19 ~ L'habit ne fait pas le moine.

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-Alors... J'avais tort depuis le début ? Demanda Henry d'une petite voix, presque inaudible, tandis qu'il sentait la honte et la culpabilité se nicher dans son corps. 

Henry n'avait pas tenu plus d'une minute avant d'exiger des deux femmes des réponses, n'y comprenant plus rien. Rien n'avait de sens aujourd'hui. Granny avait surgi dans son aventure sans qu'il n'ait pu la voir venir ; Emma avait arrêté Graham qui était censé être leur allié tandis que Regina, censée être leur ennemi aidait l'homme ; et maintenant, la Bostonienne avait reconnu implicitement avoir eu tort auprès de la Portoricaine qui, plus inconcevable encore, avait admis ses torts tout aussi implicitement. 
Sans un mot, Regina s'était contentée de dodeliner la tête, tentant évidemment de transmettre un message à Emma au travers de son regard ; message que la blonde saisit immédiatement non sans être un peu déçue de ne pas avoir réussi à convaincre la mairesse. Mais en un sens, elle comprenait parfaitement sa décision. La détective s'était alors contentée de hocher la tête de haut en bas, formant un signal à la brune qui fit lentement demi-tour pour se rendre dans le salon. 

Déçu de cette réaction, Henry s'était mordillé l'intérieur de la joue avant de monter les grands escaliers en marbre blanc, le pas lourd. Perdu dans sa réflexion, il n'avait pas entendu Emma entrer dans sa chambre, accompagné d'Héloïse, bien trop curieuse d'en savoir plus sur cette aventure à laquelle l'adolescente commençait à prendre goût. Laissant les deux enfants se mettre en pyjama, Emma avait allongé la moitié de son corps sur le lit du petit brun, tentant de structurer ses prochains propos. 

Elle avait la désagréable impression d'avoir un terrible fardeau sur les épaules dont elle avait hérité sans grande contestation. 
La politicienne avait finalement accepté qu'Henry -et Héloïse- soit tenu au courant de l'ampleur de l'énigme qui animait cette ville. Toutefois, elle n'avait pas accepté cela afin qu'Henry puisse la voir à nouveau différemment que comme un monstre, comme aurait pu le penser la blonde. Cet argument faisant naufrage, Emma l'avait substitué à l'argument suivant : il valait mieux qu'Henry sache de qui il devait se méfier avant de faire confiance à quelqu'un de bien plus dangereux que Graham. Face à cet argument, la jeune femme avait bien cru avoir à nouveau gâché toutes ses chances d'une entente partiellement cordiale avec la dirigeante de la ville. Et effectivement, le premier instinct de Regina avait été de s'indigner de l'audace nauséabonde de la citadine, son corps se contractant tout entier, se préparant à nouveau à entrer en conflit. Pourtant, cette fois-ci, sa raison l'avait rattrapé bien trop vite. Elle pouvait bien s'offusquer et prendre des grands airs autant qu'elle le voulait chaque fois que quelqu'un lui signifiait que sa manière d'élever Henry n'était pas la bonne, il n'en restait pas moins que ces personnes n'avaient pas tort et qu'elle s'évertuait à masquer son discernement d'œillères. Les faits étaient là : elle avait lamentablement échoué avec son fils... si elle pouvait encore l'appeler ainsi. Alors, avec l'intolérable sensation de baisser les bras, la mère adoptive avait accepté qu'Henry soit, tout du moins, mis au courant d'une partie de la vérité. Mais comme pour exacerber son supplice, elle avait averti la blonde que cette vérité ne sortirait pas de sa bouche. De toute façon, elle était persuadée que toutes les vérités qu'elle pourrait bien sortir à son fils seraient automatiquement transformées par celui-ci en un mensonge éhonté. 

Et voilà qu'Emma avait reçu l'autorisation de raconter une histoire au jeune Mills, histoire dont elle n'avait même pas encore tous les morceaux. Et en observant son fils qui semblait être désormais particulièrement attiré par les dessins sur sa couette, comme si la honte qui le submergeait l'empêcherait à tout jamais de devenir un des héros dessinés sur la couverture, en observant son fils ainsi, Emma avait un peu l'impression d'avoir bêtement rattrapé la patate chaude que lui avait envoyé Regina. 

-Tu n'avais pas complètement tort. Il y a bien quelque chose de pas clair qui se trame dans cette ville et depuis des années. Tu t'es juste trompé sur les personnes dont il fallait se méfier. Henry, appela Emma en relevant sa tête de son pouce pour ancrer son regard dans celui du garçon. Tu n'as rien fait de mal. Moi-même, j'ai été trompé parce que tout convergeait vers la même personne et que la multitude de secrets ont fini par créer un brouillard si épais que l'on ne pouvait distinguer aucune vérité. Mais ce n'est pas de ta faute...  

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