La louve et le rebelle

Chapitre 37 - Rebel

« Rebel... » soupire Antos, et je n'en peux réellement plus de ce ton qui suinte la pitié. « Je viens de te faire remarquer que les Furlupine sont des alliés de choix et nous ont apportés une aide précieuse suite à l'attaque. Pourquoi ne pas répondre à leur invitation ? »

Je roule des yeux, songeant que ça me semble assez évident.

Il est vrai qu'Ambros et ses loups nous ont beaucoup aidés dernièrement, mais nous n'avons assurément plus besoin d'eux. Maintenant que mon âme-sœur est retournée auprès de ses parents, Tiego – et donc Babacar, puisque ce dernier n'est rien sans le père de Louve – n'est plus une menace pour ma meute. D'autant plus que les blessés minimes de ma meute s'étant désormais remis, nous n'avons plus besoin d'être soutenus comme ça a pu être le cas auparavant.

« Aux dernières nouvelles, c'est encore moi l'Alpha. » je fais remarquer, sans me détourner du paysage que la baie vitrée de mon bureau me laisse tout le loisir d'admirer. « Alors contente-toi d'obéir à mes ordres. Tu peux disposer. »

Antos ne comprend pas, et ça n'a rien d'étonnant. Depuis que Louve est partie, j'ai l'impression que plus personne ne me comprend. Mon Bêta semble en désaccord avec toutes mes décisions, Lys agit dans mon dos dès lors qu'elle en a l'occasion, ma sœur m'en fait voir de toutes les couleurs au motif que je suis un mauvais oncle et un mauvais Alpha.

À moins que ce ne soit moi qui ai changé ?

Tandis que j'entends Antos quitter la pièce et fermer calmement la porte derrière lui, je ferme les yeux et me concentre sur ma respiration.

Je le sais bien – je sais que l'absence de Louve me pèse plus que je ne le prétends, même plus que je ne le pense. Je sens qu'il me manque quelqu'un à mes côtés, je sens que je ne suis jamais totalement concentré sur ce que je fais. J'ai toujours une petite pensée pour elle, même si c'est complètement idiot. Je me demande constamment comment elle va et ce qu'elle fait, suis constamment à l'affût du moindre ravivement de ma connexion avec elle.

Je consens finalement à me réinstaller à mon bureau et à rattraper mes papiers, décidant que je dois tout boucler avant d'aller dîner.

La vérité, c'est que le départ de mon âme-sœur m'a quasiment fait perdre goût à la vie. Je ne sais plus pourquoi je me lève le matin, et n'arrive pas à me souvenir ce qui me motivait avant que je ne la rencontre.

Peut-être aurait-ce été plus simple de ne jamais la rencontrer, finalement. Peut-être aurais-je dû ne pas aller à cette foutue compétition de natation que Nathaël n'a même pas gagnée. Tout aurait certainement été bien plus simple, pour elle comme pour moi.

Mais je ne peux pas me permettre de me laisser aller.

Alors je travaille sans relâche pour le bien de ma meute, et tant mieux si cela m'évite de me laisser mourir. Cependant, à peine ai-je recommencé à travailler que déjà, la porte s'ouvre à nouveau.

Cette fois, c'est Lilia qui apparaît. Je commence vraiment à être agacé par ses gens qui ne savent pas toquer à une porte.

Entièrement vêtue de noir, le visage des plus fermés, je suis forcé d'avouer qu'elle n'a jamais autant eu l'air de l'espionne qu'elle est secrètement. Quelque chose me dit, toutefois, qu'elle n'est pas là pour me faire un compte-rendu sur la dernière mission que je lui ai confiée.

Ces derniers jours, elle n'a pas été de très bonne compagnie. Elle est une des rares personnes qui étaient suffisamment proche de Louve pour être attristée par son départ, et je vois bien qu'elle m'attribue la responsabilité de ce qui s'est passé.

Pour ma part, j'ai fini par me pardonner ce malheureux évènement. J'ai toujours affreusement honte de ne pas avoir été là et que mon absence ait causée la mort de huit loups, mais je suis au moins convaincu que Louve serait partie dans tous les cas. Elle n'était simplement pas heureuse ici et je n'aurais rien pu faire pour la retenir.