Chapitre 19 - Rebel

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« C'est forcément Tiego. »

Je claque ma langue contre mon palet et fusille ma sœur du regard, agacé qu'elle répète bêtement cette phrase pour la troisième fois. Ce qu'elle peut m'énerver, quand elle reste bloquée sur une idée précise alors que nous n'avons même pas de preuve la concernant.

« Non, ton frère a raison. » intervient Antos, à mon grand soulagement. « Tiego n'est pas notre seul ennemi, malheureusement. Babacar vient aussi régulièrement nous chercher les noises. »

Si Tiego était notre plus gros problème, je n'aurais jamais rien à faire – mais ce n'est évidemment pas le cas. Pour preuve, nous avions déjà des soucis de ce genre bien avant que je ne voie Louve à la piscine – et même avant qu'Aglaë ne tombe enceinte, d'ailleurs.

« On sait tous très bien que Babacar se contente de nous menacer lâchement... » déclare d'ailleurs cette dernière d'un air évident qui me tape sur le système. « Il n'a pas les couilles d'attaquer ! »

« Ton vocabulaire, Aglaë. » je la réprimande sur le champ, roulant des yeux tandis que Lys aplatit sa main droite sur son front. « Ton fils pourrait être dans la pièce, je te rappelle. »

Antos ouvre des yeux ronds quand je croise son regard, et je grimace intérieurement. Eh merde, je me suis vendu comme un abruti.

« Mais oui, au fait... » remarque-t-elle tout à coup, se redressant et regardant tout autour d'elle. « Je ne l'ai pas vu de la matinée. Où est-il passé ? »

Je me racle la gorge puis me redresse d'un bond, regardant ma montre d'un geste hésitant et me dépêchant de rabattre mon pull sur mon poignet quand je me souviens que je n'en ai pas.

« Allons manger. » je décide tout à coup, et Antos se met alors à ranger la carte du territoire qu'il avait apportée tandis que Ruben chuchote quelque chose à Lys. « Les autres vont nous attendre si on ne met pas fin à ce débat stérile. »

Ma sœur, qui n'est heureusement pas du genre à se poser des questions plus que nécessaire – sauf quand il s'agit de l'une de ses magouilles – acquiesce tout en continuant de regarder autour d'elle. Le fait de ne pas savoir où se trouve son fils semble l'inquiéter et au fond, c'est tout à fait normal.

Lorsqu'Antos passe devant moi et me fais un clin d'œil, les bras chargés, je me surprends à culpabiliser.

Lui et moi avons œuvré ce matin afin d'occuper ma sœur le temps qu'Alyrah aille chercher Louve avec Nathaël. La réunion n'était absolument pas un leurre – nous devions vraiment discuter de ce qui s'est passé hier.

Disons que je n'ai que très peu apprécié que ce matin, mon aînée interdît tout bonnement à son fils de ne serait-ce qu'adresser la parole à ma promise. Attendant qu'Antos attrape Aglaë et Rania pour commencer à organiser cette fête à Lys – qui s'annonce très mal puisque personne ne prend le temps de se pencher dessus, d'ailleurs – je me suis empressé de récupérer mon neveu pour révoquer l'interdiction de sa mère et l'ai confié à Alyrah.

Aglaë est peut-être sa mère. Mais moi suis son Alpha, et il n'a pas d'autre choix que de m'obéir - ce qui n'a pas l'air de le déranger plus que ça. 

C'est de la faute de Louve et elle l'a mis en danger, je ne vais pas prétendre le contraire. Mais l'empêcher de voir Nathaël ne serait pas une bonne chose – ni pour elle, ni même pour le petit. Nathaël a toujours eu du mal à se faire des amis dans la meute du fait de son statut, et tant mieux s'il parvient enfin à s'amuser avec quelqu'un.

Je m'arrête tout à coup en plein milieu du passage, surpris de mes propres pensées. Elles sont tellement contradictoires que je commence sérieusement à me demander si je ne suis pas en train de perdre la boule.

La louve et le rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant