Chapitre 10 - Louve

1.7K 111 6
                                    

La mine renfrognée, j'observe le plafond de ma chambre depuis maintenant vingt minutes. Lâchant un long soupir et cachant mon visage derrière mes bras, j'essaie désespérément de sortir de ma tête cette discussion que j'ai eue avec Rebel.

Quelle affaire...

Je ne sais pas quoi penser de ce qui passe actuellement dans ma vie.

J'ai été kidnappée par un loup-garou ayant la réputation d'être sanguinaire, alors ne devrais-je pas essayer de m'enfuir ? Qu'est-ce que j'attends, à rester plantée là ? Et pourquoi est-ce que mon père n'est-il toujours pas venu me récupérer ?

Je ne suis même pas sûre que mes parents me cherchent. Je veux dire, je sais qu'ils m'aiment – est-il seulement possible de ne pas m'aimer ? – mais je n'ai plus entendu parler d'eux depuis que cette équipe de garde du corps a pris la relève. Est-ce que qu'ils ont peur de la meute de toutous qui m'a enlevée ? C'est pour ça que mon père n'a pas encore envoyé Sacha et Robin ?

Quoi qu'il en soit, je dois trouver le moyen de partir d'ici.

Hors de question que je reste avec ce gars étrange et devienne la figure maternelle d'une meute de loup. Au vu de mon caractère, c'est limite ironique. Ma place n'est définitivement pas ici.

Allez, je me casse.

Déterminée, je saute du lit et attrape mon sac avant de le caler sur mon dos. Assez perdu de temps comme ça, il faut que je quitte cet endroit avant que Rebel Trucmuche réalise qu'il vaut mieux ne pas me laisser seule s'il veut me garder.

Boitillant à cause de ma cheville, et résistant à l'envie de fondre en larmes quand je réalise que j'en ai certainement pour un moment avant de me rétablir et de recommencer à nager, je me dirige vers la porte du petit chalet et l'ouvre sans plus de cérémonie.

Le paysage qui s'offre alors à moi est des plus étonnants – mais également des plus agréables.

Toutes les habitations se ressemblent comme deux gouttes d'eau, si ce n'est que certains chalets sont plus grands que d'autres. Ils sont reliés par des chemins pavés de pierres blanches et tous décorées de façons différentes. Je plisse les yeux lorsqu'au loin, j'aperçois cinq enfants se courir après près d'une gigantesque fontaine. Eh bien, je pensais à tort que les loups vivaient comme des sauvages. Tout ce qui se trouve ici respire le bonheur et la sérénité – à un point que c'en est presque écœurant.

Je roule des yeux, fatiguée par mes propres pensées. À m'écouter, encore un peu et on se croirait dans le village des Schtroumpf.

Soudain, un petit reniflement peu glamour atteint mes oreilles. Légèrement surprise, je baisse les yeux pour apercevoir un nain juste en face de moi.

Ah non, c'est un enfant. Un enfant morveux, apparemment. Ce qu'il fabrique ici et pourquoi il me regarde avec cet air de merlan frit, je n'en ai aucune idée – mais c'est un enfant morveux.

« Salut Tata. » fait-il en me dévisageant avec amusement, souriant tellement fort que je remarque que ses deux dents du milieu sont anormalement écartées l'une de l'autre.

J'ouvre des yeux ronds, prise de court.

Salut... quoi ? Pourquoi est-ce qu'il vient de m'appeler tata ? Il m'a confondue avec quelqu'un d'autre ? Je veux bien croire que les enfants sont souvent idiots, mais à ce point-là ?

« Comment tu m'as appelée, le mioche ? » je grince avec méfiance, me reculant de deux pas tout en dévisageant le môme qui a interrompu mon opération de fuite.

Il me sourit à nouveau avec innocence, et je crispe la mâchoire tout en continuant de l'observer.

Je n'aime vraiment pas les enfants, d'habitude. Genre, vraiment pas.

La louve et le rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant