23 ~ L'homme est un loup pour l'homme (T. Hobbes)

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-Est-ce que vous pensez pouvoir redessiner toutes les mines de la ville sur la carte que vous avez dessinée ? Ça nous permettra sûrement d'y voir plus clair. Proposa Emma tandis qu'elle marchait au côté de Regina. 

Cela faisait une dizaine de minutes qu'elles marchaient côte à côte sans réellement parler, toutes les deux réfléchissant à une solution pour parasiter les actions de Monsieur Gold. 
Arrivée tôt au point de rendez-vous, Emma avait eu l'agréable surprise de constater que la mairesse semblait bien plus avenante envers elle. Tout du moins, elle la sentait bien moins sur la défensive chaque fois qu'Emma ouvrait la bouche, ce qui avait convaincu la Bostonienne d'en profiter pour poser plus de questions. Qui ne tente rien, n'a rien, après tout. La Storybrookienne, fidèle à elle-même, n'avait pas non plus été des plus bavardes et avait persisté à conserver le silence quant à Peter et le Couvent. Du reste, la jeune femme s'était laissée aller à la confidence bien plus facilement qu'elles ne l'auraient cru. 

Pourtant, cette décision de paraître moins froide était la conséquence de longues heures à réfléchir aux prochaines décisions que la mairesse devait prendre. Regina avait passé la nuit à se retourner encore et encore, bataillant contre elle-même afin de déterminer si elle devait continuer à voir l'intruse dans sa ville comme une menace ou comme une providence. De toute évidence, la détective était désormais bien trop impliquée pour oser la retourner contre elle. Elle avait alors passé la première partie de sa nuit à mettre en place une manipulation des plus efficaces afin de s'assurer de la fidélité de la blonde, le temps de trouver un moyen de l'exiler de sa ville. Mais une chose lui était très vite apparue évidente : Emma Swan avait fait ses preuves. Elle était arrivée en quelques semaines là où il avait mis des mois à aller. Cela avait été plus rapide pour la détective privée puisqu'ils en savaient eux-mêmes plus désormais, évidemment. Mais elle ne pouvait pas renier la détermination et la témérité de la jeune blonde. Sans compter qu'elle était parfaitement consciente qu'Henry ne pourrait plus jamais se séparer d'elle. Ni d'Héloïse. Le voulait-elle, d'ailleurs ? 

La seule chose qu'il lui restait à faire était de rappeler son ego à l'ordre afin de ne pas altérer ses projets. Il était évident que sa seule personne était bien moins importante qu'une multitude d'âme à sauver... 

-Je pourrais essayer oui, mais je n'ai aucune idée de combien de mines, il existe. Ni même s'il existe une carte. Avoua-t-elle. 

-Comment les mineurs connaissent les mines ? 

-C'est un savoir-faire qui se transmet de famille en famille. Alors j'imagine que leurs parents leur ont montré où elles se trouvaient. Mais rien ne m'empêche d'aller leur demander. Supposa la brune en haussant des épaules. 

-On peut y aller maintenant ? Il faut absolument que l'on arrive à déterminer où ils ont l'intention de faire affaire. 

Et pour cause, cachée par un mur, elles avaient pu entendre tout ce que Graham avait pu dire. Si Emma n'avait pas été rassurée de savoir que la mairesse de la ville, gracieuse, viendrait avec elle pour se mettre en danger, la politicienne avait pourtant été un atout qu'Emma n'aurait pas pu avoir en étant seule : elle connaissait sa ville. 

Elles étaient arrivées bien avant l'ancien adjoint afin d'être certaines de ne pas se faire prendre. Pensant que la Sardine était un restaurant ou encore un magasin, la jeune femme avait été plus que surprise en se rendant compte que ce n'était qu'un dessin sur un mur dont les écailles du poisson étaient colorées de toutes les nuances de couleurs, chacune d'elles encadrant un mythe marin. Observant les alentours, Emma s'était vite rendu compte qu'il n'y avait aucun moyen pour elles pour se cacher. 

Regina lui avait expliqué qu'à une époque, la sardine faisait la fierté de la ville. Bien avant sa naissance. Fier d'eux, les pêcheurs avaient décidé de refléter leur spécialité sur ce mur où aucun bateau n'entachait sa vision de l'horizon bleuté. Comme si ce poisson veillait à ce que chaque marin rentre sain et sauf au port. D'ailleurs, une trentaine d'années plus tôt, un bateau avait coulé, perdant vingt-deux navigateurs des eaux. En mémoire, leurs patronymes avaient été inscrits dans la pierre et comme un rite de passage depuis, chaque nouveau marin inscrivait sa vie sur ce mur devenu un point de rassemblement pour les badauds de cette ville.

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