17 ~ Un enterrement hypocrite vaut mieux qu'un enterrement solitaire...

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Soupirant discrètement, Emma s'enfonça un peu plus dans ses talons, comme si ses mains, dans ses poches arrières, la tiraient. Elle avait tenu à assister aux obsèques de Sidney Glass, consciente que ce serait probablement le meilleur moment pour en apprendre plus. Et elle devait bien avouer ne pas être déçue. 

Au bout de l'assemblée, la blonde se tenait aux côtés de David et Mary-Margaret, observant minutieusement chaque attitude de chaque personne. Et elle devait avouer que si elle trouvait la cérémonie particulièrement ennuyante -rien de plus normale lors d'un enterrement, elle la trouvait cependant très intéressante. La première chose qui l'avait frappé était le nombre de personnes présentes. Si la détective s'était doutée que nombre des habitants se seraient déplacés, elle n'avait cependant pas compris que pratiquement toute la ville serait présente. Pas après avoir appris que l'homme n'avait jamais hésité une seule fois à livrer quelques secrets ici et là dans son journal, brisant parfois ménage et/ou réputation. Pourtant, ils s'étaient tous déplacés. Probablement pour les apparences, cela dit.

 Un spectacle aux multiples performances. 

Justement, la blonde tourna à nouveau son regard vers Marianne Hood qui semblait être au bord du désespoir, agrippant fermement son mari qui la tenait dans ses bras, tandis qu'elle tentait de rester discrète en contenant ses sanglots. Évidemment, cette tentative fut vaine et il n'échappa pas à Emma que la brune s'était simplement lancée dans une prestation qui lui attirerait sûrement compassion et visibilité. Une chose que la jeune femme détestait plus que tout. En réalité, elle avait même toujours eu beaucoup de mal avec les personnes qui osaient -ou plutôt réussissaient- à s'ouvrir pleinement et faire transparaître leurs émotions aux autres, comme si aucune intimité n'existait. Néanmoins, si elle ne doutait pas qu'il n'y ait rien de mal à montrer ses émotions, elle doutait fortement de l'intérêt d'obliger toute personne à être témoin de ce genre de démonstration dont tout le monde se passerait bien. Roulant des yeux en observant son amie guère mieux, elle détourna son regard pour tomber sur un homme qui semblait n'être là que par pur principe. Il n'avait même pas fait l'effort de s'habiller en conséquence et portait visiblement ses vêtements de travails si elle s'en rapportait aux tâches de peintures et aux accrocs. Dans une moue, elle reporta à nouveau ses yeux émeraude sur une quinquagénaire blonde qui semblait bien plus intéressée par ce qui se passait sur son téléphone que par la cérémonie. Son mari -en tout cas, l'homme qui l'accompagnait- ne semblait pas plus intéressé tandis qu'il glissait de temps à autre un mot à son voisin qui ricanait et renchérissait de suite. 
Ce spectacle commençait à faire comprendre à Emma ce que Ruby avait voulu lui dire. Storybrooke est une ville de faux-semblants, méfie-toi. Effectivement, dans une petite ville comme celle-ci, la citadine aurait cru que la mort du journaliste aurait affecté bien plus de personnes, tout du moins que bien plus de personne aurait pris la peine de paraître chagrinée par cette disparition. Mais il semblait que chacun avait préféré se complaire dans ses jugements. 

Finalement, son regard fut attiré par un mouvement au premier rang. S'il y avait bien une personne qui l'étonnait toujours plus, c'était bien Regina Mills. Et si elle commençait à s'habituer à ne pas réussir à saisir qui pouvait bien être cette femme, elle devait bien avouer que ces trois derniers jours ne lui avaient absolument pas permis de comprendre la Portoricaine. Lorsqu'elle avait l'impression que la jeune femme était aussi froide que l'Enfer était chaud, elle semblait chaleureuse et lorsqu'elle percevait un peu de chaleur, d'humanité en la mairesse, celle-ci semblait aussitôt dénuée de toutes émotions. Emma avait l'impression d'être face à la personnification même du paradoxe... Et elle mentirait si elle disait que résoudre cette énigme supplémentaire ne la vivifiait pas. 

Justement, la détective observa la mairesse soutenir la mère du journaliste qui se dirigeait au côté de son défunt fils, pour un discours funèbre. L'Indienne débuta avec difficulté avant de succomber à des sanglots qu'elle ne semblait pas parvenir à contenir, ses mains tremblant frénétiquement. Elle tendit son morceau de papier chiffonné à la mairesse qui lutta pour ne pas refuser et ne pas lever les yeux au ciel. Toutefois, cette fois-ci, Emma était certaine que cet air détaché traduisait en réalité tout le contraire. 
Une fois la mère endeuillée rassise, la politicienne humidifia ses lèvres et lut l'éloge. N'écoutant pas un traître mot, Emma oublia un instant pourquoi elle était là pour contempler Regina. Droite, impassible, inébranlable dans cette robe noire aux manches à dentelles et au chapeau sur la tête. La politicienne n'avait rien à envier à personne, elle avait cette arrogance que tout le monde s'accordait à reconnaître. Elle semblait parfaite, totalement sous contrôle où rien ne dépassait. Son brushing parfait encadrait son visage dont les lèvres étaient peintes, comme toujours, d'un rouge vif rendant les lèvres plus charnues de la Portoricaine intensifiait cet air de femme fatale. 

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