Chapitre 5 - Louve

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Je m'effondre sur le lit de ma nouvelle chambre avec désespoir, complètement déboussolée par la situation dans laquelle je me trouve.

Ma vie est finie.

Un loup-garou ayant la réputation d'être particulièrement violent est à ma recherche, parce qu'il a décidé que j'étais son âme sœur et qu'il ne pouvait pas se passer de moi – au secours. Et comme si ce n'était pas suffisant, mon père m'a envoyée en plein milieu de la forêt avec un abruti tout en sachant que je finirais par être retrouvée par le principal concerné.

Et attendez – vous ne savez pas le pire ! Cette idiote de Lucia avait bien mis mon ordinateur dans ma valise, et mon appareil a donc l'écran fissuré.

Comment est-ce que je vais passer les épreuves anticipées de mon baccalauréat ?

Quand je me suis rendue compte de la catastrophe, j'ai immédiatement fait le tour de la maison pour en trouver un encore utilisable. Mais j'ai un beau retourner toutes les pièces une par une – ce que mon présumé garde du corps n'a pas trop apprécié, au passage – pas moyen de mettre la main sur un ordinateur.

Evidemment, j'ai tout de suite voulu appeler ma mère pour qu'elle me fasse parvenir un nouvel appareil dans un délai des plus bref. Mais, devinez quoi ?

Il n'y a pas de réseau dans ce trou paumé.

Alors si par miracle l'Alpha qui veut me kidnapper à vie ne se charge pas de me pourrir l'existence jusqu'à ma mort, ce sont mes parents qui s'en chargeront parce que je n'aurais pas passé mon baccalauréat de Français.

Je prends une profonde inspiration et me redresse sur les coudes, réfléchissant à une autre solution. Peut-être que je devrais demander de l'aide à la seule personne qui vit ici avec moi ? Ou alors, je pourrais peut-être essayer de me barrer cette nuit et de marcher jusqu'à pouvoir appeler ma mère ?

Après réflexion, je décide de tenter la première option et saute de mon lit pour sortir de ma chambre – je n'ai pas vraiment envie de me perdre dans une forêt de nuit juste pour appeler ma mère, finalement.

Je dévale les escaliers avec énergie, espérant que le garde du corps ne me l'a pas faite à l'envers et est toujours dans la maison. Après tout, il ne m'a certainement pas tout expliqué pour rien. Peut-être qu'il voulait juste me briefer avant de mettre les voiles !

« Il y a quelqu'un ? » je crie en arrivant au rez-de-chaussée, balayant du regard le gigantesque salon dans lequel nous avons discuté tout à l'heure. « Où es-tu, genre de garde du corps ? »

Je n'obtiens aucune réponse, si ce n'est la délicieuse odeur qui me parvient depuis la cuisine ouverte, à l'autre bout de la pièce. Non mais j'hallucine, cet ahuri préfère cuisiner plutôt que de me répondre.

« C'est affreusement impoli de ne pas répondre quand quelqu'un vous adresse la parole, je vous signale... » je déclare en entrant dans la pièce, y trouvant le soldat sensé me protéger. « Vous n'avez aucune éducation, ou quoi ? »

Le concerné pouffe – il n'y a rien de drôle, non ? – tout en faisant sauter une crêpe dans une poêle. Son geste est tellement maîtrisé qu'on croirait qu'il a fait ça toute sa vie. Mais j'espère que ce n'est pas le cas, parce que ce n'est pas en faisant des crêpes qu'il parviendra à me protéger.
À moins qu'il se défende de la même façon que Raiponce ? Vous savez, celle qui a des cheveux de quinze kilomètres ?

« Il fallait bien que quelqu'un fasse à bouffer et, je ne sais pas trop pourquoi... » soupire le jeune homme, se retournant pour m'adresser un sourire ironique. « J'ai dans l'idée que tu n'es qu'une sale gamine bien trop superficielle pour savoir cuisiner. »

La louve et le rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant