Chapitre 40 - Louve

1.2K 92 8
                                    

« J'ai froid. »

Je ferme les yeux et enroule mon deuxième bras autour de Nathaël, espérant le réchauffer.

Moi aussi, j'ai froid. Surtout depuis que j'ai dû lui céder ma veste pour éviter qu'il tombe malade – j'ai longuement hésité, à vrai dire, mais c'est un enfant et il va déjà assez mal comme ça. Moi, je me remettrai d'un rhume.

C'est vraiment la misère, là-dedans...

Cette pièce a beau avoir l'air complètement fermée, l'humidité ambiante fait qu'on y est vite frigorifié si l'on ne bouge pas – ce qui est notre cas, puisque nous sommes enfermés comme des bêtes sauvages. Les rats ont plus de liberté de mouvement que nous.

Heureusement, Nathaël me protège de ces derniers. Il leur met vaillamment des coups de pied lorsqu'ils s'approchent de nous et moi, je m'occupe de m'assurer qu'on ne meurt pas de froid. Je considère cela comme un échange de bons procédés.

Je dois toutefois dire que sa dernière prouesse m'a un peu effrayée.

Tandis qu'un rat s'est faufilé sur le côté et s'apprêtait à me mordre le ventre – je n'aurais pas dû enfiler un crop top ce matin – il s'est brusquement tourné vers lui et a fait quelque chose de surprenant. Il ne s'est en effet pas contenté de grogner, il a transformé certaines parties de son visage en caractères lupins. 

Ça n'a duré que quelques secondes, mais j'ai clairement eu le temps de voir son nez s'allonger dans une esquisse du museau blanc, ses yeux se colorer d'un rouge vif et ses dents devenir beaucoup, beaucoup plus pointues.

Flippant !

Je veux dire, j'ai déjà vu des loups esquisser ce genre d'expression terrifiante lorsque j'étais auprès de la meute de Rebel. Une bonne partie d'entre eux passaient leur temps à se crêper le chignon, et je les retrouvais en train de se faire des accolades cinq minutes plus tard – j'exagère à peine.

Mais sur un enfant ? Ça relève du film d'horreur, je vous promets.

Surprise, j'ai arrêté de respirer et machinalement porté une main à mon cœur tandis que le rat a détalé. Je viens de réaliser que je tenais dans mes bras un véritable petit monstre.

« Bon sang... » je soupire une fois calmée, le dévisageant avec surprise. « Je ne savais pas que tu savais faire ça. C'est... impressionnant, pour ne pas dire terrifiant. »

Il lève les yeux vers moi, et je vois à sa moue qu'il ne s'agit pas pour lui de quelque chose d'exceptionnel.

« Mais je n'ai rien fait de particulier. » déclare-t-il, calant innocemment sa tête contre mon épaule. « Tous les loups savent faire ça. Même toi, tu pourrais. »

Il ne peut pas me voir, alors je ne me gêne pas pour mimer un vomissement. Moi, faire une tête si affreuse ? En serais-je seulement capable, en ma qualité de simple hybride ? Et ai-je réellement envie de ressembler à ça, de toute façon ?

Assurément, non. Mon visage est bien trop beau pour que je le laidisse volontairement – et puis quoi, encore ?

« Ce n'est pas impressionnant du tout. » murmure Nathaël d'un ton boudeur, et je suis intriguée par la moue tristoune qu'il me présente. « C'est même nul. Je suis le seul louveteau de mon âge à ne pas savoir me transformer. »

Ah bon ?

Je ne pensais pas que les enfants de cinq ans étaient déjà capables de se changer en bête, mais passons. C'est compréhensible que le neveu de Rebel soit mal à l'aise à l'idée d'être le seul à ne pas parvenir à se métamorphoser en véritable loup.

La louve et le rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant