21 ~ Méfiez-vous de la curiosité...

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21 ~ Méfiez-vous de la curiosité... Si elle a amené à découvrir l'Amérique, elle a aussi tué le chat... 

Debout, devant sa machine à café, Regina observait le liquide brun s'écouler avec vitesse dans sa tasse, enivrant la cuisine de son odeur forte et particulièrement apaisante. 
Avant même d'avoir le droit de goûter à cette boisson amère, la brune avait toujours adoré humer la douce odeur de ces grains moulus lorsque sa mère entamait sa journée, sans exception, par un café bien noir, bien sec. Contrairement à son père qui rajoutait toujours du lait. Beaucoup trop de lait. En réalité, Regina avait toujours soupçonné son père de ne pas aimer ce nectar réservé aux adultes, se forçant malgré tout à faire comme tout bon adulte qui se respecte et à en boire. Avec toujours beaucoup de lait, toutefois. Bien trop de lait. Pour une fois, Regina s'était rangée derrière sa mère et appréciait prendre son café le plus fort possible pour le sentir en bouche, réveillant et exaltant aussitôt tous ses sens salivaires. 

Comme une habitude inconsciente, Regina attrapa sa tasse et, face à sa fenêtre, huma celle-ci avant d'enfin savourer ce délice. 

-Bonjour ! Salua Emma déjà prête, suivi par deux enfants encore à moitié endormie. 

-Vous êtes tombé du lit ? S'étonna la maîtresse de maison. 

C'était la première fois depuis que les Swan vivaient chez elle que tout le monde était réveillé en même temps. L'inverse ne déplaisait d'ailleurs pas à la Portoricaine qui préférait de loin ne pas se trouver en présence des trois en même temps, se sentant toujours immédiatement de trop. 

-On s'est dit que ça serait quand même plus cool de déjeuner tous ensemble. Expliqua la blonde, décrochant un haussement de sourcils de la part de la brune. Donc, si vous voulez bien de nous, Madame la Maire, mangeons ! Poursuivit-elle, joignant le geste à la parole tandis qu'Henry faisait chauffer du lait. 

-Le Maire. 

-Hein ? Demanda la détective. 

-Un maire. On dit Madame le Maire. Répéta Regina. 

-Bah non, tu es une femme, donc c'est la maire. Répliqua Héloïse, surprise par la réflexion de la jeune femme. 

-Maire a toujours été masculin. Relança Regina. 

-Parce qu'à la base, ce n'était qu'une fonction d'homme, où les femmes n'avaient pas du tout leur place. 

-Donc tu es en train de me dire que tu veux féminiser les noms de métiers juste parce que les femmes ont leur place maintenant ? S'amusa Regina en s'asseyant finalement en face de la jeune fille. 

-Oui, et pas que les métiers. Tout. 

-Et pourquoi ? 

-Parce que ça permet de remettre les femmes sur un même pied d'égalité avec les hommes. En faisant ça, les femmes ont plus de visibilité et ne sont plus incessamment reléguées au second rang, après les hommes. 

-Et c'est en changeant la langue que tu penses que les femmes auront plus de pouvoir. Ce n'est pas un sujet plutôt futile, ce genre de combat ? 

-Futile ? S'offusqua l'adolescente, se reculant légèrement comme pour éviter ce qu'elle considérait comme une insulte. Certainement pas, ce n'est pas parce que c'est une petite chose que ça ne signifie rien. C'est en changeant petit à petit les mentalités, les manières d'agir et qui sont devenus parfaitement censé pour tout le monde que les choses changeront. 

-Donc, ce que tu veux, c'est modifier les codes qui sont en vigueur pour obliger les autres à appliquer les tiens. Parce que tu les considères meilleurs ? Questionna la politicienne. 

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