42 ~ Mon précieux

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— Vous n'avez pas l'autorisation d'entrer, ici ! s'énerva Billie, abandonnant définitivement ses occupations futiles. Hey ! L'espèce d'abruti, il m'entend ? Soit vous foutez le camp d'ici, soit j'appelle la sécurité. 

L'homme balafré se contenta de lui faire une légère révérence avant de lui tourner définitivement le dos. Sans attendre, Billie bipa les deux chefs de sécurité de l'hôpital et les avertit qu'un homme s'était introduit dans les locaux. Grommelant, elle se réinstalla à son comptoir et grognant un peu plus en observant sa manucure toute fraîche qui ne ressemblait désormais plus à rien. Elle attrapa son dissolvant pour recommencer son travail, mais à nouveau, elle fut interrompue. Elle releva la tête et observa Monsieur Gold s'avancer vers les couloirs sans lui prêtait attention. Cette fois-ci, Billie ne tenta pas de l'arrêter. Son cerveau assembla rapidement les morceaux et elle s'empressa d'attraper son téléphone portable, renversant alors son pot de vernis qui étala sa couleur rouge sur le bureau. 

OoO

1957

À plat ventre sur le lit de sa mère, les pieds se balançant d'avant en arrière, Rumple Gold se passionnait de son livre sur les sciences que sa mère lui avait offert la veille. Il abandonna un peu de sa concentration lorsque sa mère revint dans la chambre, désormais vêtue d'une robe bleue au décolleté subtil, et s'installa devant sa coiffeuse. Rumple se décala un peu sur la gauche pour mieux l'observer. La femme fit rebondir ses boucles brunes pour s'assurer de la perfection de sa coiffure, puis elle attrapa son eye-liner qu'elle déposa délicatement contre ses cils avant de les habiller de son mascara. Elle appliqua une crème, puis deux sur son visage, puis vint le moment favori de Rumple. Il se redressa un plus tandis qu'elle attrapait son pinceau qu'elle tourna dans son pot. Aussitôt, de la poussière s'envola de la petite boîte et se mit à briller dans les airs, absorbant les reflets du soleil d'été. 

— Toi aussi, tu veux de la poussière de fée ? demanda la  femme aux yeux de biche. En souriant, elle transforma ses lèvres rouges en un cœur et de ce cœur, elle parvint à envoyer un peu de poussière de fée à son petit garçon. 

1959

Elisa Gold se leva discrètement de son lit, ignorant les horribles douleurs qu'elle ressentait dans son corps. Enfin debout, elle jeta un coup d'œil à son mari qui dormait encore à poing fermé au-dessus des draps jaunes, dans un caleçon et un marcel. Avec précaution, elle ouvrit la porte de sa chambre, descendit les escaliers sur la pointe des pieds et attrapa son manteau accroché dans l'entrée. Elle n'avait même pas pris le temps d'enfiler une tenue plus descente. Elle aurait tout le temps bientôt. Elle attrapa sa paire d'escarpins qu'elle enfila sur le porche et s'empressa de se rendre dans leur petit cabanon. Elle entra dedans, attrapa une petite valise en toile bleue et se dépêcha de sortir. Justement, elle entendit le bruit d'un moteur et son cœur tressauta de bonheur. 
Courant presque vers la petite voiture, elle se tourna une dernière fois vers cette maison qui avait été, jadis, son paradis. Les larmes et l'hésitation la submergèrent lorsqu'elle aperçut son petit garçon par la fenêtre. Pourtant, elle se contenta d'un signe de la main, puis elle grimpa dans la voiture, laissant derrière elle, la chair de sa chair et son bourreau. 

1960

Éberlué, Rumple resta assis dans la boue à observer ses mains. Les larmes lui montèrent aux yeux lorsqu'il songea qu'il aurait bien voulu être réconforté par sa mère. Elle lui manquait tant. Et il détestait ces enfants. Parfois, des pensées intrusives s'imposaient à lui et l'inquiétaient. Une envie de tordre le cou de Fynn Gilmore jusqu'à l'entendre craquer. Une envie d'attraper le couteau de son père et de marquer à vie ce sourire moqueur sur le visage de Nelly Harris. Une envie de pousser Lukes Hayes dans le lac et d'imiter son rire grinçant et stupide tandis qu'il se noierait...
Ses pensées lui faisaient peur, mais parfois, elles l'apaisaient. Il poussait un peu plus loin ses scénarios macabres et il avait alors l'impression de sortir vainqueur, pour une fois. 

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