspérée. Evidemment – c'est vrai que c'est courant, de littéralement sentir les gens arriver. Le fait que ce soit si naturel explique sans doute que Nathaël n'ait pas jugé nécessaire de m'en informer plus tôt.

Je ne suis pas certaine que cette information aurait pu nous servir, cela dit. Mais nous aurions éventuellement pu tenter quelque chose si l'enfant m'avait appris, à un moment donné, qu'il n'y avait plus personne dans les environs pour nous surveiller.

M'enfin, un peu tard pour ça.

Me forçant à me redresser, j'observe un instant la porte en me demandant si nous ne devrions pas faire un maximum de bruit dans le but d'attirer l'attention.

Je ne suis pas sûre que ce sera efficace. Depuis que nous avons été enfermés dans ce vulgaire cachot, et ça fait certainement déjà un petit moment – j'ai perdu toute notion du temps parce que j'ai dormi – personne n'est venu nous rendre visite et nous n'avons strictement rien entendu.

Ainsi, si par miracle Rebel se trouve derrière cette porte, je crains qu'il ne nous entende pas même si nous décidons de crier à l'aide. 

« Est-ce que vous avez aussi des oreilles supersoniques ? » je demande à Nathaël, quasiment sérieuse. « Parce que ça m'arrangerait bien, là tout de suite. »

Il n'a pas le temps de me répondre. La porte se déverrouille en silence, et Nathaël et moi ouvrons tous deux des yeux ronds comme des soucoupes tandis que je m'attends à voir à voir Robin débarquer. À tous les coups, il a subitement décidé que nous étions inutiles et vient nous couper la tête afin d'en faire son quatre-heures. 

La louve et le rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant