La louve et le rebelle

Chapitre 8 - Rebel

Lorsque j'aperçois enfin les premiers chalets de ma meute à l'horizon, je laisse échapper un léger soupir de soulagement. Posant brièvement les yeux sur la jeune fille profondément endormie dans mes bras, je songe qu'elle mérite un bon savon pour s'être enfuie comme ça.

Je veux dire, c'est une chose d'essayer de s'enfuir. Mais réussir, c'est une tout autre histoire.

Si elle avait réagi comme toute personne raisonnable et saine d'esprit, elle aurait marché une petite heure avant de se rendre compte que ce n'était pas une bonne idée et de faire demi-tour. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé.

Le lien a beau être très récent – quoique curieusement développé – j'ai nettement senti qu'elle a commencé à en baver dès lors que le soleil s'est couché. Elle avait mal, elle avait peur. Mais sa détermination ne faiblissait pas, et c'est ce qui m'a forcé à quitter mon lit. Je craignais qu'elle ne se tue à la tâche, et j'avais raison.

Que ce serait-il passé, si j'avais décidé de me rendormir et de la laisser se débrouiller toute seule ? Aurais-je seulement réussi à la retrouver avant qu'il ne soit trop tard, sachant qu'elle a parcouru près de quarante kilomètres en une poignées d'heures ?

Je ne sais toujours pas si je dois être inquiet qu'elle soit si irresponsable, impressionné qu'elle soit si endurante ou blessé qu'elle ait mis sa vie en danger juste pour m'échapper.

Argh, j'ai un de ces mal de dos...

Alors oui, je suis un loup-garou anormalement musclé – mais n'importe qui aurait mal aux bras s'il avait dû soulever un poids mort d'au moins cinquante kilos sur plusieurs dizaines de kilomètres. Je vais avoir de sacrées courbatures, moi.

Dès lors que je pose un pied sur notre territoire habité, plusieurs de mes loups s'approchent pour m'offrir leur aide. Ça n'a rien d'étonnant dans la mesure où je suis l'Alpha et que mon état d'esprit joue sur le leur. Si je suis trop fatigué, cela nuit à la meute.

Mes loups ont donc tout intérêt à m'apporter leur aide – mais si vous voulez mon avis, la plupart d'entre eux sont surtout curieux de savoir quelle est cette nouvelle odeur présente à mes côtés.

« Eh bien, on commençait à s'inquiéter ! » s'exclame Antos en sortant de son chalet, tandis que je demande à Lys d'informer Aglaë de mon arrivée. « Est-ce que tu vas enfin nous présenter ta Luna ? »

Cette remarque m'agace sur le champ.

J'ai dans les bras une jeune fille presque inconsciente et à l'aura si frêle que tout le monde ici sait déjà qu'elle est blessée et fatiguée – alors pourquoi diable devrais-je la présenter à la meute maintenant ?

Antos a beau être mon meilleur élément, j'aimerais parfois qu'il soit moins curieux et prenne son rôle davantage au sérieux.

« Non, elle a besoin de se reposer. » je déclare sèchement à l'adresse de la meute, peu prompt à la conversation. « Elle vous sera présentée quand je l'aurai décidée. Et taisez-vous, elle dort. »

Antos roule des yeux et quelques soupirs s'ensuivent, tandis que Lys s'éloigne en direction de chez ma sœur au pas de course. Alors que je m'apprête à aller rendre visite à Alyrah pour qu'elle s'occupe de Louve, et que les louveteaux me bombardent de question auxquelles je ne prends pas la peine de répondre, nous nous figeons tous.

Qu'est-ce que...

Les réactions ne se font pas attendre.

Deux que mes guerriers se transforment sans prendre la peine de se déshabiller, et leurs larges carrures lupines s'interposent immédiatement entre moi et l'orée de la forêt. Une louve s'auto-désigne pour s'occuper de mettre les enfants en sécurité tandis j'émets un large appel à l'aide à travers le lien de meute. Notre défense se met rapidement en place.