Chapitre 36 - Louve

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Le visage fermé, j'attrape mon livre de Géographie et le balance dans mon casier avec lassitude. Derrière moi, les lycéens se bousculent pour espérer avoir le temps de passer aux toilettes avant la fin de la récréation. Je serre les dents et ferme les yeux lorsque quelqu'un me met un coup de coude dans les côtes, m'efforçant de garder mon agacement pour moi.

Voilà deux semaines que j'ai intégré un nouveau lycée, et je m'y ennuie à mourir. Rien n'y est intéressant. Les professeurs sont plus assommants les uns que les autres, il me semble que les élèves eux-mêmes se ressemblent tous et les cours ne m'ont jamais semblés si longs – sans parler du fait qu'avec mes quelques semaines d'absence, je suis parfois un peu larguée dans le programme.

J'ai bien demandé à mes parents de me faire retourner à celui où étudient Kayla et Suzie, mais ils ont refusé. Etant donné que j'ai comme l'impression que leur nouvel objectif est de faire de ma vie un enfer, je n'ai pas réellement été étonnée par leur décision.

« Tu veux que je t'aide ? » me propose gentiment une fille à côté de moi, mais je ne daigne même pas me tourner vers elle. « Je peux te tenir ton sac, si tu veux. »

C'est vrai que je suis un peu en galère. Entre l'idiot qui me colle un peu trop à ma droite et mon casier bien trop haut pour ma taille plus que moyenne, il est difficile de tenir mon sac tout en tâtant dans mon casier à la recherche, cette fois, de mon livre d'Anglais.

Rebel serait assez grand pour y voir clair, lui...

J'expire vivement par le nez, épuisée. C'est vrai qu'il y a ça, aussi. Ce serait tellement, tellement plus simple de vivre si je n'avais pas constamment Rebel en tête. Ma vie serait tellement plus reposante si je ne passais pas mon temps à penser à mon âme-sœur.

Le jour, mon esprit finit toujours par me ramener à Rebel – peu importe ce que je suis occupée à faire, il arrive à s'approprier mes pensées. La nuit, c'est pire. Je ne fais que rêver de lui, et une terrible tristesse m'envahit lorsque chaque matin, je me réveille seule et loin de lui.

J'ai l'impression de devenir folle. Et j'ai l'impression que ce n'est pas qu'une impression.

« Non. » je réponds sèchement, rageant quand je manque de faire tomber un livre quelconque de mon casier. « Je m'en sors très bien toute seule, alors occupe-toi de ta vie. »

Mon interlocutrice ayant saisi que je n'avais pas besoin de son aide – enfin, que je n'en avais du moins pas envie – elle s'éloigne sans attendre et joue des coudes pour quitter le couloir. Je ne sais pas trop pourquoi elle s'est dit que venir m'aborder était une bonne idée, au vu de mon comportement depuis mon arrivée à ce foutu lycée barbant. Je suppose que certaines personnes sont juste très gentilles.

Les deux prochains cours me paraissent – sans surprise – être les deux heures les plus longues de ma vie. Je m'ennuie tout d'abord en Anglais, parce que je suis totalement bilingue depuis le collège alors que les élèves de ma nouvelle classe peinent à aligner trois mots sans faire de fautes. C'est affligeant. 

Je m'endors ensuite en Français, parce que la professeure est d'une idiotie sans nom et préfère approfondir le programme plutôt que nous faire réviser les textes sur lesquels nous pouvons passer à l'oral. Incompréhensible. 

Je dois avouer que lorsqu'elle nous rend nos dissertations de la semaine dernière et que je n'ai eu que dix-huit, je suis bien réveillée. Je suis tentée de la rappeler pour lui demander des explications – parce qu'après avoir étudié sa médiocre correction, je peux vous assurer que je mérite plus que ça – puis change finalement d'avis.

Il est vrai que d'habitude, je ne perds pas une occasion de me plaindre pour grapiller des points que je considère mérités. Mais aujourd'hui, ça me semble superflu. Du moins, je n'ai pas le courage de me lancer dans un débat. 

La louve et le rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant