38 ~ L'étreinte est savoureuse...

678 41 12
                                    

38 ~ L'étreinte est savoureuse. Mais elle peut laisser une morsure semblable à celle d'un serpent.

Exténuée, Ruby bailla à s'en décrocher la mâchoire, attrapa la cafetière et fit couler son café dans sa tasse. Fébrile, elle but une gorgée avant de grimacer. Trop fort. À la recherche de sucre, elle ouvrit un premier placard. Puis un deuxième. Un troisième...

— Qu'est-ce que tu fais ici, questionna une voix qui la fit sursauter.

— Merde, tu m'as fichu une de ses frousses. Je cherche du sucre.

— Ce n'est pas vraiment ma question, répondit Mary-Margaret en faisant le contour de l'îlot central et de lui tendre une boîte pleine de sucre.

Ruby attrapa la boîte, l'ouvrit, prit quatre sucres et la moitié d'un cinquième qu'elle fit tomber un à un dans sa tasse. Attendant que son excès de sucre fonde, elle observa la brune qui sembla bien plus exténuée qu'elle. Extrêmement pâle, légèrement pliée, Mary-Margaret faisait couler de l'eau dans une théière. Avec un geste lent, elle mit l'eau à bouillir.

— Tu as besoin d'aide ?

— Non, je me débrouille, répondit l'institutrice, presque essoufflée. Qu'est-ce que tu fais là ?

— J'ai passé une nuit affreuse et je n'avais aucune envie de rentrer chez moi et voir Granny. Donc, j'ai décidé de revenir ici.

— Mmh, ce ne doit pas être simple à vivre. Enfin, de se rendre compte que tu t'es trompé sur toute la ligne depuis le début.

— Tu m'accuses de quelque chose ?

— Non, soupira Mary-Margaret en se déplaçant vers la bouilloire qui venait de sonner, indiquant que l'eau était chaude.

— Attends, laisse. Je vais le faire, t'as l'air d'à peine tenir sur tes jambes, se dépêcha Ruby. En fait, je suis un peu paumé. Je refusais de vraiment croire à ce que Regina m'avait raconté, mais avec ce que j'ai vu cette nuit... Elle ne ment pas, pas vrai ? questionna Ruby.

Le regard presque suppliant, elle connaissait parfaitement la réponse. Mary-Margaret savait également que les doutes chez Ruby avaient totalement été dissipés. Mais la confiance est parfois terriblement difficile à briser et l'on a tendance à se raccrocher, même au dernier fil qui retient la toile. Il suffit juste d'un coup de main pour se rendre compte que notre confiance avait été donnée à la mauvaise personne. Une aide qui couperait le dernier fil. Mary-Margaret savait qu'elle était cette aide.

— Elle n'a jamais menti. Sauf lorsqu'elle feint que l'hostilité que vous avez l'une envers l'autre ne l'atteint pas. C'est faux. Je le sais et je le vois.

— Je lui en veux un peu de n'avoir jamais tenté de s'expliquer.

— Elle a tenté de s'expliquer.

— Je sais et c'est ce qui fait que je m'en veux aussi. Putain, toute cette histoire est juste impensable, rit nerveusement la serveuse en s'affalant contre le comptoir. Je pensais que ma meilleure amie m'avait renié et abandonné au profit d'une vie plus classe alors qu'elle a visiblement vécu les pires choses de sa vie. Cette nuit... elle avait l'air si brisée que... Et y a Graham. Je le crois timide et innocent et je découvre qu'il est manipulé par cette raclure de Gold. Je croyais que lui faire avouer tout ça allait être quelque chose de bien, mais j'ai l'impression de l'avoir brisé. Et réparé ? J'ai l'impression qu'il est plus serein, plus léger et en même temps, qu'il bataille sans cesse. Et ça me fait un peu peur tout ça. Et puis, pour ne rien arranger, j'apprends que ma grand-mère est de mèche avec l'homme qui a brisé celle que je considérais comme ma sœur et l'homme que j'aime. L'homme que j'aime... murmura Ruby comme si elle venait de se rendre compte de quelque chose de terriblement important. Mais je n'ai pas voulu y croire. Qui peut croire ça ? J'ai l'impression de devenir folle. J'ai trop d'informations, mais pas assez de réponses. J'ai trop de questions, mais je n'ai aucune idée de laquelle serait la bonne. Et parce que les choses ne sont pas suffisamment glauques, j'ai suivi Emma et Regina dans une baraque tout aussi glauque que cette histoire où on a trouvé un gamin limite catatonique parce qu'on lui avait coupé trois doigts et où Regina a fait une crise d'angoisse comme j'en avais jamais vu. J'avais l'impression qu'elle était possédée. Et maintenant ... Et maintenant, soupira Ruby, vaincue.

RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant