7 ~ À tout seigneur, tout honneur

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Se gargarisant une dernière fois la gorge, Emma cracha le liquide incolore dans le lavabo, toujours essoufflée. Elle ouvrit à nouveau le robinet et amena l'eau à son visage, soupirant en sentant la fraîcheur calmant instantanément son corps bouillonnant d'angoisses. Rabaissant ses mains, elle soupira en avisant son reflet fatigué et ses yeux rouges. Raclant à nouveau sa gorge comme pour faire partir cette sensation désagréable, elle décida d'aller prendre sa douche afin de se réveiller et soulager son corps. Une dizaine de minutes plus tard, elle sortit de la salle de bain, serviette nouée autour de son buste, et se dirigea vers son placard pour s'habiller. Décidant d'aller courir un peu, elle opta pour un jogging serré noir et son pull en laine avec une capuche. Attrapant son téléphone, elle envoya un message à sa fille pour lui dire qu'elle était partie courir. Puis, elle sortit de la chambre sans faire de bruit et enfin du restaurant totalement vide. Rien d'étonnant, néanmoins, lorsqu'il n'est que cinq heures du matin. 
Emma s'était réveillée à la suite d'un cauchemar qui l'avait complètement décontenancé. Tellement, qu'une fois qu'elle avait réussi à se rendre compte que ce n'était qu'une illusion affreuse, une envie irrépressible d'expulser le monstre de sa nuit s'était fait naître. Maladroitement, elle avait sauté de son lit et s'était jetée au pied des toilettes, vidant le contenu de son estomac. Elle avait tenté de se faire la plus discrète possible, mais elle n'avait pu retenir les râles de désespoir qui s'étaient échappées de sa gorge. Et elle avait bien mis quarante minutes avant de se calmer et de pouvoir se relever. Elle avait d'ailleurs été ravie de constater qu'Héloïse ne s'était pas - même partiellement - réveillée. Lui évitant par la même occasion d'être gêné face à sa fille et de se sentir obligé de lui procurer des explications. Mais heureusement pour elle, sa fille était une vraie dormeuse, et même la fin du monde ne la réveillerait pas. Pour le plus grand bonheur d'Emma qui était victime de son sombre passé pour la troisième fois depuis qu'elles étaient là. 

Relevant ses manches, la Bostonienne fut ravie de se sentir un air plus doux que les précédents jours. Mettant ses écouteurs dans ses oreilles, elle alluma sa musique et se mit à courir au même rythme que la musique classique qui défilait avec folie dans ses oreilles, lui donnant la sensation d'avoir son adrénaline propulsée et d'être invincible.
Parcourant la ville, elle releva que si celle-ci avait déjà un air lugubre lorsqu'elle était éveillée, c'était encore pire lorsqu'elle était éteinte. Les maisons ternes, l'immense horloge noire parfaitement au milieu de la chaussée, et les rues totalement désertes connotaient un air angoissant et d'horreur. Riant à son imagination visiblement débordante, Emma descendit les six petites marches en bois pour atterrir sur la plage ensablée rendant sa course plus difficile, mais bien plus épuisante et c'est tout ce qu'elle recherchait. Se trouvant à apprécier plus que de raison courir au bord de l'eau, Emma décida de poursuivre sa course sur la plage. Sept kilomètres plus tard, essoufflée, elle s'arrêta face au soleil qui surplombait légèrement la mer bleu foncé. Appelé par l'ensorcelante profondeur bleue, Emma retira ses baskets et avançant dans l'eau, savourant le brutal frisson qui la parcouru en sentant l'eau glaciale se choir contre sa peau. Soupirant d'aise, la jeune femme se mit à marcher en chemin inverse, les pieds toujours dans l'eau, à la même allure que celle du soleil qui s'étirait doucement jusqu'au ciel.
En haut des marches, elle nettoya rapidement ses pieds et renfila ses chaussettes, appréciant la sensation de brûlure qui réchauffa ses pieds gelés et renfila sa paire de baskets rouge, décidant de se remettre à courir pour les derniers kilomètres. Passant devant ce qui semblait être une fleuristerie, son regard fut toutefois attiré par une voiture noire qui se garait. Reconnaissant là, la Mercedes du maire de la ville, la détective ralentit distinctement le pas, se demandant ce que pouvait bien faire la maire à cette heure-ci. Comme de fait, elle la vit sortir en même temps qu'un homme qu'elle reconnut immédiatement comme étant le shérif de la ville. Madame Mills fit le tour de sa voiture et discuta visiblement avec l'homme avant de faire demi-tour. Seulement, celui-ci rattrapa sa main pour attirer la brune au plus près de lui et lui dire une dernière chose qui semblait amuser la mairesse qui, pour clôturer cette étrange conversation, embrassa l'homme sur la joue avant de repartir vers sa vieille voiture, souriante. 

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