14 ~ Qui se nourrit d'attente risque de mourir de faim (M. Blanchot)

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Soufflant d'agacement, Regina regarda la femme juchée sur des escarpins rouges quitter sa pièce. Une fois que la porte fut fermée, elle se laissa tomber dans son fauteuil imposant et attrapa une feuille qu'elle relut encore et encore comme si cela allait changer quelque chose. La trésorière lui avait ramené les exercices qu'elle avait rempli en constatant une erreur monumentale dans le budget de la ville. Regina avait donc dit qu'elle vérifierait elle-même les comptes, reconnaissant l'erreur commise. Par elle-même. La trésorière avait d'ailleurs semblé la croire sur parole puisqu'elle était partie sans broncher en lui demandant simplement de résoudre le problème et de lui déposer le tout dès que cela sera fait. En réalité, la quinquagénaire n'avait pas pris ombrage de cette faute de la part du maire puisque c'était sa première erreur depuis qu'elle était à son poste. Depuis douze ans. Aussi, elle ne put s'empêcher d'être compatissante, consciente que la Portoricaine devait être perturbée avec l'attitude difficile de son fils et l'arrivée récente de la mère biologique de celui-ci. 

Pourtant, Regina était certaine de n'avoir commis aucune erreur, justement parce que c'était elle-même qui avait déposé cet argent pour s'assurer qu'il n'y aurait plus jamais de détournement...
Craquant sa nuque, elle attrapa le téléphone fixe tout en ouvrant le tiroir pour récupérer son répertoire. Feuilletant les pages, elle tomba rapidement sur le numéro de Balthazar Picsou qu'elle composa immédiatement, désireuse d'avoir le fin mot de cette histoire. 

-Oui, bonjour, le maire Mills à l'appareil, pourriez-vous me passer monsieur Picsou, je vous prie. Réclama-t-elle avant d'entendre la secrétaire s'activer immédiatement pour passer la communication à son patron. Bonjour ... Justement, je vous appelle car il y a une erreur sur les déclarations budgétaires puisqu'une somme que je vous ai déposée n'y figure pas... 950 638$... Le 27 juillet... Pourtant, j'ai déposé cette somme moi-même pour éviter tout imprévu. Oui, bien sûr... Très bien, je vous ramènerais la quittance... Je ne sais pas, je ne fais pas attention à chaque personne à qui je parle et je ne pensais pas qu'il fallait que je me méfie de vos employés, Balthazar... Je vous en saurai gré ... S'il vous plaît oui, gardons cela pour nous... Bonne journée, Balthazar ... Conclut finalement la Portoricaine dans toute l'hypocrisie dont elle était capable, clairement agacée par la situation. 

Des mois qu'elle gérait elle-même tous les fonds budgétaires afin d'empêcher quiconque de voler plus la ville, mais jamais elle ne se serait doutée que les détournements pourraient avoir lieu après son dépôt à la banque. Toutefois, elle fut quand même rassurée en sachant que le banquier lui avait assuré en faire son affaire personnelle. Balthazar Picsou n'avait probablement rien de très enviable. Imbu de sa personne, grincheux et avare, il avait choisi le parfait métier. Foncièrement matérialiste, l'homme ne jurait que par l'argent et ne vivait que pour l'argent, s'octroyant parfois, quelques escapades charnelles avec de jeunes filles payées gracieusement. Mais malgré l'aspect rustre et sans classe de l'homme, la brune avait une parfaite confiance en le banquier. D'une part, parce qu'il était un très vieil ami de son défunt mari et qu'il l'avait toujours soutenu - étonnant d'autant plus Storybrooke lorsqu'il avait montré son soutien à cette jeune femme lors des premières élections au lieu de soutenir un homme, un vrai - et d'autre part, parce qu'elle savait que tant qu'il y trouverait un intérêt, elle aurait toujours sa fidélité et c'était une chose à laquelle elle s'acharnait depuis bien des années. 

Relisant à nouveau sa feuille, tentant d'y déceler un quelconque indice, elle fut surprise par l'ouverture impromptue de sa porte laissant apparaître une tignasse blonde immédiatement suivie par sa secrétaire qui semblait mortifiée, bafouillant des essais d'excuses affligeants avant d'être renvoyée par sa patronne, déjà agacée par l'apparition de la détective. 

-Miss Swan, ne vous ai-je pas déjà dit qu'on ne rentrait pas dans une pièce sans y être invité. Répliqua la mairesse d'un air las, en rassemblant ses feuilles qu'elle rangea dans sa serviette. 

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