35 ~ Le courage est le juste milieu entre la peur et l'audace (Aristote).

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Attachant ses cheveux en un chignon rapide, Héloïse accéléra le pas pour rattraper son frère. Elle tira son débardeur blanc dans le but de faire baisser la température de son corps. La température environnante aurait pu être le facteur de cette désagréable sensation d'humidité qui lui parcourait l'échine. Mais pourtant, ce n'était pas le cas. Non, ses joues rougies n'étaient pas dues à l'intense chaleur que produisait le soleil, mais au coup d'adrénaline qu'elle venait de recevoir en suivant son frère dans son enquête.

C'était son idée. Mais jamais elle n'aurait cru qu'il allait la suivre. 

Et désormais, elle avait chaud. 

La première fois que Héloïse avait rencontré son frère, elle avait été intriguée. Qui était donc ce garçon qui venait troubler la quiétude de leur soirée, un jeudi soir ? Puis elle avait compris. Puis elle l'avait détesté, avant de le jalouser. Et le détester un peu plus. 
À bien y réfléchir, Henry Mills n'aurait certainement jamais été le genre de garçon vers qui elle serait allée, pour jouer ou simplement pour faire connaissance. Héloïse avait la tête sur les épaules. Elle aimait le sport et apprendre de nouvelles choses. Les mauvaises langues diraient qu'elle était un garçon manqué. Héloïse est en réalité le portrait craché de sa mère. Courageuse, obstinée, réfléchie, orgueilleuse, franche, et par-dessus tout, à la recherche perpétuelle de rencontre. L'inverse de Henry Mills. 

Voilà ce qu'elle s'était dit la première fois qu'elle s'était fait un avis sur lui : chiant et fils à maman. Tout ce que Héloïse détestait. Henry semblait bien trop rêveur pour mettre à profit son intelligence. Il ne semblait pas non plus avoir beaucoup d'amis, il semblait parfaitement s'en contenter, préférant rester seul dans son monde. Héloïse n'était parvenue à y déceler une once de courage et d'aventure chez l'enfant que par ses livres. Elle l'avait trouvé bizarre. Et méchant. 
Héloïse Swan n'avait aucune estime pour Henry Mills. 

Mais elle s'était trompée. Tout comme Emma Swan, s'était trompée sur Regina Mills. Les Mills semblaient être bien plus que ce que leur apparence laissait entendre. En réalité, il semblait que leur apparence n'était qu'un mauvais tour pour mieux se tromper sur qui ils étaient. Héloïse Swan était tombée dans le piège. Emma Swan était tombée dans le piège. Avant de trouver le moyen de s'en délier et de passer à travers. 

Avec le temps, Héloïse s'était mise à être intriguée par ce frère. Avant de l'apprécier et enfin, de l'aimer. D'un amour indéfinissable. Henry trouverait probablement les mots pour définir ce sentiment. Elle, n'en avait aucun. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était d'apprécier cette sensation d'être délicieusement consumé par un amour exceptionnel lorsqu'elle était avec lui. Une connexion s'était faite entre eux si rapidement qu'elle-même ne s'en était pas rendu compte immédiatement. On dit qu'il n'y a qu'un pas entre la haine et l'amour. C'est vrai. Et c'est l'expérience qu'a faite Héloïse. De ce court voyage, elle avait découvert l'amour fraternel. Et une complicité qu'elle chérissait plus que tout. Elle ne savait pas réellement pourquoi puisque ce garçon avait débarqué un jeudi soir, sans préambule, pour y déposer une bombe et faire exploser la famille et la routine qu'elle s'était construites, se retrouvant propulsée au beau milieu d'une petite ville perdue au milieu de nulle part. Au beau milieu d'une aventure.

Elle s'était trompée. Henry Mills n'était pas un fils à sa maman. Henry Mills n'était pas bêtement perdu dans un monde imaginaire. Henry Mills percevait simplement le monde à sa façon et adaptait donc son intelligence en conséquence. Henry Mills, malgré ses habits coûteux et son apparence soignée en toutes circonstances, n'hésitait en réalité pas à se salir les mains et à partir à l'aventure.

Alors que son cœur battait toujours chamade suite à l'effraction qu'ils venaient de commettre, Henry Mills semblait parfaitement bien vivre avec ce sursaut d'adrénaline. Plus encore, il lui avait semblé que cela n'était certainement pas la première fois de l'adolescent, faisant alors s'essouffler son arrogance à cette constatation.
Quelques heures plus tôt, ou plutôt tard dans la nuit, Héloïse n'avait cessé de se retourner, incapable de s'endormir. Comment lorsque tout ce qu'elle vivait ces jours-ci semblait sortis tout droit d'une série policière ? Tout ne cessait de se bousculer dans sa tête. Les trafics, les mensonges, les rumeurs, les gentils, les méchants... En réalité, son excitation face à la situation avait su la gagner et désormais, elle peinait plus que tout à ralentir la cadence. Comment dormir alors que sa plus grande aventure se jouait sous son propre toit ? Comment dormir alors que l'on pourrait sauver le monde ? Trop excitée à l'approche de ce plan qui relevait de la folie, Héloïse avait fini par abdiquer et descendre pour aller chercher un verre d'eau tout en espérant retrouver Regina, comme lors de ses premières nuits. Toutefois, comme la nuit précédente, la jeune fille avait surpris les deux mères qui discutaient, une tasse de thé fumante en main. Trop curieuse cette fois-ci à l'idée même de louper une information plus qu'importante, Héloïse s'était décidé à s'approcher suffisamment. S'installant sur un buffet, elle s'était adossée contre le mur, parfaitement installée, et tendit l'oreille. Peut-être n'aurait-elle pas dû. Encore moins lorsqu'elle s'était rendu compte que leur conversation semblait intime. La bouche sèche, la jeune fille avait écouté sa mère raconter à la Portoricaine son séjour dans un hôpital psychiatrique. Depuis quand sa mère avait-elle viré suffisamment folle pour être internée ? Sa réponse arriva bien vite. Emma était sauvage et violente, sa famille d'accueil avait préféré l'abandonner à un sort bien plus funeste que celui de la rendre à l'orphelinat. Héloïse avait entendu sa mère raconter son évasion. Puis Héloïse avait entendu Regina raconter son évasion à son tour. Évasion qui visiblement s'était moins bien finie que celle de sa mère. 

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