12 ~ Quand les langues se délient, le mystère s'épaissit.

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-S... S'il vous plaît, je n'ai rien fait. Gémit le jeune homme recroquevillé contre le vieux chêne, ses ongles creusant la terre comme si un tunnel allait par miracle se matérialiser sous lui et lui permettre de s'échapper. 

S'il avait su ce qu'il serait advenu de sa vie, Marc Polecat aurait sûrement fait des choix bien différents. En tout cas, s'il avait eu d'autres options. Avec horreur, il se rendit compte qu'il n'avait jamais réussi à se libérer en réalité, preuve en est : son sauveur avait depuis toutes ces années sa vie entre ses mains et aujourd'hui, il avait décidé qu'elle ne lui était plus d'aucune utilité. 

-Très cher... Chantonna une voix moqueuse. Mentir met tout le monde mal à l'aise et plus encore celui qui en est à l'origine. Se moqua l'homme dont seule sa canne était visible dans la pénombre, illuminée d'une lueur blanche et lugubre. Bien, ce fut un plaisir de vous avoir rencontré. Dit-il une dernière fois avant de se retourner. 

Comme si le simple fait de se retourner avait fait sauter des ressorts, les deux sbires s'avancèrent sans plus attendre vers le pauvre adolescent tétanisé dont les larmes ne s'arrêtaient désormais plus. 
Dans un rire gras, le plus trapu des deux hommes attrapa l'enfant par ses longs cheveux rêches et lui asséna un coup-de-poing dans le visage puis dans les côtes. Le malheureux suffoqua sous les coups tandis qu'un nouveau tomba à nouveau contre son nez. Ce coup lui donna l'impression que toutes les portes pour respirer venaient d'être brusquement fermées et qu'il n'avait plus aucun espoir. Il était persuadé que son nez venait d'être enfoncé dans sa boîte crânienne. Respirant difficilement, il entendit le second homme ordonner à son bourreau de s'arrêter et Marc bénit ce répit, pensant qu'il allait être abandonné à son sort. À cette pensée, il ne put s'empêcher de sourire et de fermer les yeux, heureux de la fin de son calvaire. 

Enfant perdu, il avait attendu que l'on vienne le chercher pour ne pas se perdre plus. Et il avait été retrouvé. Et il avait cru qu'il n'était plus perdu. Mais il s'était trompé et désormais, il était définitivement perdu et personne ne viendrait le chercher. 

Rouvrant les yeux difficilement tandis que son corps le faisait souffrir, il crut que les deux hommes étaient partis. Mais il n'en fut rien. L'homme plus en retenue s'avança au-dessus du jeune homme et pointa son arme vers l'adolescent. Et tandis que leur regard se défier, la seule chose qu'en réalité vit le jeune adolescent fut ses frères qui comme lui, pensaient être libres. 
C'est finalement avec toute l'ironie de ce monde, qu'au moment où la balle sortit de son canon et laissa échapper une vive lumière, qu'il se rendit compte, illuminé, qu'elle avait raison depuis toujours. 

OoO

Désorientée, tétanisée, Emma avait la sensation de ne plus pouvoir se lever de son lit, comme si une masse invisible était posée sur elle et appuyait contre sa poitrine pour l'enfoncer un peu plus dans le matelas de son lit. Des larmes coulèrent à nouveau le long de ses joues écarlates alors qu'elle prenait une énorme respiration comme si elle était restée trop longtemps sous l'eau. Soudain, alors que ses pupilles se posèrent sur la Lune au travers de sa fenêtre, il lui sembla que le poids s'envola comme par magie et aussitôt, la jeune femme se leva, la respiration plus erratique que jamais et elle tituba vers la salle de bain. Dans un gémissement, elle s'affala sans délicatesse contre le lavabo et ouvrit le robinet à la hâte avant de se jeter avec désespoir l'eau froide contre son visage, dans l'espoir de la ramener sur terre et de la calmer. 

-Chut, tais-toi, putain. Pleura-t-elle alors qu'elle avait l'impression de faire un bruit assourdissant autour d'elle. Tais-toi. S'ordonna-t-elle, angoissée par les images qu'elle venait de voir et à l'idée que sa fille ne la trouve ainsi. 

Prenant une grande inspiration, son esprit tourmenté ne trouva qu'une solution. Alors elle se leva avec empressement et sortit rapidement, tentant vainement de faire le moins de bruit possible et de chasser les images qui avaient décidé de rester et lui tenir compagnie. Dévalant les escaliers, elle tituba dans le couloir et ne se rendit pas compte qu'elle venait de faire tomber le porte-manteau en passant. Seul son objectif comptait : atteindre la porte de sortie. Pourtant, il lui sembla que la porte s'éloignait à mesure qu'elle avançait et sa respiration s'accéléra encore alors que ses jambes manquèrent de se dérober sous elle. Mais, tenant bon, elle réussit finalement à se laisser tomber contre la porte qu'elle ouvrit rapidement. Trop heureuse d'être enfin dehors, elle oublia toutefois les quatre marches en bois qu'elle dégringola. La stupeur eut au moins le mérite de couper court à sa crise d'angoisse et le vent frais finit par la ramener sur terre, à Storybrooke. Elle était à Storybrooke. À Storybrooke. 
S'asseyant, elle se recula contre le muret et se mit à pleurer sans aucune retenue. 

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