« Bouge-toi, toi ! » hurle tout à coup une voix bien trop proche de mon oreille, tandis qu'on me secoue comme un poirier.
Je lâche malgré moi un juron et balance mon bras derrière ma tête, dans l'optique d'écarter celui qui m'agresse dans mon sommeil. Quand cette cruelle personne en profite pour m'attraper le bras et me tirer du lit d'un geste d'une violence incroyable – littéralement, puisque je m'étale sur le sol dans un bruit sourd – je suis soudain très réveillée.
Furieuse du manque de respect que je viens de subir, je me redresse d'un bond et rétrécie les yeux. Je suis déjà prête à réduire mon adversaire à néant, qui que ce soit.
Il y avait quelques options auxquelles je m'attendais. Ça aurait pu être Rebel – il fait un peu n'importe quoi quand il est de mauvais poil – ou alors Aglaë, parce que c'est un faux jeton. Ça aurait aussi pu être Rania, parce qu'elle est débile et qu'elle a assurément bien trop bu hier soir. Mais ce n'est aucune de ces personnes.
L'homme inconnu et bien trop musclé qui m'a jetée de mon lit essaie de m'attraper par le cou, mais je suis suffisamment rapide pour l'esquiver. Encore partiellement au sol, je m'interdis de réfléchir et me glisse spontanément entre ses jambes pour m'attaquer à l'une d'entre elles. J'entoure une de ses chevilles avec agilité, dans le but de lui faire une clé.
Il secoue si violemment son pied que je crois un instant décoller du sol, et me rends alors à l'évidence. Il est bien trop ancré sur ses appuis pour que mon offensive suffise à le mettre à terre, et je suis de toute façon relativement rouillée en matière d'autodéfense. Mes cours commencent à dater et, à l'évidence, ce n'est pas tous les jours que j'ai l'occasion de me défendre face à une agression. Encore heureux.
Alors que l'inconnu se penche et m'attrape un bras – même si le terme écraser convient davantage, je désespère. Mais la porte s'ouvre à la volée et, moins d'une demi-seconde plus tard, mon bras est libéré et mon agresseur a perdu l'équilibre vers l'arrière.
Je le sais seulement grâce au plancher qui tremble quand il tombe, parce que j'ai fermé les yeux. Je crois qu'il est trop tôt le matin pour me demander d'être courageuse.
Quand je les rouvre, je suis immédiatement soulagée. C'est Lilia qui a débarqué dans la pièce, et je vois à son visage qu'elle va être d'un grand soutien. Mon vœu est exaucé – à peine a-t-elle grimpé sur le lit et sauté sur le dos de l'homme pour l'étrangler que déjà, je sais qu'elle va parvenir à le maîtriser sans mal. L'homme, à peine en train de se relever, ne réagit pas suffisamment rapidement pour l'empêcher de lui claquer violemment la tête contre le sol.
Je sursaute et place une main sur mon cœur, médusée.
« Qu'est-ce que... »
« Dépêche-toi ! » crie Lilia en décrochant un objet inidentifiable de sa ceinture, le pliant tout à coup pour attacher les mains de l'homme qu'elle vient d'assommer. « Nous sommes attaqués ! »
Je cligne des yeux et m'écroule partiellement sur le lit, me répétant indéfiniment les mots de la louve en espérant finir par réellement comprendre ce qu'ils impliquent. Nous sommes attaqués.
Evidemment, je me doutais bien que l'homme qui s'est gentiment invité dans ma chambre n'appartenait pas à la meute de Rebel. Mais de là à imaginer que nous sommes attaqués par une meute ennemie – je ne savais même pas que Rebel avait des ennemis, en vérité. Est-ce donc le cas ?
« Tu veux dire qu'une autre meute est en train de s'en prendre à nous ? » je demande, et ma propre voix m'étonne de par la panique qu'elle laisse transparaître.
« Qu'est-ce que ça pourrait signifier d'autre ? » me répond-t-elle, d'une manière un peu trop agressive à mon goût.
Oh.
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La louve et le rebelle
WerewolfLouve est une jeune fille particulière. Aussi prétentieuse qu'intelligente, aussi belle que manipulatrice, elle a plus d'un tour dans son sac et gère toutes les situations avec sang-froid. Elle est toutefois prise de court quand son père la fait e...