28 ~ A plusieurs mains, l'ouvrage avance.

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Jamais - elle en était certaine, Regina Mills ne s'était sentie aussi anxieuse à l'idée d'aller rendre visite à Peter. 

Anxieuse et sûrement jalouse. 

Activant son clignotant pour tourner à droite, la jeune femme tentait vainement de comprendre ses propres sentiments. Elle avait toujours rêvé qu'un jour, Peter disparaisse pour laisser place à Wendy. Cela signifierait donc qu'ils seraient tous les deux guéris et que ces deux entités pourraient enfin vivre librement. Pourtant, elle devait bien se l'avouer, la plus grande peur de la mairesse était justement de perdre le lien privilégié qu'elle avait créé avec lui. Jamais personne ne lui avait rendu visite ces dernières années. Ni Killian ni David. 

Emma Swan était donc la première personne à rendre visite à Peter depuis des années et la mairesse ne savait comment interpréter ses sentiments. Elle ressentait une certaine pression à l'idée d'intégrer à nouveau cette citadine dans ce qu'elle percevait comme quelque chose de particulièrement intime. Avait-elle peur que les choses tournent mal ? Ou plutôt que les choses n'aillent trop bien ? Elle ne savait plus. Regina Mills avait toujours aimé ranger chaque personne dans une catégorie, les empêchant ainsi de se rencontrer... Mais, encore une fois, Emma Swan brisait ses principes. 

-Il va y avoir des orages les nuits prochaines, donc j'aimerais que Graham nous montre le plus vite possible le point de rendez-vous et la partie du chemin qu'il connaît pour aller jusqu'au camp. Expliqua Emma avant de se remettre à ronger ses cuticules. 

À peine avait-elle posé ses fesses dans l'intérieur cuir de la mairesse que la détective avait immédiatement senti la nervosité de la Portoricaine. La brune restait maîtresse d'elle-même, mais sa nervosité avait finalement été transmise à Emma qui ne cessait de s'attendre au pire. Aussi, ne soutenant plus cette infernale tension, elle avait forcé son esprit à trouver une idée de conversation. Cela dit, chaque fois qu'elle essayait de faire la conversation, la situation devenait toujours plus lourde par la suite. Se fustigea Emma. 

-Les orages devraient débuter mardi ou mercredi, mais je suis d'accord avec vous. Plus vite, sera le mieux. Acquiesça Regina, autant concentrée sur la route que sur sa voix.

Détournant inconsciemment son regard vers le bas, Emma se contenta d'acquiescer mécaniquement tout en mordillant sa lèvre inférieure. Évidemment. Il lui semblait que discuter avec la mairesse était aussi difficile que de nager à contre-courant dans des rapides. Emma n'a jamais été une femme bavarde, mais elle n'a jamais non plus eu du mal à faire la conversation. S'il était certain que son répondant n'égalait pas celui de la politicienne, il n'en demeurait pas moins qu'Emma Swan avait de la repartie à revendre. Pourtant, chaque fois qu'elle se trouvait en présence de Regina Mills, la jeune femme perdait tout sens du dialogue et rebondir après chaque phrase -concise- de la politicienne était une véritable gageure. 

-Bien, je vais demander à Ruby de prévenir Graham et nous le suivrons demain soir, avec David. Établit cependant la détective.

-Je viendrais aussi. 

-Vous ? 

-Oui, moi. S'agaça Regina. 

-Ne le prenez pas mal, j'étais déjà étonné que vous acceptiez l'aide de Graham, mais là, je vous voyais encore moins marcher dans la forêt sur les traces de tarés. 

-Je pense qu'il est donc de bon ton que vous arrêtiez de faire des suppositions sur moi. Visiblement, vous ne cessez de vous tromper, Miss Swan. Argua la Portoricaine en quittant la voiture d'un pas déterminé. 

Si, déterminé, qu'Emma eut presque besoin de trottiner pour soutenir la cadence de la jeune femme devant elle. Celle-ci salua Billie qui lança un regard d'incompréhension lorsqu'elle vit la détective. Justement, ne pouvant s'en priver, Emma adressa à l'infirmière en grand sourire narguant.

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