La louve et le rebelle

Chapitre 21 - Louve

Il y a des choses que l'on ne s'explique pas. Parfois, des évènements se produisent pour on ne sait quelle raison et nous sommes incapables d'en donner une explication scientifique. Par exemple, j'ai un mal fou à justifier la guérison exceptionnelle de ma cheville.

Confortablement assise dans le canapé, je scrute mon pied tout en songeant que je suis complètement remise. J'ai bandé ma cheville hier par sécurité avant d'aller nager, mais il n'y avait déjà plus qu'un petit bleu et il n'y a désormais plus rien. Incompréhensible, je vous dis.

M'enfin bon, tant mieux.

D'autant plus qu'il y a une question bien plus importante à laquelle je dois répondre pour le moment. À savoir, le plus important lorsqu'on organise un anniversaire surprise - et même une fête en général. Le menu.

Ma première idée a été de prévoir plusieurs alternatives afin que tout le monde – carnivores comme végétaliens – aient de quoi manger. Mais après réflexion, je ne pense pas qu'il existe des loups-garous ne mangeant pas de viande.

Ce sera certainement la première question que je poserai à cette Lilia quand elle arrivera. Je ne vais pas pouvoir lui faire faire grand-chose parce qu'on n'est jamais satisfait que par soi-même, mais elle pourra au moins me renseigner sur les goûts et habitudes de la meute et des loups-garous en général.

Exactement au moment où je me fais cette réflexion, on toque trois fois à la porte de façon stricte. Je me lève en roulant des yeux, râlant déjà que mon invitée n'ait pas utilisé la sonnette – c'est fait pour ça, elle n'est pas au courant ?

J'imagine déjà une nerf gonflante et complètement coincée. Eh bien, c'est en vérité bien pire – je le réalise dès lors que j'ouvre la porte.

« Bonjour. » me dit la louve avec un sérieux déconcertant, remontant ses lunettes d'un geste machinal. « Je suis Lilia, et suis là pour vous aider à organiser la fête d'anniversaire de Lys. »

Plissant les yeux, je l'observe un instant d'un œil critique.

Elle porte un tailleur féminin alors qu'il fait exceptionnellement chaud aujourd'hui, des lunettes si rondes qu'on croirait des yeux de hiboux et a vraiment un style que l'on pourrait qualifier de ringard – voire même naze, en fait.

« Ok, cocotte. » fais-je en me plaçant juste devant elle, croissant les bras avec défiance. « Tu n'entre pas si tu ne te décoince pas immédiatement et que tu ne me tutoies pas, c'est clair ? »

Contre toute attente, elle ne joue pas du fait qu'elle mesure bien vingt bons centimètres de plus que moi pour me rendre ridicule ni ne grimpe sur ses grands chevaux comme je m'y attendais.

Au contraire, la louve m'adresse un bref hochement de tête et semble très facilement accepter ma personnalité. C'est inhabituel. 

« À vos ordres – enfin, à tes ordres. » fait-elle en m'adressant un clin d'œil, et j'écarquille les yeux de surprise devant cette soudaine familiarité. « Et crois-moi, je suis beaucoup moins coincée que j'en ai l'air. »

Je suis soufflée, vraiment. Pour une fois que quelqu'un ne m'envoie pas balader, je ne saurais presque pas comment réagir.

« Hum. » dis-je avec un sourire malicieux, me glissant derrière elle pour la pousser dans la maison avant qu'elle n'ait le temps de protester. « Je sens qu'on va bien s'entendre, Lilia. »

Un quart d'heure plus tard, mes prévisions se sont confirmées.

Cette Lilia est géniale, tout simplement géniale. Elle cède à tous mes caprices – permettant même leur réalisation – est d'accord pour s'occuper de toutes les tâches les plus ennuyantes et est tout à fait capable de répondre à mes questions. Cette fête va être splendide, c'est moi qui vous le dis.